Tunisie : Troubles de la mémoire, oublis…quand s’en inquiéter ?

25-03-2022

Qui n’a pas été un jour confronté à des petits déficits de la mémoire, quand on s’est couché tard, par manque de concentration, à cause  du stress et des pressions de la vie, ou encore de la fatigue…

Ces petits oublis sont-ils bénins ou pathologiques ? Faut-il s’inquiéter quand des informations s’estompent de notre mémoire, ou en cas de difficulté de se rappeler d’un rendez-vous récent, d’une discussion survenue durant les dernières 24h ? Sont-ils des signes d’Alzheimer qu’on devrait prendre au sérieux ?

En effet, le fait que cette maladie soit très répandue à travers le monde (7.7 millions de malades d’Alzheimer), incitent de plus en plus les patients à consulter d’une manière précoce, pour un test de la mémoire.

D’après Dr. Maha Ben Moallem Hachicha, médecin généraliste spécialisée en gériatrie,  et membre de l’association des gériatres du Grand Tunis (AGGT), l’augmentation de l’espérance de vie, est derrière la forte hausse de cette maladie dégénérative qui se manifeste par la démence, et engendre la perte d’autonomie, comme l’incapacité de manger seul ou de s’occuper de son hygiène.

Selon des études publiées par l’OMS, chaque seconde, trois personnes se font consulter pour Alzheimer. 58% des malades se trouvent dans les pays à faible revenu. En Tunisie, les études ont montré l’existence de 40 000 malades d’Alzheimer, en 2015. Ce chiffre va tripler en 2050, selon la même source.

Dr. Maha Ben Moallem Hachicha, médecin généraliste spécialisée en gériatrie
Dr. Maha Ben Moallem Hachicha, médecin généraliste spécialisée en gériatrie

Différences entre l’oubli bénin et pathologique

« Les malades d’Alzheimer souffrent de lésions cérébrales au niveau du cerveau. Il s’agit d’une maladie organique. L’âge y est un facteur de risque, et les symptômes de cette maladie se manifestent à partir de 65 ans. En effet, cette maladie touche 5% de la population âgée de 65 à 75 ans, 10% des personnes âgées de 75 à 85 ans, et 20% des plus de 85 ans.

C’est ce que nous a expliqué Dr.Hatem Briki, gériatre et membre de l’association Alzheimer Tunisie, dans un entretien accordé à Gnetnews, soulignant que chez les malades d’Alzheimer, la mémoire est désormais incapable d’enregistrer une information récente, qui lui a été adressée avant un très court laps de de temps.

 Les personnes atteintes d’Alzheimer oublient par exemple qu’ils ont mangé, ou qu’ils ont vu quelqu’un, répètent la même question à maintes reprises, car ils oublient vite les réponses, ils ne reconnaissent plus leurs proches, et peuvent manifester une désorientation dans le temps et l’espace. En revanche, ces derniers ont des souvenirs épisodiques et lointains, de l’enfance, ou qui remontent à des décennies…Les personnes atteintes de cette maladie peuvent manifester aussi des troubles du comportement dans les cas les plus sévères, comme la colère, l’excitation et les hallucinations, accompagnés de la faiblesse du corps, anorexie, et l’alitement, ajoute le médecin.

Dans ces cas de troubles de la mémoire, il faut vraisemblablement consulter, recommande Dr.Briki.

Par contre si le patient a des oublis non pathologiques, comme le fait d’oublier ses clés, où il a garé la voiture…Cela relève généralement d’un manque de concentration dans la plupart des cas, ou du fait de penser à beaucoup de choses à la fois, notamment chez les personnes de moins de 60 ans, précise-t-il.

« Les troubles de la mémoire peuvent aussi avoir d’autres origines, comme les AVC, l’hypertension artérielle, le diabète, les kystes au cerveau, syphilis…Ils sont aussi fréquents dans les cas de troubles psychologiques, chez les dépressifs, les malades psychotiques, en cas d’anxiété, ou de stress ».

Dr.Hatem Briki, gériatre et membre de l'association Alzheimer Tunisie
Dr.Hatem Briki, gériatre et membre de l’association Alzheimer Tunisie

Comment préserver sa mémoire ?

D’après Dr.Briki, les personnes qui exercent un travail intellectuel sont les mieux protégées contre cette maladie dégénérative. Le niveau d’éducation est aussi un facteur de risque.

L’isolement social est aussi parmi les causes des troubles de la mémoire. Les personnes solitaires, qui vivent en retrait, qui n’ont pas de liens avec les autres, et qui ne sont pas actives socialement, sont plus exposées à la maladie. Sans oublier aussi, l’importance de l’hygiène de vie et de l’activité sportive, conclut-il.

Emna Bhira