TuMed: Les ambassadrices de l’éducation civique harcelées pendant leur campagne de sensibilisation aux élections

27-11-2019

« Les femmes dans le milieu rural : entre la volonté d’apporter un changement et les défis de la réalité, durant les élections présidentielle et législatives 2019 ».

 Telle était le thème de la conférence de presse organisée par l’ONG TuMed (Centre Tunisien Méditerranéen), tenue ce jeudi à Tunis.

Durant cette rencontre, il y a eu la publication du compte rendu des « ambassadrices de l’éducation civique », sur les difficultés auxquelles elles ont été confrontées, durant la réalisation d’un projet consacré à la sensibilisation des femmes analphabètes aux élections.

Il s’agit d’un programme élaboré par le TuMed, en collaboration avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui vise à renforcer la participation des femmes des zones rurales et transfrontalières aux dernières élections présidentielles et législatives.

Le nombre des ambassadrices qui ont été formées pour mener la campagne de sensibilisation s’élève à 147 femmes habitants dans des régions intérieures de la Tunisie.

Il y a eu aussi l’intégration de 23 assistantes, venues de 6 gouvernorats : Tataouine, Medenine, Gafsa, Béja, Jendouba, et Siliana, pour participer à leur tour à ce projet.

Ces participantes avaient pour mission de sensibiliser une population de 51 733  femmes mais aussi hommes, vivant dans les zones les plus reculées de 12 gouvernorats : Jendouba, Siliana, Béja, Kairouan, Sidi Bouzid, Kassrine, Gafsa, Tozeur, Kebili, Gabes, Medenine, et Tataouine.

Les premières cibles de cette campagne, sont les femmes analphabètes, âgées entre 30 et 50 ans. Soit 12853 cibles durant les législatives, et 6444 durant la présidentielle.

Les freins et les obstacles à la participation des femmes rurales dans le processus électoral

Durant cette conférence, les ambassadrices de l’éducation civique disent avoir subi des pressions de la part de leurs familles, pour renoncer à ce projet, surtout qu’il consiste à communiquer avec des hommes.

D’autres assistantes ont révélé qu’elles ont reçu des menaces de divorce de la part de leurs conjoints mais aussi des menaces de leurs enfants, pour les dissuader.

D’après le rapport, les observatrices de TuMed, ont même été insultées. Certaines ont même été victimes de harcèlement sexuel.

TuMed a affirmé que plusieurs participantes ont défié leur entourage, pour pouvoir mener à bien leurs missions.

L’étude a aussi démontré, que la précarité, l’analphabétisme, et le manque de confiance en soi, sont ancrés chez les femmes rurales. « Généralement leurs pères et maris, interviennent dans leurs choix de vote. Et dans certains cas, ils les ont empêchés d’aller voter », décrit cette même étude.

Par ailleurs, TuMed a signalé que la campagne de sensibilisation dans les zones intérieures, menée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), n’a pas atteint plusieurs zones des 12 gouvernorats concernés.

« Certaines électrices n’étaient pas au courant du changement des dates concernant la présidentielle anticipée, ce qui explique leur absence le jour du scrutin. D’autres, qui ont parcouru de longues distances pour se rendre dans les  bureaux de vote, n’ont pas su comment se soumettre au processus électoral en raison de l’absence de membres de l’ISIE pour les assister… Elles sont donc rentrées chez elles, sans pouvoir voter ».

Emna Bhira