La grogne des agriculteurs, c’est à faire rougir les politiques ! (Vidéo)

25-12-2019

Des centaines d’agriculteurs se sont réunis devant le ministère de l’Agriculture à Tunis pour crier leur colère. Venus des quatre coins du pays, ils ont répondu à l’appel de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP). Si à la base les revendications portaient essentiellement sur le secteur de l’huile d’olive, ce sont des agriculteurs de tous les secteurs qui sont venus crier leur désespoir face à la précarisation de plus en plus grande de nombreux professionnels. 

Les agriculteurs tunisiens n’en peuvent plus…. ils étouffent. Fatigue, pressions, stress, auxquels viennent s’ajouter les difficultés de remboursement de leurs crédits bancaire et un ministère qui ne fait rien pour les aider. Alors ils sont venus ce matin le crier haut et fort. Les oléiculteurs sont en tête de la contestation. En ce début de saison des olives, ils dénoncent la baisse des prix d’achat de l’or vert. En effet, le ministre de l’Agriculture a annoncé hier que l’huile d’olive allait être vendue au consommateur à 5,5dt le litre. Un prix qui ne permet pas aux exploitants de rentrer dans leur frais.

Ils dénoncent également le manque de vison stratégique pour le secteur. L’un d’eux explique « qu’il faut une vision pour le secteur qui doit être pensée en concertation avec les professionnels et non pas dans un bureau entre cadres de l’administration ».

Beaucoup d’entre eux ont aussi affirmé la non connaissance du sujet agricole par Samir Taïeb. « Le ministre actuel est un avocat, il n’a rien à voir avec nous et ne connait pas la réalité du terrain. Depuis qu’il est en place tout va mal », nous explique l’un d’entre eux.

« Nous jetons notre lait, nos olives, nos dattes, et nous n’arrivons plus à élever les animaux. L’Etat préfère importer ces produits de l’étranger plutôt qu’encourager les agriculteurs tunisiens », déplore un autre.

Ils sont nombreux à avoir fait le déplacement depuis les fin fonds du pays, à l’image d’un homme qui nous a interpellé. L’œil crevé par une branche d’olivier, le visage fatigué et surtout ridé sans doute à cause du nombre incalculable d’heures passées dans le froid en hiver et sous un soleil de plomb l’été, pour faire vivre son exploitation. Aujourd’hui, il explique qu’il ne s’en sort plus. « Quand j’essaye de travailler l’olive, l’ONH nous annonce un tarif d’achat qui ne nous permet pas de rentrer dans nos frais. Quand j’essaye d’élever des moutons en vue de l’Aïd, l’Etat préfère importer des moutons d’Europe de l’Est et moi je ne vend rien ». 

Les agriculteurs n’ont plus confiance dans les discours politiques et les promesses non tenues. Un autre homme n’a pas manqué de rappeler que « le secteur agricole est un pilier de l’économie tunisienne et qu’il a  sauvé le pays quand le tourisme s’est effondré au lendemain de la Révolution ». Il ajoute que si les professionnels du secteur sont en difficulté, c’est parce qu’il y a, selon lui, « un phénomène de corruption entretenu par les lobbies de chaque filière et l’Etat ». 

Si certains producteurs d’olives pensent à arrêter leur activité malgré des saisons de plus en plus exceptionnelles, d’autres veulent continuer à se battre. « Mes oliviers, ce sont mes ancêtres qui les ont plantés. Il est hors de question que je les abandonne ».

Face à l’indifférence du ministère de l’Agriculture, certains veulent s’en remettre au président Saied. « Nous faisons partie des gens qui ont voté pour Kaïs Saied. S’il est vraiment le président du peuple alors nous lui demandons son aide », réclame un agriculteurs très en colère.

Longtemps mis de côté et absents des médias,  ils étaient nombreux aujourd’hui, à avoir voulu s’exprimer devant les caméras.

Gnetnews leur a  donné la parole. Retrouvez dans la vidéo ci-dessus leur témoignages.

Wissal Ayadi