90.000 foyers privés d’eau le jour de l’Aïd, Taieb explique les raisons

19-08-2019

Pourquoi y a-t-il eu coupure d’eau le jour de l’Aïd dans certaines villes du pays ? C’est la question à laquelle la commission d’enquête a tenté de répondre. A sa tête Amer Horchani, ancien secrétaire d’Etat chargé des ressources hydrauliques. C’est lors d’une conférence de presse organisée ce lundi au ministère que les résultats de l’enquête ont été dévoilés,  en présence du ministre de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques, Samir Taieb, et du PDG de la SONEDE.

Le 11 août dernier, jour de l’Aïd El Idha, 90.000 foyers ont été privés d’eau à travers le pays. C’est ce qu’a dévoilé le rapport d’enquête sur les fameuses coupures d’eau. « La consommation d’eau a augmenté de 19% par rapport aux années précédentes », explique Amer Horchani, Président de la commission. « Il y a toujours des problèmes de coupure d’eau le jour de l’Aïd. Mais cette année a été particulièrement exceptionnelle à cause des pics de chaleur de ces dernières semaines », ajoute-t-il.

La crise de Ennahli

Pourtant quelques jours avant l’Aïd, les responsables du ministère et de la SONEDE se disaient prêts pour ce jour où la consommation en eau atteint son maximum… Mais la catastrophe n’a pu être évitée. Et la plus importante est survenue dans la localité d’Ennahli, à Tunis. Là-bas, 400 foyers ont été privés d’eau de 10h du matin à 00h00 (heure à laquelle les équipes de la SONEDE ont commencé le rétablissement de l’eau). « Nous n’avons pu rien faire… à 10h du matin, les réserves d’eau qui desservent cette localité ont été vidés au ¾. La SONEDE a tout mis en œuvre pour éviter la coupure, mais la pression était trop grande », affirme le ministre Samir Taieb.

Si à minuit, la situation semblait être maîtrisée, le lendemain matin à 10h, l’approvisionnement a de nouveau été coupé. Une situation qui a mené les habitants d’Ennahli à se révolter. Personne n’a pu échapper aux images violentes qui ont circulé sur les réseaux sociaux. On peut y voir les habitants d’Ennahli couper l’autoroute qui mène à Bizerte provoquant un embouteillage de près de 10km, selon certains témoins sur place. Des bagarres ont donc éclaté avec les automobilistes qui souhaitaient se rendre dans leur famille en ce deuxième jour de fête. C’est dire le niveau de crise sociale que peut engendrer ce genre d’incident. Ce n’est que vers 18heures que le réseau a pu être rétabli.

La faute à personne

L’enquête a démontré que cette crise n’est ni la responsabilité du ministère ni celle de la SONEDE. La faute à qui alors ? « Le problème c’est que tout le monde a fêté l’Aïd du sacrifice en même temps. Tous les Tunisiens ont égorgé et nettoyer les moutons au même moment. Il est donc normal que la pression ait été grande. Nous avons utilisé en un seul jour ce qui devait nous rester en réserve jusqu’à 2022 », insiste le ministre. « Chaque année il y a des coupure d’eau dans certains endroits, mais cette fois-ci cela a pris de l’ampleur car cela a touché le Grand Tunis », a-t-il ajouté.

Recommandations

Le rapport a mis en avant de nombreux problèmes au niveau des réseaux de distribution de l’eau. D’après Amer El Horchani, « la Tunisie est un pays en développement. La SONEDE doit être modernisée. Elle fonctionne encore de manière archaïque, autant techniquement que dans l’administration ». Il préconise ainsi la mise en place de nouvelles méthodes d’intervention en période de crise, l’activation de la publication du « code des eaux », la création d’un nouveau système hydraulique.

De son côté, le ministère assure avoir une stratégie de l’eau d’ici à 2050, avec notamment le programme national de dessalement des eaux. Comme c’est le cas avec la station de Bejaoua (gouvernorat de la Mannouba). Opérationnelle en 2022, elle permettra de subvenir aux besoins du Grand Tunis en eau potable et sera dotée d’une capacité de production de 4 m3/seconde d’eau potable, et son raccordement au réseau de la SONEDE. Enfin, le ministère demande l’implication de la société civile afin d’intégrer la notion d’économie d’eau dans le quotidien des Tunisiens.

En milieu rural, des localités à Béjà et Kairouan ont été touchées le 11 août dernier. Quelque 1483 points d’eau approvisionnent près d’un million et demi de personnes, à la campagne. C’est dire le travail qu’il reste à faire pour le raccordement en eau potable dans ces localités.

Wissal Ayadi