Le prix du mouton et le climat général font détourner les Tunisiens de l’Aïd el-Idha

28-07-2020

Les prix du mouton de sacrifice ont connu une flambée vertigineuse cette année à l’approche de Aïd el-Idha. Avec un cout vacillant entre 600 et 1500 dinars,  plusieurs Tunisiens ont exprimé leur mécontentement. Certains ont décidé de renoncer cette année à la grande fête.

En effet, plusieurs facteurs ont créé cette ambiance que nous avons ressenti en interpellant les citoyens sur l’avenue Habib Bourguiba.  Crise économique persistante liée aux séquelles de la crise sanitaire du Covid-19, mesures et préventions sanitaires supplémentaires, inflation, baisse de la demande, et atmosphère politique délétère qui plane sur la Tunisie. Tout cela a impacté la célébration d’Aïd Al Idha 2020.

Pour cette mère de famille rencontrée au centre-ville de Tunis, cette année l’Aïd sera fêté sans mouton. En parlant de l’ambiance de cette fête, elle a souligné que l’instabilité au sein du parlement, a envenimé le climat dans lequel les Tunisiens vont célébrer l’Aïd…

Les vendeurs occasionnels des moutons ont profité de la crise politique et l’absence de l’Etat, pour imposer des prix inaccessibles pour la plupart des citoyens, a commenté un autre citoyen.

Le mouton est à 1000 dinars, c’est-à-dire que le prix du kilogramme s’élève à 60 dinars, a déploré un autre père de famille. Ce serait mieux de proposer aux Tunisiens un nouveau gouvernement efficace, qui améliorait leurs conditions économiques, cela nous soulagera sans doute plus, ajoute-t-il.

« Eviter de s’endetter pour acheter le mouton»

Agir en fonction de son portefeuille, et ne pas dépasser ses limites, a recommandé une femme d’un certain âge aux familles tunisiennes. Il s’agit d’une célébration et non pas d’un fardeau, riposte-t-elle. 

Cette mère de famille ayant aussi boycotté les vendeurs occasionnels des moutons, vu leurs tarifs exorbitants,  a appelé à privilégier la bonne gestion de son budget, pour éviter l’endettement.

A cause des prix « abusés » du mouton de sacrifice, plusieurs Tunisiens préfèrent désormais acheter  une petite quantité de viande le jour de l’Aïd, optant ainsi pour un barbecue chez eux, entourés de leurs proches, sans pour autant faire le sacrifice.

Comme ce père de famille qui nous a indiqués qu’il n’a aucune idée sur les prix des moutons cette année. Pour lui, ce serait absurde de dépenser autant d’agent pour le gaspiller, alors que même ses enfants n’aiment pas la viande de mouton en particulier.

Un autre Tunisien qui vit à l’étranger a adressé un appel au Mufti pour l’annulation de la grande fête, vu que les citoyens s’endettent pour acheter une bête pour le sacrifice.  D’abord, il s’agit d’une « sunna », est non pas d’un pilier de l’Islam, a-t-il insisté. Et puis, avec les conditions économiques actuelles, il faudrait mieux être raisonnable, et boycotter les vendeurs, au lieu de suffoquer pour  assurer cette « célébration », relate-t-il.

Cette année l’Aïd el-Idha n’aura ni le goût ni la saveur d’antan. Pouvoir d’achat en baisse, Covid-19, crise politique…autant de facteurs qui font détourner les Tunisiens de cette ambiance festive. Certains préfèrent passer la grande fête dans un hôtel,  dont le cout revient moins cher que l’achat d’un mouton, sachant que les établissements touristiques profitent de cette période pour afficher des promotions intéressantes afin d’attirer les locaux…

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi