Tunisie : Fakhfakh serait-il contraint de se retirer et de déléguer ses pouvoirs à l’un de ses ministres ?

18-07-2020

La parution des rapports de l’instance générale des services publics, et de la direction générale des impôts, hier vendredi 17 juillet, à deux heures d’intervalle, sont compromettants pour le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh, dans la mesure où ils relèvent des irrégularités dans les appels d’offres et les marchés conclus entre l’agence nationale de gestion des déchets et la société Valis.

Le rapport de la DGI relevant du ministère des Finances a porté sur les appels d’offres et les marchés conclus entre l’agence, et le groupement Soteme/Valis/Serpol, et puis avec seule la société Valis pendant la période 2016/ 2020.

La DGI a révélé de nombreuses anomalies, liées notamment à la transgression de la loi des marchés publics, le non passage par le système d’achat public en ligne (TUNEPS), le non-respect des clauses du cahier des charges, et une certaine souplesse de l’agence envers ces irrégularités.

Le rapport de la direction des impôts reproche-t-il aussi à l’agence de ne pas avoir réclamé des garanties financières de la société Valis pour s’assurer de l’accomplissement du marché.

Les deux rapports techniques et très détaillés ont tâché de montrer la légalité d’octroi des marchés, la régularité des appels d’offres, sans néanmoins statué sur les soupçons de conflits d’intérêts visant Fakhfakh, l’affaire étant en examen par le pôle judiciaire économique et financier.

Même si ces manquements remontent, dans leur majeure partie, bien loin à une période antérieure où il était aux responsabilités – Elyes Fakhfakh a accédé à la Kasbah le 28 février dernier –  ils risquent de lui nuire davantage et de l’affaiblir.

Ses alliés au sein du gouvernement, le courant démocrate, le mouvement du peuple et Tahya Tounes, se sentiraient certainement embarrassés à le soutenir après les conclusions de ces rapports, d’autant qu’ils aspirent imposer chacun, ou peut-être ensemble, leur candidat à sa succession.

Attayar de Mohamed Abbou a annoncé que son Conseil national allait se réunir demain dimanche pour rendre une position envers ces deux rapports, une fois il les aura examinés.

Le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh, sera-t-il obligé de se retirer et de déléguer ses pouvoirs à l’un de ses ministres ?

Quoi qu’il en soit, ce gouvernement d’expédition des affaires courantes n’aura pas fini avec les rebondissements, après le limogeage maladroit des ministres d’Ennahdha, Fakhfakh risque de ne pas être celui qui passerait le relais à celui qui lui succédera.

Pourvu que l’on ne se trompe cette fois-ci de casting et qu’on puisse choisir l’homme de la situation à même de désamorcer les tensions, de pacifier le climat, et de fédérer plutôt que de diviser.

H.J.