Tunisie/ Aguereb : Le collectif « Menich Msabb » raconte le drame d’une ville à l’agonie

11-11-2021

Les tensions dans la localité de Aguereb ne cessent de monter en puissance. Les manifestations contre la fermeture de la décharge publique de la ville sont de plus en plus violentes et ont atteint leur paroxysme après la mort d’un protestataire, il y a deux jours, asphyxié par le gaz lacrymogène.

Ainsi, le collectif « Menich Msabb » (« Je ne suis pas une décharge ») a décidé d’organiser une conférence de presse, ce jeudi 11 novembre dans les locaux du Syndicat national des journalistes tunisiens. Quatre membres de ce collectif sont venus dénoncer la catastrophe environnementale qui est est en train de se passer à Aguereb, mais également le non respect de la décision de justice quant à la fermeture de la décharge.

C’est les larmes aux yeux que Chokri Bahri, habitant de Aguereb et activiste environnemental au sein du collectif « Menich Msabb » est venu dénoncer une situation devenue irrespirable. « A cause de la pollution, le nombre de cas de cancer a augmenté, ainsi que les maladies respiratoires chez les adultes mais aussi chez les enfants. Certains ont des maladies de la peau. L’eau est polluée également. Nous mourons à petit feu sans que personne ne fasse quoique ce soit », crie-t-il avec force.

Il explique, par ailleurs, que ces décharges accueillent des déchets très dangereux comme les déchets médicaux, ou des produits dangereux provenant des usines et industries.

Selon le collectif, une décision de justice datant de 2019 avait été émise pour la fermeture immédiate de la décharge. Or, depuis elle est toujours ouverte. « A la base, quand la décharge a été mise en place en 2008 elle devait fonctionner seulement pendant 5 ans. Depuis 2013, nous demandons la fermeture du dépotoir. Nous demandons le droit de vivre et de respirer, rien de plus », souligne-t-il.

De son côté, Maamoun El Ajmi, également militant indique que le non-respect de la décision de justice revêt en réalité un soupçon de corruption. « Les partis politiques en place à l’époque ont préféré servir leurs intérêts au profit des lobbys des déchets », nous dit-il.

« Nous ne pouvons plus vivre à Agareb. Aujourd’hui il n’y a que deux solutions. Soit la décharge ferme, soit on délocalise les habitants dans d’autres villes pour que nous puissions à nouveau respirer et espérer vivre! », lance le militant.

La mort du jeune Abderrazek Lachheb ce mardi n’a fait qu’attiser les tensions dans la région. Ils sont nombreux à imputer son décès aux forces de l’ordre ayant fait usage de gaz lacrymogène afin de disperser la foule. Dans un communiqué, le ministère de l’intérieur s’en est défendu et affirmé que la victime était décédée à son domicile. « Abderrazek a été victime de gaz », affirment les membres du collectif « Menich Msabb ». Avant d’ajouter qu’ils avaient même assisté à des tirs de chevrotine en direction des manifestants.

Retrouvez dans la video ci-dessus les déclarations du collectif « Menich Msabb ».

Wissal Ayadi