Tunisie : Une convention sans précédent pour garantir les droits des journalistes

23-01-2019

ne convention collective des journalistes tunisiens a été signée ce mercredi 09 janvier au siège de la présidence du gouvernement, entre le président du SNJT, Néji Bghouri, et le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, en présence des représentants des structures professionnelles. Révolutionnaire pour une profession longtemps marginalisée et souffrant de conditions de travail précaire, la convention apporte des acquis moraux, professionnels et matériels pour les journalistes, jamais connus dans l’histoire de la presse tunisienne. Suite à cette signature, le SNJT a annoncé l’annulation de la grève, décidée pour le 14 janvier prochain.

La convention est constituée de 36 clauses garantissant les droits des journalistes, à l’instar des contrats, du salaire minimum, de la promotion, des congés, des heures de travail, etc.

La convention, dont le texte intégral a été publié sur les site du SNJT, organise les relations de travail entre les journalistes professionnels et les entreprises qui les emploient. Elle s’applique aux entreprises de presse écrite, électronique audiovisuelle, les agences de presse, et d’édition qu’elles soient publiques, privées ou associatives sur l’ensemble du territoire national.

Est considéré comme journaliste professionnel, dans l’esprit de cette convention, toute personne physique dont le journalisme est la principale source de revenu et qui offre ses services d’une manière régulière ou non, à une ou plusieurs entreprises, y compris le journaliste indépendant. Son travail porte sur la préparation de la matière journalistique, la rédaction, la contribution à la rédaction, les correspondances, outre les photographes et cameramen.

En vertu de cette convention, le journaliste perçoit un salaire brut non moins de 1400 dinars/ mois et bénéficie également de privilèges et indemnités complétant ce salaire de base. Le journaliste avance d’un grade à un autre d’une manière systématique tous les ans, et obtient, d’une manière tacite, un échelon supérieur tous les trois ans. Une promotion lui est accordée d’une catégorie professionnelle à une autre supérieure, d’une manière systématique après une ancienneté de quatre ans.

Le nombre d’heures de travail est de quarante heures par semaine, auxquelles s’ajoutent les heures d’aller et de retour pour les journalistes chargés de missions à l’extérieur. Les heures travaillées en dessus de ces horaires, sont considérées comme étant des heures supplémentaires payées en fonction de la législation en vigueur. Le paiement des heures supplémentaires est déterminé, d’une manière forfaitaire, ou en accord avec l’entreprise en question.

Les journalistes qui travaillent pendant les séances nocturnes bénéficient d’une majoration de salaires de 25 % du salaire de base. Le journaliste bénéficie d’un repos d’un ou deux jours par semaine, selon la répartition des heures de travail hebdomadaires. Il bénéficie d’un congé annuel de 30 jours, auxquels s’ajoute une semaine lorsque l’ancienneté dépasse dix ans ou plus.

Les journalistes bénéficient, par ailleurs, d’un congé spécial pour des raisons familiales, 15 jours au moins, où il perçoit l’intégralité de son salaire.

La femme journaliste bénéficie, en cas de grossesse, de 14 semaines, y compris six semaines après l’accouchement, et deux heures d’allaitement pendant une année. Un congé supplémentaire lui est accordé, en cas de complications.

Si le journaliste est obligé d’exercer son activité professionnelle pendant les jours fériés, il bénéficie d’une augmentation de 100 % de son salaire de base, ou bien d’une récupération de deux jours, (pour un seul jour travaillé).

En cas de tout changement substantiel de la ligne éditoriale, le journaliste peut mettre un terme à son contrat avec l’entreprise de presse, sans préavis, tout en bénéficiant d’une indemnité qui n’est pas moins de celle du licenciement abusif.

Le journaliste doit obligatoirement bénéficier d’une promotion exceptionnelle trois ans avant l’âge de la retraite pour ceux qui sont soumis au régime de la CNRPS et dix ans avant l’âge de la retraite, pour ceux qui sont soumis au régime de la CNSS.

L’application de cette convention ne doit, en aucun cas, attenter aux autres privilèges et acquis dont bénéficient les journalistes en vertu d’autres textes et accords. En cas de contradiction, ce sont les dispositions les plus avantageuses pour les journalistes qui sont appliquées.

Ce faisant, le journaliste est tenu de respecter la déontologie du métier, et ne peut être soumis à un questionnement disciplinaire, sous quelque forme que ce soit, pour ses croyances ou l’exercice de sa liberté de pensée et d’expression, conformément à la loi et aux principes de l’Etat démocratique et civil. Si le journaliste commet des actes pouvant être considérés comme des fautes graves, il ne peut être questionné par l’entreprise sans aviser le syndicat, devant être consulté sur les mesures à prendre à son sujet.

Le journaliste professionnel accomplit son travail d’une façon exclusive pour l’entreprise qui l’emploie. Il ne peut exercer aucune autre activité journalistique d’une manière permanente, temporaire et même à titre bénévole, sans autorisation préalable de son employeur.

Le président du SNJT, Néji Bghouri, a déclaré que le but de cette convention est d’instaurer un paysage médiatique indépendant, fort, qui préserve les droits des journalistes et institue une presse de qualité respectant la déontologie du métier.

Cette convention vise à instaurer un climat politique et professionnel approprié afin que le journaliste puisse s’acquitter de sa mission, a renchéri le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi.

La convention entrera en vigueur à compter de la date de sa publication au Journal Officiel.


Gnet