Covid-19 : Les économies africaines fortement touchées par la pandémie, la Tunisie n’est pas épargnée

10-04-2020

 « La pandémie en Afrique durerait 8 mois, à compter de mars jusqu’au mois d’aout 2020. Le Coronavirus a duré 4 mois en Chine (décembre-mars). Il est prévu qu’il s’étalera sur 6 mois en Europe et aux Etats Unis (février –juin). Le paramètre clé serait l’efficacité des mesures qui ont été ajoutées à la capacité infrastructurelle pour évaluer la durée possible de la pandémie dans ces différentes régions ».

C’est ce qu’a révélé le chef exécutif de l’association germano-africaine, « Association africaine des entreprises allemandes », Christoph Kannengieber, lors d’une vidéo-conférence organisée par German Health Alliance et Afrika-Verein sur « l’impact du COVID-19 sur les pays Africains », d’un point de vue sanitaire mais aussi économique.

Christoph Kannengieber a souligné que dans le meilleur des cas,  l’Afrique peut vivre un deuxième scénario pandémique. Soit une durée de 5 mois de contamination en Afrique, jusqu’au mois de juillet, pour que la courbe de propagation soit stabilisée. « Dans ce deuxième scénario, l’Afrique ne sera pas très affectée par le virus grâce aux mesures préventives prises pour endiguer la contagion », explique-t-il.

La croissance sera en baisse

« La commission économique pour l’Afrique (UNECA) suppose que la croissance des économies africaines diminuera de manière significative de 3,2% à 1,8% en 2020. En revanche, elle sera  inférieure à la croissance démographique », a ajouté le chef exécutif de l’association africaine des entreprises allemandes.

Selon lui, « actuellement la production de fleurs du Kenya s’est presque complètement effondrée car il n’y a plus de demande en Europe. Au Kenya comme en Tunisie, aux Seychelles, en Mauritanie et au Sénégal, le tourisme, l’une des plus importantes sources de devises étrangères, est au point mort ».

D’autre part, les exportations de textiles ont diminué de manière significative car il n’y a plus de demande en Europe en raison de la fermeture des centres commerciaux et des entreprises de vêtements. Ce sera le cas pour l’Ethiopie, le Kenya, et la Tunisie.

« Les exportations de pétrole, par exemple au Nigéria, continueront de baisser. Quant à l’Afrique du Sud, elle s’enfonce encore plus dans la crise, car l’économie est étroitement liée à la Chine, l’Europe et les États-Unis. Les pertes d’emplois y sont particulièrement importantes dans les secteurs minier, touristique et manufacturier ».

« Généralement, il y aura une pénurie de devises et il y aura un problème de liquidité, dans tout le continent africain. Il est prévu également, que les tensions sociales et l’insécurité augmenteront à mesure que les emplois disparaîtront », a déploré le chef exécutif « d’Afrika Verein ».

Risques économiques et sanitaires

Selon Ghazi Darghouth, président de Tunisia Health Alliance, le confinement sanitaire total et les restrictions mises en place par l’Etat, ont gelé rapidement l’économie du pays. « La plupart des petites entreprises seront incapables de payer leurs employés en fin du mois d’avril, même si le pic est prévu au début du mois de mai », déplore-t-il.

Il existe un grand nombre de personnes ayant un travail journalier, qui n’auront pas de quoi nourrir leurs familles. Les citoyens commencent à défier le confinement sanitaire général, ce qui pourrait engendrer la propagation du virus, et affaiblir la capacité d’accueil des hôpitaux, et du système sanitaire en Tunisie.

Ghazi Darghouth a appelé à une collaboration tuniso-allemande, pour aider la Tunisie. Selon lui, « Les hôpitaux publics ont besoin de lits supplémentaires dans les urgences. Il faudra fournir des moyens de dépistage massif à la Tunisie pour pouvoir alléger les mesures restrictives, et créer un partenariat germano-tunisien en matière de textile pour produire les équipements de protection…

Emna Bhira