Tunisie : Une personne sur six est atteinte d’allergie, la plus fréquente est celle aux acariens

27-02-2023

Nez qui coule, yeux rouges et larmoyants, éternuements, congestion nasale, maux de tête et toux… A l’arrivée du printemps, ces symptômes vont commencer à apparaître chez les personnes allergiques.

Plus communément appelé le « rhume des foins », il est principalement causé par la pollinisation des plantes et des arbres, en particulier les arbres fruitiers et les céréales. Pourtant, l’allergie la plus courante en Tunisie reste celle aux acariens.

Afin de faire le point sur les allergies, Gnetnews s’est entretenu avec le Pr Habib Ghedira, pneumologue/allergologue, Professeur de Pneumologie, Ancien Chef de Service de Pneumo-Allergologie à l’hôpital Abderrahmane Mami à l’Ariana.

Qu’est ce que l’allergie?

L’allergie est une réaction inappropriée du corps qui réagit contre des choses, qui ne sont pas en soi dangereuses, mais agissant comme si elles étaient menaçantes. En évoluant dans notre environnement, le système immunitaire est censé avoir acquis, sur plusieurs générations, dans sa mémoire génétique, ce qui est réellement menaçant comme les bactéries, les virus, etc…

« L’organisme développe des tolérogènes qui font que nous tolérons les allergènes. Chez les personnes souffrant d’allergie, elles ne tolèrent pas ces allergènes », nous dit le Dr Ghedira.

Selon ce dernier, toute allergie confondues, une personne sur six est atteinte d’allergie en Tunisie.

« Ce sont surtout des manifestations ORL et ce qui inquiète c’est qu’elles peuvent se transformer en asthme chronique pouvant générer des complications vitales si ce n’est pas bien traité ».

Pr Habib Ghedira

L’allergie la plus répandue est l’allergie aux acariens

L’allergie la plus fréquente est l’allergie aux acariens. Les acariens sont des petites bêtes invisibles à l’œil qui vivent à l’intérieur de nos maisons et qui sont allergisantes par les protéines qu’ils ont dans leurs corps, autrement dit, des gènes qui induisent de l’allergie.

Elles évoluent surtout au niveau de la poussière notamment dans les tapis, les matelas, les oreillers. En les inhalant, les personnes allergiques vont développer des symptômes. C’est ce qu’on appelle, l’atopie qui a une prédisposition génétique au développement cumulé d’allergies courantes elles-mêmes dites « atopiques Â» (dermatite atopique, eczéma, asthme, rhinite allergique, qui peut prendre la forme du « rhume des foins Â» ou d’une sensibilité aux acariens, etc.).

Pr Ghedira nous indique qu’il y a plusieurs types d’acariens. Les plus courants sont les « dermatophagoides » qui se nourrissent essentiellement de la peau morte. « On les retrouve dans tous les logements. Il sont favorisés  par la présence de chauffage, par le manque de ventilation, l’humidité. Ce qui les tue c’est soleil et ce qui les aspire c’est l’aspirateur ».

Toutes les interventions pour diminuer la concentration des allergènes pour réduire le développement des allergies n’ont pas donné de résultats efficaces car le médecin rappelle que l’allergie est multifactorielle. « Il n’y a pas que l’exposition  à l’allergène lui même, le patient peut avoir une prédisposition, notamment une phase hormonale, le stress, la pollution, le tabagisme ou même le tabagisme passif… Tout ce qui irrite les bronches permet aux allergènes d’entrer plus facilement dans l’organisme », poursuit-il.

C’est une allergie observable toute l’année. Les symptômes peuvent apparaître au niveau du nez ou des yeux. En l’absence de traitement, cela peut se transformer en asthme ou rhinite chroniques.

Allergies de printemps: 4% des Tunisiens allergiques au pollen d’olivier

Contrairement à l’allergie aux acariens qui s’opère à l’intérieur des maisons, les allergies du printemps, surviennent dehors.

Elles  apparaissent entre les mois de février et juin et sont le résultat notamment d’une réaction aux cultures fourragères (aliments pour bétails), en abondance en Tunisie et dont les pollens sont très volatiles et peuvent être transportés jusque 150km en cas de vent.

« En Tunisie, la présence importante de la culture des oliviers est un facteur important d’allergie. Il faut savoir qu’en Tunisie, environ 4% de la population est allergique au pollen d’olivier dont la pollinisation s’opère entre décembre et mai ».

Voici quelques conseils pour réduire les symptômes de l’allergie au pollen :

– Évitez les endroits où les niveaux de pollen sont élevés, comme les parcs ou les jardins.

– Évitez de sortir les jours où les niveaux de pollen sont élevés, généralement les jours secs et venteux.

– Gardez les portes et les fenêtres fermées pour éviter que le pollen n’entre dans votre maison.

– Utilisez un climatiseur avec un filtre à air pour réduire la quantité de pollen dans votre maison.

– Évitez de frotter vos yeux, car cela peut aggraver les symptômes.

– Lavez-vous les cheveux et changez de vêtements après avoir passé du temps à l’extérieur.

Il est également recommandé de consulter un allergologue pour obtenir des conseils spécifiques et des traitements appropriés pour votre cas particulier.

Diagnostique

Comme mentionné plus haut, le traitement de l’allergie est nécessaire afin d’éviter tout développement de la maladie qui pourrait entraîner des symptômes plus graves et qui peuvent devenir chroniques.

Ainsi, les allergologues procèdent en premier lieu à un interrogatoire qui permet d’établir la périodicité de ces allergies et les environnements dans lesquels elle se manifestent. Par la suite, un test cutané est réalisé afin d’affiner ce diagnostic. « On applique sur la peau une solution qui contient des allergènes. En cas de résultat positif, la peau aura une réaction de gonflement », nous dit le Professeur Ghedira.

« Il est également possible de détecter les allergies à travers le sang puisque les allergènes quand ils sont actifs chez un patient, produisent des immunoglobulines de type E (IgE) qui sont responsables de l’allergie », ajoute le Pr Ghedira.

Traitements

Il existe plusieurs formes de traitements en fonction de l’allergie en question. Le Dr Ghedira, nous explique dans un premier temps que le  traitement peut être local à l’instar  des corticoïdes pour le nez ou pour les bronches afin de calmer la réaction inflammatoire. « Si les symptômes sont accompagnés d’asthme on peut ajouter des broncho-dilatateurs ».

Il y a également des traitements qui servent à calmer l’allergie. « La substance qui la provoque à l’intérieur de l’organisme est l’histamine. Donc on peut prescrire ce qu’on appelle des anti-histaminiques, sous forme de pilules ».

Pour les personnes qui ont moins de quarante ans et qui sont mono-sensibilisés (qui sont allergique à un seul type d’allergène), il est possible de leur faire faire une hyper-sensibilisation. « Il s’agit de faire revenir la tolérance aux allergènes en introduisant des doses progressives de l’allergène responsable (gouttes sous la langue) », souligne le Dr Habib Ghedira.

A noter que ce traitement peut s’étaler sur 3 années avant de donner un résultat efficace et faire disparaître l’allergie.

Enfants

La détection d’une allergie ne peut pas vraiment être détectée tout petit. Mais on peut reconnaître une atopie, notamment chez les enfants qui font de l’eczéma atopique, souvent au niveau des plis de la peau (joue du visage, genoux, aisselles…). La peau sèche est également généralement un signe d’atopie.

« C’est réellement à partir de trois ans que l’on peut détecter une allergie et les tests sont réalisés à partir de 5 ans ». Avant les trois ans, les tests ne donnent pas de résultats fiables car l’enfant n’a pas assez été exposé à l’environnement.

Wissal Ayadi