Tunisie : Un collectif de 56 jeunes se créé sur les craintes et les espoirs, et se veut une force de proposition pour Kaïs Saïed

Intégrer la jeunesse dans la future stratégie promise par Kaïs Saïed… C’est l’ambition du mouvement Youth 4 Democracy. Il s’agit d’un collectif de 56 jeunes tunisiens qui veulent faire valoir leur droits.
Réunis ce mardi à Tunis pour une conférence de presse, ils ont présenté leur vision pour la jeunesse tunisienne ainsi que les demandes qu’ils feront parvenir au président de la république en vue l’élaboration de la feuille de route.
« Les jeunes ne sont pas assez mis en valeur dans notre pays. C’est pour cela qu’ils sont de plus en plus nombreux à se désintéresser de la vie politique », souligne Yassine Fathalli, membre de Youth 4 Democracy et également président de l’Association des jeunes de la ville de Sidi Hassine.
Ces jeunes veulent, néanmoins, garder espoir, notamment depuis les mesures exceptionnelles prises par le chef de l’Etat, le 25 juillet dernier. Pour eux, il s’agit là de l’ouverture sur une nouvelle ère politique dans laquelle ils doivent avoir leur place.
« Kaïs Saïed a été élu avec les voix de la jeunesse. Il n’a cessé de répéter qu’ils doivent faire partie intégrante du développement de la Tunisie… mais jusqu’à présent nous n’avons pas vu grand chose se réaliser pour cette frange de la population », explique Fathalli.
Une situation floue qui exige clarification
Le mouvement indique, par ailleurs, que la situation politique actuelle est beaucoup trop floue et exige une clarification. « Le fait que le président ait prolongé les mesures exceptionnelles ne nous rassure pas quant à la suite… », déplore Wessim Ben Messaoud, également membre de Youth 4 Democracy.
Depuis la révolution, aucun parti politique n’a fait de réelles propositions en faveur de la jeunesse du pays. « Le chômage et la misère frappe de plein fouet les jeunes et rien n’est fait pour les encourager à créer leur propre entreprise ou à s’impliquer davantage dans leurs études », a-t-il souligné.
Les jeunes activistes font porter la responsabilité de l’échec économique et social de la Tunisie aux partis politiques en responsabilité depuis 2011. « ce qui s’est passé le 25 juillet est historique…. C’est une opportunité pour la Tunisie de sortir de la tourmente et d’entamer une ère nouvelle et d’entendre la voix de la jeunesse ».
Cependant, ils affichent certaines craintes quant à un retour du régime dictatorial. « Il y a quelques signes positifs envoyés par la présidence de la république. Mais nous devons rester vigilants car ces derniers temps nous avons pu assister à des atteintes aux droits et aux libertés ». Yassine et Wessim font notamment référence aux récentes manifestations, notamment celles des journalistes qui ont été victimes de violences policières. Ils fustigent également le fait que le président Kaïs Saïed ait prolongé les mesures exceptionnelles qui lui octroient les pleins pouvoirs.
Afin de concrétiser leurs souhaits, le collectif a décidé de proposer au chef de l’Etat des doléances qu’ils souhaiteraient voir prises en compte dans sa feuille de route, promise depuis déjà plus d’un mois :
La formation d’un gouvernement de compétences nationales apolitiques, versé essentiellement dans le domaine économique, afin de sortir la Tunisie de la crise.
Une révision de la loi électorale
L’organisation d’élections législatives anticipées dans une année au maximum, considérant que l’actuel parlement est dans l’incapacité de continuer ses travaux.
Un retour à la normale des institutions de l’Etat dans les plus brefs délais.
Youth 4 Democracy lance un appel à tous les jeunes tunisiens, aspirant à des changements, à le rejoindre afin de faire valoir les principes de démocratie. Ses membres affirment que leur mouvement demeure loin des partis politiques et de tout autre organisation étrangère.
Ces jeunes espèrent, enfin, pouvoir être invités au Palais de Carthage pour faire part de leurs propositions au président de la république.
Wissal Ayadi