Désespérés de la classe politique ; des Tunisiens donnent des propositions pour une sortie de crise

21-07-2020

La démission du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, soupçonné d’être impliqué dans une affaire de conflits d’intérêt, a accentué l’instabilité du paysage politique tunisien. Les faits se sont succédé : limogeage des ministres nahdhaouis du gouvernement démissionnaire , perturbation continuelle des travaux de l’ARP, altercations physiques et verbales entre les députés au sein de l’hémicycle…Un blocage qui a poussé le président de la république à mettre en garde  contre un éventuel recours à la dissolution de l’Assemblée, un droit octroyé par la constitution au chef de l’Etat.

Face à de tels évènements, les Tunisiens sortis de justesse d’une crise sanitaire sans précédent il y a quelque temps, étouffent de nouveau d’une autre crise politique, économique, voire même sociale…

Pour ce retraité, croisé sur l’avenue Habib Bourguiba au centre-ville, le problème des politiciens provient d’une crise morale, d’un manque de patriotisme, et de loyauté, qui a gangréné la classe politique.

 Selon lui, seules d’autres générations seront capables de corriger cette cassure historique, car l’actuel paysage est dépourvu de valeurs, et ne peut pas être un modèle inspirant confiance en ce moment… 

« Il faut retourner à la source, celle des principes moraux représentant les piliers d’une société », lance-t-il.

Un quadragénaire a évoqué la loi électorale qui a créé d’après lui cette mosaïque au sein du parlement. « Il faut dissoudre l’ARP, et réviser le régime politique en Tunisie, source de tous les maux que l’on vit actuellement. Guerre des sièges, profit des caisses de l’Etat, au détriment d’un peuple qui n’arrive pas à clôturer le mois à cause de l’inflation », déplore-t-il.  

« Il faut mettre un homme patriote, compétent,  et militant chevronné qui inspire sagesse et confiance, comme Ahmed Nejib Chebbi », a recommandé un autre passant, en appelant également à la dissolution du parlement.

D’autres sont convaincus que le parti islamiste Ennahdha doit figurer dans la composition du prochain gouvernement, étant donné que ses élus sont majoritaires à l’Assemblée. « Sans Ennahdha, la Tunisie vire vers le chaos. Ce parti n’a pas encore utilisé toutes ses prérogatives, tout ça pour éviter au peuple une autre crise », a analysé un jeune homme. « Le Parti destourien libre est responsable de la perturbation des travaux de l’ARP », ajoute-t-il en indiquant que « leurs protestations ne font qu’envenimer la situation ».

Retrouvez en vidéo, notre micro-troittoir sur la crise politique en Tunisie.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi