Tunisie/ Bien-être au travail : Un concept en vogue pour améliorer la productivité des salariés (Enquête)

06-06-2022

Et si le travail était vraiment la santé ? Depuis quelques années de nombreuses entreprises dans le monde ont décidé de révolutionner la notion du travail. Ainsi, l’idée du « bien-être au travail » a vu le jour au sein de certaines sociétés qui y ont vu une manière d’accroître la productivité de leurs employés.

En Tunisie, cette pratique sociale est de plus en plus exercée afin d’être plus attractif pour le recrutement et de développer au mieux les activités de l’entreprise.

Inès, heureuse au travail

Quand le réveil sonne le lundi matin, malgré un week-end de répit, cette journée est pourtant toujours considérée comme la plus difficile de la semaine. Mais pas pour Inès, employée dans un multinationale dans le domaine pharmaceutique. Dans cette entreprises étrangère où elle évolue tout est fait pour que les employés se sentent bien. Le lundi c’est jour de brunch. Un grand petit déjeuner est offert, garni de produits 100% bio afin de garder la forme.

« Ca fait du bien d’arriver au bureau et de pouvoir prendre un moment pour réaliser que nous sommes de retour et d’échanger un peu avec les collègues avant de commencer sa journée », nous dit-elle.

Cadeaux pour les grandes occasions (Aïd, fin d’année…), abonnement d’un an gratuit à une salle de sport, goûters et salle de repos. On pourrait croire à un club de vacances, et pourtant il s’agit bien d’une grande entreprise.

Pour Inès, il s’agit là d’une preuve de reconnaissance qui, selon elle, est la chose qui manque le plus dans le culture du travail en Tunisie. « Grâce à cette ambiance, on sent vraiment un sentiment d’appartenance, qui est une notion essentielle pour accomplir sa tâche le mieux possible », indique la jeune femme.

En ce qui concerne les horaires, là aussi, la flexibilité est de mise. « Nous pouvons choisir soit de travailler au bureau, soit depuis chez nous, et ce quand nous le voulons. En cas de télétravail, la boîte nous met même à disposition des ordinateurs de bureau avec une chaise qui permet un meilleur confort », assure Inès.

Une politique volontariste pour fidéliser les employés

Parmi les entreprise ayant adopté le bien-être au travail en Tunisie, la société Teleperformance. Il est le leader mondial des services aux entreprises en solutions digitales intégrées. Présent en Tunisie depuis 2000, Teleperformance Tunisie emploie près de 7 500 collaborateurs sur ses centres du grand Tunis et de Sousse.

A la tête de ce vaste programme, on retrouve Tatiana Marchand Dellech qui occupe le poste de directrice de la communication, du bien-être et RSE.

« La notion de bien-être au travail a été menée sous l’impulsion de la direction en Tunisie mais aussi du groupe qui avait une réelle volonté de développer cette idée », nous dit-elle lors d’un entretien accordé à Gnetnews.

Elle explique que la réussite des programmes qui y sont dédiés sont une fierté pour l’entreprise et tous les employés. « Nous organisons régulièrement des formations pour nos managers afin qu’ils améliorent le capacités à gérer les équipes. L’une d’entre elle s’appelle le Manager bienveillant ».

Tatiana Marchand Dellech avec les équipe de Teleperformance

En effet, le travail aujourd’hui n’est plus le travail d’hier. Les modes de recrutements et les process de travail ont complètement changé. « Si les hiérarchies au niveau des postes sont toujours d’actualité, les niveaux d’échanges  sont, eux revenus à un modèle plus égalitaire. Nous sommes tous sur le même piédestal. On ne parle plus de « boss », mais de leader », souligne Tatiana.

De nos jours, pour être recruté, puis être performant au travail, les seules compétences techniques ne suffisent plus. Salariés et manager doivent développer des qualités non professionnelles telles que la créativité ou l’empathie. C’est ce qu’on appelle les « soft skills ».

« Lors de nos entretiens d’embauche, nous attachons une importance particulière à la fibre relationnelle du candidat pour savoir s’il pourra s’intégrer au sein des équipes afin de préserver les harmonies. C’est ce qui nous permet également de repérer des talents et non plus des profils », ajoute la responsable communication et bien-être.

Pour assurer de bonnes conditions de travail aux salariés, Télé-performance mise sur un package complet. Ainsi, au-delà du salaire intéressant, il s’agit de proposer des avantages sociaux comme une infrastructure moderne et bien équipée, des tickets restaurant, une salle de sport pour évacuer le stress…ainsi que des primes financières en cas par exemple, de naissance, de décès, un prêt prélevé sur salaire lors de la fête de l’Aïd ou encore un fond social qui permet d’aider les employés en cas de coup dur.

Il y a également un service de médecine du travail autonome à l’entreprise qui permet aux employés de consulter à tout moment. Sans parler des événements sportifs et culturels qui sont régulièrement organisés pour favoriser l’entente entre les collaborateurs.

Et le résultat de ces investissements n’est pas vain. Selon Tatiana Marchand/Dellech, plusieurs indicateurs permettent de mesurer l’impact de ces actions. Parmi eux, le taux d’absentéisme, le taux de turnover et celui de l’engagement. « Sept ans en arrière, nous pouvions renouveler nos équipes par deux fois…aujourd’hui nous nous situons à environ 30% de turnover », affirme la responsable. Enfin, au niveau du groupe dans le monde, 85% des collaborateurs recommandent l’entreprise.

Cette politique tournée vers l’humain a valu à Teleperformance les récompenses de « Great Place to Work » et de « Best Place to Work ».

Le label Best Place to Work

En Tunisie, depuis 2015, la certification « Best Place to Work », récompense chaque année la meilleure entreprise où il fait bon vivre. En 2022, c’est la société Novo Nordisk qui a obtenu la première place.

Pour en savoir plus, nous avons pris contact avec Hamza Idrissi, chargé des projets de certification chez « Best Place to Work ». Il gère, entre autres, la partie Afrique. « En Tunisie c’est un concept qui est au cœur des stratégies des entreprises depuis ces dernières années. Au départ on voyait un intérêt au niveau des multinationales, mais on voit de plus en plus d’entreprises tunisiennes vouloir entreprendre cette démarche », nous dit-il.

Hamza Idrissi / Best Place to Work Tunisia

Par ailleurs, Hamza Idrissi, explique que de nos jours les entreprises ont des difficultés à recruter des talents. « La qualité de vie dans l’entreprise est devenue très importante », a-t-il ajouté.

Hamza Idrissi nous explique que la certification prend en compte huit dimensions. Les voici :

« Nous faisons également une enquête auprès d’un échantillons anonyme de collaborateurs sur leur expérience dans l’entreprise ». Enfin, les équipes de « Best Place to Work » rédigent un rapport global avec des notes qui permettent d’établir un classement.

« Tout commence par l’engagement. Si l’entreprise est labellisée c’est un gage de qualité. Les bonnes pratiques permettent de réduire les taux de départ, d’attirer les talents, de récompenser les efforts et consolider les acquis. Nous faisons également des recommandations afin d’ajuster les stratégies et d’avoir une visions sur ce qui est fait de bon ou de moins bon », conclut l’expert.

Wissal Ayadi