Tunisie : Les inégalités sociales se creusent, les femmes en sont les premières victimes

20-02-2020

Les disparités régionales sont de plus en plus perceptibles en Tunisie, comme le montrent les indicateurs de la pauvreté, d’investissement, d’éducation et d’infrastructure. Ce constat a été fait par l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD), qui a tenu ce jeudi 20 février, une conférence de presse au siège du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), à l’occasion de la  journée internationale de la justice sociale.

« Près de 15.2% de la société tunisienne vit sous le seuil de la pauvreté. Quant à la  pauvreté extrême, elle touche 10.3% de la population. Kairouan est le gouvernorat le plus touché par ce phénomène (34.9%), vient après  Kasserine  avec 32.8% et Sidi Bouzid avec un taux qui s’élève à 31.7%.

 A cet égard, la présidente de l’AFTURD, Salwa Kennou, a tenu à rappeler que « l’analphabétisme ambiant, la régression de l’éducation, le chômage des diplômés, la pauvreté, la stigmatisation des femmes et des jeunes, et l’étroitesse des horizons économiques, ont contribué à l’approfondissement des inégalités sociales ».

Kennou a expliqué également que «  ces facteurs ont créé un fossé entre le milieu citadin et le milieu rural, et ont renforcé les inégalités régionales. Les femmes sont particulièrement touchées par la précarité.

L’analphabétisme chez les femmes rurales est à son apogée. Les ouvrières et les femmes de ménage sont payées moins que les hommes. Les filles mineures sont encore exploitées économiquement, et les emplois informels attirent de plus en plus la gente féminine… ».

« Il y a eu, certes, des progrès en matière de justice sociale en Tunisie, grâce à l’adoption de la loi organique n° 2017-58 du 11 août 2017, relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes, mais il reste du chemin à faire, quant aux droits économiques et sociaux», ajoute-t-elle.

A l’occasion de la fête internationale de la justice sociale, la présidente de l’AFTURD a appelé à « l’application de l’article 12 de la constitution qui stipule que « L’Etat a pour objectif de réaliser la justice sociale, le développement durable, l’équilibre entre les régions et une exploitation rationnelle des richesses nationales en se référant aux indicateurs de développement et en se basant sur le principe de discrimination positive ».

Le président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Abderrahmen Hedhili, a, pour sa part,  parlé de 60 000 ouvrières qui se font exploiter dans le secteur du textile, notamment dans la région du Sahel.

« Ces femmes gagnent 450 dinars par mois, et travaillent dans des conditions déplorables, avec des horaires pénibles. Près de 4%  seulement de ces ouvrières sont affiliées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Quant aux ouvrières du secteur agricole, elles reçoivent entre 10 et 14 dinars la journée, sans compter les frais de transport, et les heures de travail qui durent de 5h du matin à 5h du soir ».

Le neuvième congrès de l’AFTURD se tiendra ce samedi 22 février, à l’hôtel Golden Tulip El Mechtel, Tunis.

Il y aura également l’annonce de son nouveau conseil administratif.

Emna Bhira