Les processus de transition en Tunisie, Libye et Egypte en débat

07-07-2020

Le centre pour la transition démocratique et des droits de l’homme (DAAM) a présenté ce mardi 7 juillet son rapport semestriel sur « Les projets de transition démocratique en Tunisie, Egypte, et Lybie », au siège du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Ce rapport tend à s’arrêter aux défaillances des transitions démocratiques notamment dans ces trois pays, que les soulèvements sociaux et les révolutions du printemps arabe réunissent. L’objectif étant de comparer les différentes expériences politiques dans ces régions, dans le but de bénéficier de leur savoir-faire respectifs et défendre au mieux les droits de l’homme et les principes de la démocratie.

La pérennité de la transition démocratique en Tunisie

Khalil Arbi, chercheur au DAAM, a rappelé que pendant que la Tunisie a adopté une nouvelle constitution en 2014  garantissant les droits de l’Homme et la liberté d’expression, toutes les étapes du processus démocratiques ont été politisées.

« Il n’y a pas eu une focalisation sur la mise en place des instances indépendantes, notamment la Cour constitutionnelle, qui va voir le jour juste après un an, des élections législatives 2014 », ajoute-t-il.

Durant la deuxième phase de la transition démocratique, la crise de la formation du gouvernement a duré 109 jours, à cause du quota partisan et des tiraillements politiques entre les partis. « Ceci nous a mené à constater que l’incapacité de la classe politique de gérer cette crise, a facilité l’accès au paysage parlementaire des bureaucrates, technocrates et experts ou encore des politiciens qui n’avaient aucun poids électoral auparavant, ou encore une expérience au pouvoir ».

Cette crise de la formation du gouvernement a aussi montré que l’opinion publique n’a plus confiance dans les partis et dans la classe politique en général. Ainsi que ce blocage de la transition démocratique est désormais devenu permanent, et les établissements publics sont devenus le théâtre des conflits entre les partis…

Egypte : Une transition vers la dictature

« Depuis l’avènement de Sissi au pourvoir, le système politique égyptien a utilisé la constitution et la loi pour s’immiscer dans toutes les structures de l’Etat », a confirmé Mohamed Omrane le chef exécutif du DAAM.

S’y ajoute une autre dérive répressive. Avec l’amendement de la loi électorale en 2019, le président de la république pourra rester au pouvoir jusqu’à l’année 2030, précise-t-il, en soulignant que les lois relatives aux élections législatives sont en train d’être amendées également, dans le but d’écarter l’opposition…

Entre autres, le régime politique en Egypte reste hyper-présidentiel, dominé par un pouvoir exécutif fort, qui a mis main basse sur le pouvoir judiciaire.

« Le parquet de la sureté de l’Etat en Egypte est devenu par ailleurs un moyen pour l’incarcération des militants et des protestataires, sans parler des cas de torture dans le milieu carcéral, les disparitions, les enlèvements et les négligences médicales volontaires en ce qui concerne les prisonniers politiques… »

A ce sujet Mohamed Omrane a évoqué  les dernières arrestations,  de deux jeunes femmes actives dans l’application « Tiktoc », Hanine Houssem et Mawada Adham, accusées de diffusion de contenu contraire aux bonnes mœurs…

Est-ce que la Libye est pour les libyens, ou un butin de guerre  des pays étrangers ?

Les guerres menées pour conquérir la capitale Tripoli révèle la profondeur du conflit inter-libyen, a indiqué Imed Arquiaa, actif au DAAM.

Les efforts des conseils tribaux, ainsi que la communauté et les organisations internationales sont bafoués. Ils ont échoué à apaiser les tensions dans le pays. Ainsi que les établissements publics au sein de la Libye sont devenus des outils de rivalité sur les richesses naturelles du pays, comme les champs de pétrole, les stations d’électricité et les sources d’eau.

D’autre part,  le rapport a confirmé que les groupes armés en Libye font la loi. Ils ont même imposé leurs agendas politiques avec des contributions étrangères de la Russie, la Turquie, et plusieurs autres parties dont les intérêts des libyens, leur importent peu, a conlu Imed Arquiaa.

Emna Bhira