A Carthage et ailleurs : Municipalité et société civile se démènent pour garantir des plages propres (Reportage)

30-07-2021

Décidément cet été 2021 ne ressemble à aucun autre… Déjà que la crise du Covid-19 avait chamboulé le programme des vacanciers, la crise politique n’a fait qu’accentuer ces changements. En effet, l’annonce d’un couvre-feu à 19h et l’interdiction des déplacements entre les gouvernorats jusqu’au 27 août prochain a fait tomber à l’eau tout espoir de passer des grandes vacances normales. 

De nombreux Tunisiens ont annulé leur séjour en hôtel ou leur réservations de villas privées en bord de mer. Pour les chanceux habitants près des côtes, seule solution, se baigner sur les plages de leur ville.

Avec la chaleur de ces derniers jours, les plages de Tunisie voient donc affluer les baigneurs par milliers. L’enjeu pour les municipalités est ainsi de taille puisqu’elles doivent procéder à des opérations de nettoyage afin que les plages puissent être propres.

La pollution sur les plages est un fléau qui ne cesse de grandir. Déchets plastiques, verres et organiques nuisent à la beauté de nos côtes, et ce même dans les endroits les plus sauvages. Ajouté à cela, le rejet sur les plages de déchets venus de la mer Méditerranée, une des mers les plus polluées au monde.

C’est donc un combat contre lequel se battent les villes mais aussi et surtout la société civile. Nous avons rencontré ces acteurs engagés dans la lutte contre la pollution marine.

L’incivilité, principale cause de la pollution

Carthage, ville archéologique de la banlieue nord de Tunis accueille chaque jour pendant l’été entre 3000 et 5000 baigneurs.

Un chiffre qui peut atteindre les 10.000 pendant les week-end. Avec une côte de 3km, seul 1,2 km sont dotés d’une plage. Les plus grandes étant celles de Salambo et Amilcar.

Afin de comprendre comment le nettoyage des plages est réalisé, nous avons pu rencontrer Mme Hayet Bayoudh, maire de Carthage ainsi que le Directeur technique de la ville, M. Abbes.

L’entretien des lieux de baignade est une compétence qui revient aux municipalités mais aussi à l’APAL, l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral. M. Abbes nous explique que les premières opérations ont été entreprises par cette dernière depuis le mois de mars. Le rôle de l’APAL consiste dans le retournement du sable, ainsi que le criblage de celui-ci. Des opérations répétées pas moins de six fois par mois afin de garantir de le meilleur résultat. A noter que la municipalité de Carthage paye une taxe à l’APAL pour l’occupation des plages.

Plage de SALAMBO / Carthage
Plage de AMILCAR / Carthage

De son côté, la commune s’occupe des travaux de nettoyage. « Carthage est considérée comme une plage relativement propre car nos équipes tournent tous les jours », indique Hayet Bayoudh. Malgré ces efforts, la maire de Carthage affirme que les déchets sont toujours présents à cause de l’incivilité des baigneurs, générant ainsi des frais importants pour la municipalité. En effet, pas moins de 30.000 DT sont dépensés chaque année en ressources humaines (emplois saisonniers) afin de ramasser les détritus laissés par les usagers. Une somme considérable pour le budget de la ville. « Polluer coûte cher. Alors il faut la préserver », lance Mme Bayoudh.

Ainsi, l’incivilité de certaines personnes nuit à la qualité de la station balnéaire. Pourtant, la commune a installé une quarantaine de poubelles entre Salambo et Amilcar. « Les poubelles sont systématiquement volées ou cassées », déplore le Directeur technique.

Et il n’y a pas que les poubelles qui sont vandalisées puisque les cabanes en bois des maîtres nageurs sont parfois retrouvées arrachées et jetées à la mer.

Le rôle essentiel de la société civile

Pallier à l’immobilisme de l’Etat en matière de pollution des plages, tel est l’objectif de certaines associations qui se sont engagées à embellir le paysage urbain mais aussi côtier. Parmi elle, il y a Tounes Clean Up. C’est lors d’un séjour en camping au Cap Negro, zone réputée vierge, que quelques amis ont eu l’idée de rassembler des bénévoles afin de nettoyer les plages après avoir constaté l’ampleur de la pollution dans des endroits même reculés.

Jalel Bouslah est l’un d’entre eux. Il est aujourd’hui secrétaire général de Tounes Clean Up. « L’aventure a démarré en 2018, et depuis nous avons pu mobiliser plus de 30.000 bénévoles à travers tous le pays », nous dit-il.

Ainsi, le rendez-vous est donné via les réseaux sociaux chaque dernier dimanche du mois afin de procéder au ramassage des déchets. « Nous balisons une zone. Nous prenons contact avec la municipalité dont elle dépend afin d’avoir de l’aide », explique Jalel. Un travail colossal qui réunit des centaines de personnes, de tout âge et de tout milieu social, qui récoltent les déchets de façon manuelle.

D’après Bouslah, dans la banlieue Nord de Tunis, trois types de déchets ont pu être observés. D’abord il y a les déchets verre qui représentent 50%. « De nombreuses personnes viennent passer des soirées sur les plages et laissent leurs bouteilles d’alcool sur le sable ».

L’association ne fait pas que ramasser, elle s’attache également à trier. Ainsi, Tounes Clean Up a conclu un partenariat avec la société SOTUVERRE afin que cette dernière revalorise ces déchets en verre.

Autre fléau, celui du plastique qui jonche les plages (30%). Ce dernier est également recyclé grâce à l’association Tunisie Recyclage qui se bat pour la mise en place du tri sélectif.

Viennent en dernier lieu les déchets dits organiques (20%). Ici, c’est la municipalité qui se charge de les récolter dans les camions bennes.

Selon Jalel Bouslah, la sensibilisation est le travail le plus important de l’association. « Nous devons sensibiliser les Tunisiens dès le plus jeune âge. D’ailleurs nous incitons les bénévoles à venir accompagnés de leurs enfants ». Le militant écologiste essaye d’inciter les municipalités à mettre en place des poubelles enfouies afin qu’elles ne puissent pas être vandalisées.

Wissal Ayadi

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Felicitations et encouragements pour la suite…..