Tunisie : La vérité sur les vitamines et les compléments alimentaires à l’époque du Coronavirus

25-09-2020

Face à l’ampleur de la pandémie du Coronavirus en Tunisie, et dans le monde, la psychose gagne du terrain. Les officines enregistrent des pénuries de compléments alimentaires, boosters d’immunité, vitamines C et D, et bien d’autres médicaments, dont certains consommateurs prennent à titre de prévention.

Entre-temps, plusieurs fausses idées circulent sur les réseaux sociaux. Des internautes appellent à utiliser le Zithromax (un antibiotique qui traite les infections de la gorge, bronches pulmonaires, angine…), pour atténuer les grippes et bronchites.

D’autres personnes appellent à un approvisionnement en sel minéraux, Immuno Z (booster à base de zinc), connus pour leurs effets positifs sur l’immunité, histoire de rendre l’organisme plus apte à se défendre contre la maladie.

Pour vérifier l’efficacité de ces médicaments sur les personnes saines ou celles testées positives au covid-19, nous nous sommes adressés au Dr. Hichem Ben Jaafer, un des médecins généralistes les plus notables de Tunis.

La vitamine D est bénéfique pour le système immunitaire

Au sujet de l’utilisation des compléments alimentaires dans ce contexte épidémiologique, dans le but de renforcer son organisme, Dr. Ben Jaafer nous a expliqué que ces médicaments, s’ils ne préviennent pas la maladie, ils n’ont aucun effet nocif sur le corps. Les sels minéraux, Zinc, et vitamines sont toujours bénéfiques pour le corps, précise-t-il.

« D’ailleurs pour le cas de la vitamine D en particulier, dans certains pays moins ensoleillés que la Tunisie, on la prescrit d’une manière systématique, car 8 personnes sur 10 présentent une carence de cet élément essentiel pour le système immunitaire. Celle-ci joue un rôle immunodulateur, qui stimule les défenses muqueuses. C’est une prévention des infections des voies respiratoires ».

« En Tunisie, on mène de plus en plus une vie interne, ce qui entraine des carences à compenser urgemment, notamment avec ce contexte sensible dans lequel on vit ».

Gare à l’automédication !

En allant dans certaines pharmacies, il nous a été dévoilé que certains patients présentant les symptômes du Covid-19, choisissent de se soigner par des antibiotiques sans la prescription du médecin et sans se faire tester également. Nous avons donc vérifié l’efficacité de cette auto-médication, auprès de Dr. Ben Jaafar.

« La Tunisie est parmi les pays ayant acquis le plus de résistance contre les maladies bactériennes », nous répond-t-il.

« Ce médicament est un inhibiteur de la charge virale dans le cas du coronavirus. Dans le cas d’un patient sain, le prendre ne fera que créer une forme de défense de l’organisme face à des germes auto-immunes, sécrétés par le corps. Le jour ou le corps sera attaqué par un virus, il ne saura pas se défendre car il sera déjà habitué à un autre type de germes. Ce serait dangereux de prendre des antibiotiques sans une prescription, ajoute-t-il.

Il a indiqué également qu’à  force de le prendre incessamment, comme un traitement préventif, il finit par ne plus avoir aucun effet à long terme.

«  En effet, la prise d’antibiotique dans le cas des personnes testées positives ne fait qu’arrêter les complications issues d’infection bactériennes uniquement. Ce n’est pas un traitement clinique du Covid-19 »

Le docteur a déploré l’absence de contrôle sur la vente des antibiotiques dans les officines, qui préfèrent délivrer un maximum de médicaments, au lieu de vérifier les raisons de chaque achat (prescription, recommandation, automédication….).

« Même le Toplexil qui est un antitussif, est très sollicité par les tunisiens, surtout par ceux présentant un état grippal. Les officinaux le fournissent sans aucune ordonnance, et cela demeure très dangereux pour les patients ».

En France par exemple, pour prendre ce médicament (Toplexil), ils vérifient d’abord l’ordonnance. Si une personne du corps médical demande ce traitement, elle est obligée de montrer sa carte professionnelle, et son identité. Il s’agit d’un médicament à plusieurs contre-indications. Que dire s’il est pris en cas d’apparition d’un symptôme du covid-19 », reproche-t-il.

Des médicaments à proscrire en cas de symptômes du Covid-19

Les anti-inflammatoires et les paracétamols sont des médicaments souvent utilisés par les Tunisiens, en cas de maux de têtes, douleurs du ventre et des articulations, fièvres, et cela sans demander l’avis d’un médecin.

Avec la prolifération de la pandémie, certains les prennent pour atténuer des symptômes qui ressemblent à ceux du Covid-19, ce qui pourrait masquer une éventuelle contagion. Vrai ou faux ?

« Évidemment, c’est vrai », nous répond le médecin. « En cas de fièvre, les paracétamols et anti-inflammatoires peuvent masquer une infection et potentiellement avoir un effet aggravant dans certaines situations. D’ailleurs, les anti-inflammatoires et les paracétamols seraient à l’origine d’une baisse des défenses immunitaires ».

« Il faut éviter également les surdosages des paracétamols, et garder un délai minimum entre les prises non-respectées, pour éviter les lésions du foie. Pour les anti-inflammatoires, il est conseillé de les utiliser à bon escient pour éviter une insuffisance rénale », a-t-il précisé.

D’autre part, Gnetnews s’est adressé à un orthopédiste qui reçoit tous les jours des patients souffrant de maladies articulaires chroniques, pour qui les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des remèdes nécessaires, mais désormais suspectés d’avoir des effets aggravants dans les cas des personnes testées positives. Il a souligné qu’avec les dernières études scientifiques, il s’agit d’observations très préliminaires, n’ayant pas fait preuve d’exactitude.

« Les malades chroniques doivent continuer leur traitement. Seul, un infectiologue pourrait intervenir pour bannir une prise d’anti-inflammatoire ».

Les plantes médicinales et l’homéopathie sont-elles efficaces contre le virus ?

Toute sorte de traitement contre le covid-19, nécessite des années de recherches partagées sur plusieurs phases cliniques, des tests sur l’Homme pour vérifier son efficacité, ses contre-indications, effets indésirables, et composition, pour pouvoir le mettre en vente sur le marché, a expliqué Dr. Ben Jaafar.

« La médecine est une science qui doit tenir compte des dosages en grammages rigoureux et exacts, pour créer des traitements agissant pertinemment selon les tranches d’âge, et l’état de santé du patient. Chacun dispose d’un organisme particulier qui ne répond pas de la même manière au même traitement, dont la posologie change selon l’évolution de la guérison. Il ne faut pas donc espérer qu’une simple plante pourra guérir la pandémie. Les charlatans sont de plus en plus nombreux pour profiter du désespoir qui règne avec l’absence d’un vaccin contre le Covid-19 », a-t-il averti.

Emna Bhira

 

 

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Sixtus

Encore trop de personnes confondent virus et bactéries. C’est comme confondre un sous-marin avec un dirigeable.