French Tech Tunis : Les start-ups, un appui pour l’État et un accélérateur de digitalisation

24-06-2020

La crise du Covid-19 a laissé apparaître une accélération importante du secteur du digital. De nouvelles pratiques ont vu le jour dont notamment le E-commerce et le télétravail. Mais derrière ces innovations technologiques se cachent des entreprises ou plutôt des start-ups qui ont été très sollicités durant la période de confinement. En Tunisie, celles-ci n’ont pas hésité à collaborer avec le gouvernement afin de lutter à leur manière contre le coronavirus. Quel avenir pour les start-ups tunisiennes ? Quelles sont les problèmes qu’elles rencontrent et comment peuvent-elles devenir un levier économique pour le pays? Des questions auxquelles ont répondu des acteurs de l’éco-système invités pour un Webinaire organisé par le réseau de la French Tech Tunis, ce mercredi 24 juin.

La French Tech est une initiative de l’Etat français. Ce réseau fédère l’ensemble des acteurs du secteur du numérique ayant déjà des relations fortes avec la France. Il s’agit du plus grand réseau européen de start-ups et dispose des plus grandes levées de fonds. C’est en novembre dernier, que la French Tech Tunis a vu le jour. Depuis, elle accompagne de nombreux jeunes créateurs d’entreprise dans le domaine du digital qui souhaitent développer leurs idées.

Le digital pour lutter contre le coronavirus

Invité lors du Webinaire, le ministre des Technologies numériques et de la transformation digitale, Fadhel Kraiem, a indiqué que durant le confinement, les innovations technologiques ont joué un rôle important dans la lutte contre la propagation du virus. « Il y a eu un élan de solidarité incroyable de la part des start-ups tunisiennes notamment dans le développement d’outils de suivi qui ont aidé plusieurs ministères dans leur travail », a-t-il dit. En effet, le ministère de la Santé s’est doté d’un certain nombre d’applications mobiles pour le suivi à distance des cas positifs ou suspects ou pour un dépistage en ligne. Souvenez-vous également du robot contrôlé par le ministère de l’Intérieur déambulant dans les rues de Tunis afin de procéder à des contrôles d’identité en pleine période de confinement.

A noter que pendant la crise sanitaire, environ 300 innovations ont ont été créées, dont 80% par des Start-ups.

La Tunisie se pose comme étant un des pays les plus avancés dans le domaine du numérique en Afrique. Le pays compte de plus en plus de start-ups, mais aussi d’incubateurs, associations/fonds, universités, écoles ou encore experts de la tech.

Autre outil fort pour le développement du secteur, la mise en place depuis 2019 du Start-Up Act. Il s’agit d’un cadre légal qui régit ces entreprises. Cette loi a permis notamment de simplifier les procédures, accorder des avantages fiscaux et donner un accès à des financements. « Depuis la promulgation de la loi, 280 start-ups ont pu être labellisées par le Start-Up Act sur 500 candidatures », affirme le ministre.

Mettre en relation les start-up avec le secteur privé

Le secteur privé a également pu profiter du confinement pour développer de nouvelles pratiques. Le meilleur exemple est bien sûr celui du e-commerce. Les gens étants confinés chez eux et donc dans l’incapacité de se déplacer, certaines entreprises se sont lancées dans la vente en ligne et la livraison à domicile. Si ce concept s’est largement démocratisé chez nos voisins européens, en Tunisie il reste encore assez timide.

D’après Kais Sallemi, président de la Fédération nationale du numérique, « il faut que les grands groupes créent des partenariats avec les start-up ». A cet égard, un grand événement appelé Link For Innovation, aura lieu à partir du mois de juillet, jusqu’au mois d’octobre. Il permettra de mettre au défi des jeunes entrepreneurs pour créer de nouveaux outils en faveur des entreprises du secteur privé.

Télétravail

Un autre outil a vu le jour pendant le confinement. Il s’agit du télétravail. De nombreuses sociétés ont été contraintes de faire travailler leurs employés à distance. En Europe, ce système a déjà fait ses preuves bien avant le COVID-19. En Tunisie, cette culture est toute nouvelle, mais elle pourrait devenir une méthode de travail dans le quotidien de certaines sociétés. Pour Badreddine Ouali, CEO de Vermeg et Président de Smart Tunisia, le télétravail pourrait devenir un enjeu économique mais aussi social pour le pays. « En Tunisie, le marché du travail rencontre trois problèmes de taille: la migration, le déplacement des jeunes femmes diplômées des régions reculées vers les zones d’emplois et l’enclavement de certaines régions », indique-t-il. Ainsi le télétravail pourrait être une solution à la résolution de ces trois problématiques.

Par ailleurs, le ministre Fadhel Kraiem a indiqué que le gouvernement serait en train de plancher sur une loi régissant le télétravail.

Formation des jeunes entrepreneurs

Etre entrepreneur cela s’apprend. La moyenne d’âge des start-uppers est très jeune. En effet, pour la plupart, il s’agit de jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs ou également de jeunes génies qui veulent développer leur idée. Amina Zeghal, Directrice de l’université Dauphine/Tunis, affirme qu’une formation spécifique doit être développée dans les universités. D’après elle, cette formation doit contenir des cours de marketing ou encore de management.

Ainsi, plusieurs universités tunisiennes pensent à développer ces cours. Des cours dispensés « à la carte », selon le besoin de chacun.

Wissal Ayadi