Comment sortir du confinement, les recommandations d’un Pr en pharmacie

02-05-2020

« L’Etat continue à ne pas agir dans l’urgence qu’impose la pandémie. Les procédures administratives sont maintenues comme si nous étions dans des conditions ordinaires, alors que nous sommes en crise sanitaire. Ces démarches ralentissent l’obtention des outils de stérilisation par exemple et l’achat du matériel nécessaires pour protéger les citoyens. Il s’en ajoute l’étape du transfert du budget, qui prend également beaucoup de temps vu que l’administration n’est pas adaptée au contexte actuel ».

C’est le cri d’alarme qu’a lancé Fadhel Moussa, maire de la commune de l’Ariana, lors d’une vidéo-conférence pluridisciplinaire tenue mercredi, sur « La gouvernance de l’Etat d’exception sanitaire : bilan et perspectives », organisée par la fondation Hanns Seidel.

« A cause de ce ralentissement, on se retrouve souvent obligés de s’adresser à la société civile qui fournit son aide non pas en donnant de l’argent, mais à travers l’achat des équipements de protection pour les éboueurs et les denrées alimentaires pour les plus démunis », ajoute-t-il.

 Dans ce sens, Fadhel Moussa a appelé à plus de vigilance et  d’interventions rapides…En parlant du rôle que joue les localités dans ce contexte particulier. La population est angoissée, elle s’adresse en premier aux élus locaux pour s’informer, a-t-il souligné.

« C’est le cas de l’Ariana notamment qui compte 98 contaminés jusqu’à ce jour et 5 décès, amplifiant ainsi  l’inquiétude chez les citoyens.

Il a, par ailleurs, ajouté que les localités sont plus au fait de la réalité des populations qui seront concernées par le déconfinement ».

Les consignes à appliquer pour réussir le déconfinement

Les conditions sanitaires pour sortir du confinement ont été précisées par Lassaad Msahli docteur en pharmacie et membre du conseil de l’instance nationale de la lutte contre la corruption INLUCC.

Il a signalé qu’avec la défaillance au niveau des informations sur le traçage du Covid-19 en Tunisie, le manque de données sur la quantité des masques et le nombre des tests de dépistage, il est conseillé de prendre ses précautions…

Msahli a jugé que l’absence de détails, ne permet pas de cerner l’évolution de la pandémie en Tunisie. Il a donc recommandé 5 solutions simples à adopter pour réussir le déconfinement.

« D’abord, il y a la distanciation sociale de 2 mètres qui est à maintenir. Le deuxième élément c’est l’hygiène. Il faut se laver les mains le plus souvent possible avec le savon. A chaque fois on doute de l’hygiène de ses mains, il faut utiliser une solution hydroalcoolique comme antiseptique.

Il recommande également un lavage fréquent du nez et de la gorge et un gargarisme régulier. Il a aussi appelé à renforcer la défense immunitaire et l’équilibre de la flore intestinale, en mangeant de la levure de bière, de « l’Antérogermina », ou un yaourt  à base de bifidus. Le docteur en pharmacie a aussi appelé l’Etat à lancer un rappel de vaccination BCG pour renforcer l’immunité de la population.

Covid-19 ou « l’Ebola des pays riches »

« Le Covid-19 est un virus qui figure parmi les 4 virus les plus mortels pour l’Humanité, Ebola, Nipah, Hendra, H5N1. « Il a défié les systèmes sanitaires des pays les plus riches, USA, France, Italie, Espagne, Chine, Belgique, qui ont enregistré 75% des décès dans le monde ».

« Certains l’appellent l’Ebola des pays riches, car les pays en cours de développement ont subi beaucoup moins de dégâts en termes d’urgence médicale absolue et en termes de décès ».

Le docteur en pharmacie a révélé aussi que la communauté scientifique internationale ne sait pas encore trop, les raisons qui se cachent derrière les légers dégâts qui ont touché les pays en voie de développement. 

«  C’est peut être lié à une résistance génétique par rapport aux occidentaux, cité dans certains articles. Ou encore ça a un rapport avec l’existence d’une moindre densité populaire dans les pays arabes, à part dans le Caire (Egypte). La pyramide des âges est nettement plus jeûne, dans les pays du tiers monde. Ou encore, c’est lié à la vaccination élargie et multipliée du BCG effectuée massivement dans ces pays.

Il a évoqué par ailleurs, Thomas Jefferson épidémiologiste, et professeur à Oxford qui vit dans le nord de l’Italie et qui a vécu de très près l’épidémie. Ce chercheur a étudié la possibilité d’une position géographique particulière, liant Wuhan, les Etats Unies, l’Iran, l’Italie et l’Espagne, situés sur le même point de latitude.

«  L’autre facteur c’est le facteur climatique. La température aussi a joué un rôle important durant les phases paroxystiques de l’épidémie, qui a atteint son apogée dans une chaleur comprise entre 4 et 10 idéal pour la virulence du virus, rarement atteinte dans la rive sud de la planète ».

Emna Bhira