A part les Emirats et l’Iran, la pénétration de l’argent mobile est faible dans les pays de la région MENA (Banque mondiale)

17-03-2022

La numérisation complète de l’économie pourrait entraîner une augmentation du PIB par habitant d’au moins 46 % sur 30 ans, ce qui représenterait à long terme un gain estimé à au moins 1 600 milliards de dollars pour la région, souligne un rapport de la banque mondiale. Dès la première année, estime le rapport, le gain de PIB par habitant s’élèverait à près de 300 milliards de dollars. Les gains de croissance seraient plus marqués dans les pays à faible revenu, où ils atteindraient au moins 71 %, sachant qu’ils découlent de la réduction de la fracture numérique et que celle-ci est moins prononcée dans les pays à revenu élevé.

« Les bénéfices du passage à une économie plus numérique sont exponentiels et les gouvernements devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éliminer les obstacles qui freinent cette transition. Les gains seront d’autant plus importants que la transition est rapide, souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Une transformation numérique créerait des emplois dans une région où le taux de chômage atteint un niveau inacceptable, en particulier chez les jeunes et les femmes. Avec un effort concerté, il est possible de changer la donne.»

Le rapport met en évidence un paradoxe propre à la région MENA : alors que le niveau d’adoption des réseaux sociaux par la population est élevé par rapport aux niveaux de PIB par habitant, l’usage d’internet et des outils numériques, tels que les paiements par téléphonie mobile, n’est pas à la hauteur des attentes. Environ 66 % des habitants de la région MENA utilisent internet, contre seulement 61 % en Amérique latine et Caraïbes et 54 % en Asie de l’Est et Pacifique.

En revanche, le taux d’utilisation des paiements numériques dans les pays en développement de la région MENA (c’est-à-dire sans tenir compte des États membres du Conseil de coopération du Golfe) se situe à 32 %, alors qu’il atteint 43 % en Amérique latine et Caraïbes. En outre, dans la plupart des pays de la région (à l’exception de l’Iran et des Émirats arabes unis), la pénétration de l’argent mobile est inférieure à ce qu’elle pourrait être, compte tenu de leurs niveaux de revenu. À titre d’exemple, la part de la population disposant d’un compte d’argent sur mobile dans les pays du Golfe (21 %) est inférieure à celle de l’Afrique subsaharienne (24 %).

Cette réticence envers le recours aux technologies numériques pour les transactions financières est probablement imputable au manque de confiance de la société à l’égard de l’administration publique et des sociétés commerciales. Elle s’explique aussi par des réglementations qui compliquent la transformation numérique. Sur ce plan, le rapport préconise notamment d’ouvrir davantage le marché des télécommunications à la concurrence, ce qui pourrait contribuer à accroître l’offre et l’utilisation de l’argent mobile et des paiements numériques et, de surcroît, à améliorer l’inclusion financière en élargissant l’accès aux comptes courants.

Des mesures sont également nécessaires pour mettre en place un cadre réglementaire plus solide et propice au développement de l’e-commerce, notamment en ce qui concerne les systèmes de signature électronique, la protection de la confidentialité des données et la cyber-sécurité.

D’après rapport de la banque mondiale