Une ligne sous-marine pour l’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie

24-09-2019

La deuxième édition du Forum de la Mer s’est tenu à Bizerte le week-end dernier. Cet évènement se veut être incontournable pour le secteur de l’économie bleue au niveau euro-méditerranéen mais aussi mondial. Organisée par le gouvernement tunisien en partenariat avec l’Union pour la Méditerranée et l’Union européenne, cette rencontre a rassemblé de nombreux acteurs du monde de la mer.

Ce forum vise à présenter chaque année les grands projets à l’échelle méditerranéenne et internationale. Il permet également aux acteurs locaux de trouver des financements pour des initiatives portées en Tunisie par des villes côtières ou des associations.

Depuis la première édition en 2018, le Forum de la Mer a permis la création en Tunisie d’un secrétariat général à la mer ainsi qu’un Cluster Maritime regroupant une vingtaine d’entreprises travaillant dans l’économie maritime.

La question maritime tient une place importante en Tunisie. En effet, le pays dispose de 1400km de côtes abritant plus de 8 millions de personnes et accueille tout autant de touristes chaque année. La question de l’érosion du littoral est un vrai problème. Présent pour l’occasion, Mokhtar Hammami, ministre de l’Environnement et des Affaire locales explique que « l’érosion du littoral concerne environ 350 km de côtes. Durant les trois dernières années, nous n’avons pu travailler que sur 26km pour une enveloppe de 93 millions de dinars. Donc si nous faisons des calculs, à ce rythme, il va nous falloir 40 ans et 1000 millions de dinars pour traiter les 350km. L’Etat tunisien ne peut pas tout prendre en charge seule. Il doit faire des partenariats avec des pays étrangers avoir recours aux partenariats public/privé Â».

Le littoral de la Tunisie est très endommagé… La bétonisation, le tourisme de masse et la pollution industrielle en sont les trois principales causes. Pour essayer de résoudre ce problème environnemental dramatique, le ministère de l’environnement travaille sur un vaste programme de réhabilitation des réseaux d’assainissement et la création de plusieurs stations d’épuration. « Il n’est plus question que les eaux usées soient déversées dans la mer et les oueds. Nous devons penser au concept de valorisation des déchets. Certes, cela coûte cher, mais c’est le prix à payer, si nous voulions éviter une catastrophe environnementale Â», affirme le ministre. Il a également ajouté que « les solutions existent, mais il faut de la volonté politique, de l’investissement, et il faut aussi le soutien des associations, de la société civile et de tous les Tunisiens Â».

Energies renouvelables
Lors de ce forum, quatre ateliers de travail ont été organisés. Celui sur les projets de l’économie bleue a été animé par Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME. Il a ainsi évoqué le projet d’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie. Ce projet consiste en la mise en place d’une ligne sous-marine de 192km qui permettra l’approvisionnement en électricité entre les deux pays. Coût estimé de ce mégaprojet, 160 millions d’euros. Il s’inscrit dans la volonté de développer l’économie autour des énergies renouvelables.

Ainsi, à l’horizon 2030, l’Etat prévoit une production de 30% d’électricité à partir des énergies renouvelables.
Slim Feriani a également souligné l’importance pour les entreprises de préserver l’environnement. « Nous mettons tout en Å“uvre avec le ministère de l’environnement afin que le principe de pollueur/payeur soit respecté Â», explique-t-il.

La Tunisie dispose d’un fort potentiel économique maritime. Transport et commerce maritime, pêche et aquaculture, énergies, tourisme côtier, activités culturelles, nautiques et sportives… autant d’atouts qui peuvent faire de la Tunisie un véritable « hub Â» pour l’économie bleue au niveau de la région euro-méditerranéenne. Toutefois, pour atteindre ces objectifs, le pays doit faire face à de nombreux défis. Le patrimoine naturel de la Tunisie reste menacé par les effets du changement climatique, les graves pollutions industrielles, l’urbanisation anarchique et surtout l’incivilité.

Wissal Ayadi