Tunisie : Un été pas comme les autres et des vacances gâchées ; les conseils d’un psychothérapeute

03-08-2021

L’été 2021 n’aura définitivement pas été comme les autres. C’est durant cette période estivale, habituellement placée sous le signe des vacances et de la joie, que la Tunisie a été touchée de plein fouet par la quatrième vague de coronavirus.

Ainsi, de nombreux Tunisiens ont été contraints de chambouler leurs programmes en les reportant, voire en les annulant.

La lueur d’espoir vient d’apparaître en ce début de mois d’août avec notamment l’allègement du couvre-feu qui passe de 19h à 22h.

Comment les Tunisiens ont-ils donc prévu de passer leurs vacances ? Y ont-ils renoncé ou les ont-ils reportées ? Nous leur avons posé ces questions, tout en tentant d’analyser l’impact de la pandémie sur leur moral. Anas Laouini, psychothérapeute,  nous donne quelques conseils.

Des vacances impactées par la Crise sanitaire

Chaque été est attendu comme le moment le plus important de l’année. Certains n’hésitent pas à accumuler leurs jours de congé afin d’en profiter au maximum entre juillet et août.

Si l’été 2020 n’a pas vraiment subi les conséquences de la crise sanitaire, 2021, lui est en plein dedans. L’annonce en juin dernier de confinements dans plusieurs régions du pays et tous les week-end de juillet dans le Grand-Tunis, outre des températures extrêmes, atteignant les 45 degrés, ont fait vivre un véritable enfer aux Tunisiens.

C’est le cas de Nissar. Cette maman de 2 enfants, habitant l’Ariana, avait prévu un séjour à l’hôtel pour la fin de mois de juillet. Elle a finalement renoncé. « J’ai annulé car j’ai vraiment eu peur du coronavirus, nous étions en plein dans le pic », nous dit-elle.

Elle a fini par acheter une piscine gonflable, mais qui n’a pas fait long feu. « J’ai fait tous les magasins afin de trouver une piscine gonflable mais ils étaient tous en rupture de stock. J’en ai pris une à bas prix qui duré 3 jours », ajoute-t-elle.

Si les adultes peuvent supporter l’enfermement à la maison et le manque d’activités, les enfants de Nissar eux n’ont pas résister. « Avec les confinements du week-end, nous étions au bord de la crise nerfs ». La maman a donc décidé de réserver une seconde fois dans un hôtel pour la mi-août.

Nous avons également rencontré Eya, maman d’un petit garçon de 5 ans. Elle bénéficie chaque été de deux semaines de congé. Passionnée de voyage, elle n’a pas pu prendre l’avion depuis le début de la pandémie. Elle a profité de cette petite accalmie épidémique pour s’offrir un séjour d’une semaine en Turquie. « Je n’en pouvais plus de l’ambiance qu’il règne en Tunisie. J’ai choisi la Turquie car c’est la destination la plus accessible pour le moment. Pas de visa, seul un test PCR négatif est demandé à l’entrée dans le pays et ce n’est pas cher », explique-t-elle.

Pour d’autres, l’expérience à l’hôtel a été une véritable déception. Khaoula et Walid son mariés, ils ont tenté l’aventure pendant le mois de juillet, malgré la crise sanitaire. Avec leur deux filles, ils ont donc réservé un séjour de 3 nuits dans la ville de Mahdia. Arrivés sur place, le couple s’est rendu compte que le protocole sanitaire n’était pas du tout respecté et que l’établissement grouillait de monde. Ainsi, ils ont écourté leurs vacances et sont rentrés à Tunis au bout de 2 jours. « Pour la deuxième semaine d’août, nous avons loué un appartement dans une résidence munie de 5 piscines, de restaurants et de lieux de loisirs. Tout cela dans le même complexe. Je trouve que c’est beaucoup plus sécurisant qu’un hôtel », indique Khaoula.

Quelques conseils…

Comme en témoigne le récit ci-dessus, l’ambiance n’est pas trop à la fête pour cet été 2021. Afin d’en savoir plus sur les conséquences de la pandémie sur le moral de Tunisiens en cette période estivale, nous avons fais appel Anas Laouini, psychothérapeute à Tunis. « Chacun de nous a un équilibre émotionnel qui est régi par des activités et des comportements de plaisir et d’espoir », explique-t-il. En effet, toute l’année les travailleurs attendent avec impatience les vacances pour profiter des congés. Mais cette année, la climat pesant, les restrictions sanitaires, la hausse de l’épidémie ont provoqué chez eux une déception ce qui a eu des conséquence sur le fameux équilibre émotionnel. « Cela peut provoquer notamment une baisse d’énergie dans la vie de tous les jours et au travail », ajoute le spécialiste.

Anas Laouini / Psychothérapeute

Il précise également que les plus fragiles peuvent tomber dans une dépression. Certains, nous indique M. Laouini, ont développé avec la pandémie le syndrome de la thanatophobie, qui consiste a avoir peur de la mort et de la maladie grave. « Ces derniers ont développé dans certains cas des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) liés au ménage et à la propreté », ajoute le psychothérapeute.

Afin d’éviter ces pathologies qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur le bien être de l’humain, Anas Laouini se base sur les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. « Il faut sortir et ne pas rester enfermé à la maison. Essayez de trouver des endroits calmes, loin de la foule tout en respectant les gestes barrières. Si vous ne pouvez pas vous déplacer d’une ville à l’autre ce n’est pas grave. Sortez faire un tour, même à pied dans votre quartier », conseille le spécialiste.

Autre recommandation, celle de ne pas enfermer les enfants, notamment ceux en bas âge, qui ne sont pas encore capables de manipuler les réseaux sociaux afin de rester connectés avec d’autres personnes. Laouini conseille également de faire attention aux addictions, comme le tabac, l’alcool ou les drogues douces. « Le manque d’activités et l’enfermement peuvent conduire à une augmentation importante de leur consommation ».

« C’est l’espoir qui nous donne de l’énergie et toujours se dire que cette pandémie aura forcément une fin et une issue », conclut-il.

Wissal Ayadi