Tunisie/ Rapports Fakhfakh : Les hauts fonctionnaires de l’Etat condamnent « la vindicte » du gouvernement démissionnaire

19-07-2020

Le syndicat national des conseillers des services publics (SNCSP) dénonce « les pratiques abusives contre l’administration qui ne sert l’intérêt d’aucune partie en cette circonstance critique de l’histoire du pays, mais approfondit le hiatus entre l’administration et les politiques, et créé un climat tendu qui est de nature à attenter à l’action du service public et à le bloquer d’une manière irrattrapable ».

Dans un communiqué rendu public dans la nuit de samedi à dimanche, dans la foulée de la publication des rapports sur l’affaire Fakhfakh, le SNCSP appelle « les gens conscients et éclairés à intervenir en vue d’éloigner l’administration des tiraillements politiques et d’empêcher les abus contre les administratifs dans le cadre de règlement de comptes ».

Le communiqué du syndicat intervient suite au « limogeage du président du comité du contrôle d’Etat par le ministre d’Etat chargé de la fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption (Ndlr : Mohamed Abbou), sans raison avérée, ce qui pourrait constituer une transgression de la loi, en termes des prérogatives imparties au gouvernement dans les cadre de l’expédition des affaires courantes ».

Le syndicat ajoute que « le ministre a publié un explicatif selon lequel le haut fonctionnaire n’a pas été démis de ses fonctions, mais il sera muté et appelé à d’autres fonctions, dans le cadre d’un mouvement intégral, ce qui constitue une justification incohérente et non convaincante et une reconnaissance claire d’avoir outrepassé les prérogatives précitées ».

« Les soupçons de conflits d’intérêt et le travail des instances de contrôle à enquêter dessus avec impartialité et objectivité, chacun dans le cadre de sa spécialité, est devenu un subterfuge exposant les hauts cadres de l’Etat à des actes de vindicte et de harcèlement »,  déplore-il.

Le syndicat ajoute avoir « des informations quasi-certaines sur de nombreux limogeages à venir dans les rangs des hauts cadres de l’Etat, dans une tentative désespérée de couvrir ce qui se trame dans les coulisses. » « Personne n’est au-dessus de la loi et tous les fautifs doivent rendre des comptes », souligne-t-il.

Le SNCSP met en garde contre « la gravité de vider l’administration de ses compétences, pour laisser la place aux règlements de comptes, contre celui qui n’aura pas été malléable et coopératif dans le traitement des dossiers, selon les desiderata ».

Les hauts fonctionnaires de l’Etat pointent « une liquidation méthodique de personnes bien déterminées pour ne pas avoir servi des fins politiques, et pour s’être attachées à la loi, étant persuadées de leur rôle au service de l’intérêt général. Comme il en était déjà le cas, à travers la révocation de responsables et cadres compétents par des méthodes indignes et humiliantes envers les élites de l’administration publiques ».

Gnetnews