L’après pandémie : Le syndrome du stress post-Covid guette les Tunisiens

20-04-2020

« L’après pandémie sera marqué par des changements socio-culturels, car il s’agit de la première pandémie universelle. L’ennemi est invisible pour toute l’Humanité touchée par le Covid-19, ce qui augmenterait la confusion. En effet, cette catastrophe sanitaire ne ressemble en aucun cas aux catastrophes naturelles dont les effets sont plus ou moins prévisibles ».

C’est ce qu’a expliqué Sondes Garbouj, psychologue et ancienne présidente d’Amesty International, lors d’un Webinar organisé par Friedrich Ernest Stiftung, sur « L’après pandémie ».

« Le fait d’opter pour le confinement sanitaire global pour limiter la propagation du virus a un impact psychologique. C’est une étape « exotique ». Même s’il s’agit de vacances inattendues, au bout d’une semaine d’autres facteurs interviennent, comme l’ennui, la claustration, le changement de rythme, et la difficulté d’adaptation avec le contexte actuel… », ajoute-t-elle.

« En plus, nous ne réagissons pas psychologiquement de la même manière face au confinement. L’équilibre psychologique des individus est touché, les relations personnelles et interpersonnelles sont mises en péril. Les statistiques ont confirmé cela ; l’enfermement a tendance à stimuler la violence et l’agressivité, notamment la violence faite aux femmes ».

 Ce contexte épidémiologique a, par ailleurs, augmenté la spéculation, l’avidité, l’excès d’individualisme,  et les sévices écologiques, a-t-elle souligné.

Selon Garbouj, « ceci engendrera des effets sociaux généralisés. Toute la société subira « le syndrome du stress posttraumatique ». L’après confinement, sera vécu à travers un nouveau regard sur l’extérieur.

L’anxiété, la peur, la dépression, et l’insécurité, s’avéreront comme des réactions innées, suite à cette longue distanciation sociale. Même les endroits publics, comme les cafés, qui représentaient autrefois le seul refuge pour certaines personnes, ne seront plus perçus comme avant. L’intérieur regagnera d’importance ».

« Toutefois, on peut atténuer l’intensité de ce syndrome, en gérant le deuil de sa vie antérieure », suggère-t-elle. « L’Etat doit par ailleurs aider la société à surmonter son traumatisme en donnant notamment des pronostics clairs, et en synchronisant les discours pour éviter toute confusion dans cette situation délicate ».

« Les plus touchées psychologiquement par cette pandémie, sont les personnes qui ont une intolérance à la frustration, comme la population défavorisée, vivant dans la précarité, les personnes souffrant d’un handicap, et celles étant psychologiquement fragiles », a conclu l’ancienne présidente d’Amnesty International.

Emna Bhira