« Aurore en bouche », le couple dans tous ses états à El Teatro jusqu’au 11 janvier

09-01-2020

Le couple est une danse de contraires. Deux êtres différents, voire opposés, qui passent leurs vies, à chercher l’équilibre parfait pour cohabiter ensemble.

C’est ce qu’a tenté de nous expliquer le réalisateur syrien, Rémy Sermini à travers sa dernière pièce théâtrale « Aurore en bouche ». 

A la manière de Roman Polanski, dans son film « La jeune fille et la mort », ou comme dans son œuvre « Carnage », Rémi a opté aussi pour un huis clos, sombre et mystérieux.

Le réalisateur syrien a muni sa scène, de trois hauts murs noirs qui en fixent les limites, devant lesquelles une femme et un homme, se sont installés pour extérioriser leurs sentiments, autour d’un verre.

Dans une atmosphère de contradictions, entre clair et obscur, calme et tensions, murmures, cris violents, et gémissements, ils déversent leurs émotions.  Les doigts crispés au bord de la table, ils se décidèrent à lâcher prise.

Dans un récit finement soutenu par l’action des yeux et du visage, ces deux personnages, interprétés par Nejma Lghidi, et Ahmed Mourad Khanfir, ont dévoilé leurs souffrances enfouies dans le plus profond de leurs âmes.

C’est le dégoût de soi, la honte, et l’incapacité de se rendre heureux, qui ont pris la place de l’amour, l’affection et le désir qu’ils portaient autrefois, l’un pour l’autre.

 Ils explosent, parlent de leur désarroi, de leurs non-dits. Ils paniquent, s’affligent des insultes et se lancent les accusations, dans un spectacle affligeant. A travers ce face à face brutal, et très sensationnel, Nejma et Ahmed, ont joué le rôle d’un miroir l’un pour l’autre.

Ils ont représenté ce mal-être qu’ils ont subi, une fois ils se sont découverts. Cette image pure et bienveillante qu’ils avaient de soi, s’est éclipsé, pour ne laisser place qu’à un ego qui veut se sauver et s’accrocher à un idéal, désormais inexistant car brisé par le jugement.

En effet, ces deux êtres racontent qu’ils ont tenu à un équilibre illusoire, grâce à l’effacement de l’un au détriment de l’autre.

L’évitement de leurs conflits, a mené à un déni de soi et à un blocage permanent de la communication.

« Pourquoi ne pas s’aimer soi-même, accepter ses erreurs, ses faiblesses, et ses émotions les plus honteux, au lieu de se détester ? C’est la question que j’ai tenté de traiter dans cette pièce, nous a confié Rémi Sermini.

« L’autre ne nous connaîtra, qu’en s’opposant à lui », ajoute-t-il. « Seule l’acceptation de l’autre permettra une relation harmonieuse et paisible. L’amour est le message incarné par cette pièce, et non pas les relations conflictuelles. Entre les cris et les pleurs, les deux protagonistes cachent soigneusement leur passion, qui peut  vaincre tous les jugements. Que se passerait-t-il s’ils se sont dit qu’ils s’aiment ? », a conclu Rémi Sermini.

Le premier spectacle a été joué pour la première fois à El Teatro, ce mercredi 08 janvier. Il se poursuit jusqu’au samedi 11 janvier, à 19h30, au même endroit.

Emna Bhira