Bizerte-Infrastructure : Des ambitions à la hausse et un budget à la baisse

13-04-2019

Le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’aménagement du territoire, Noureddine Selmi était en visite à Bizerte ce vendredi 12 avril. Objectif : vérifier l’état d’avancement des projets d’infrastructure. Le gouvernorat subira une grande métamorphose lors des deux prochaines décennies. Mais les moyens sont limités.

D’après Noureddine Selmi, cette visite était importante parce que « Bizerte est la continuité de la capitale ». Située à seulement 1h de route de Tunis, elle est de plus en plus perçue comme une banlieue de la capitale. « Dans une quinzaine d’année, elle fera sûrement partie de ce que l’on appelle le Grand Tunis », affirme-t-il. Mais l’infrastructure devra suivre le rythme de développement de la région.

Après une première étape à Menzel Bourguiba, avec la réfection de certaines routes dans le cadre du projet de réhabilitation des quartiers, le Ministre, suivi d’une cohorte de cadres venus du ministère, s’est dirigé vers la commune de Mateur et ses alentours. Une zone connue ses routes délabrées.

Démarrage de deux projets de voierie
Noureddine Selmi a ordonné le démarrage des travaux sur la route nationale n°7. Un tronçon de 59km pour un budget de 37 millions de dinars. L’autre projet concerne la route régionale n°51 avec 26km de bitume et une enveloppe de 10.8 millions de dinars.

Il y a quelques jours, les taxis de la ville de Bizerte intramuros, soutenus par des particuliers, ont observé un sit-in au niveau de certaines routes complètement délabrées. Des trous béants jonches des rues et même certaines grandes artères. Selmi dédramatise : « ces routes sont seulement un peu anciennes, et méritent un entretien plus fréquent ».

En réalité, la réhabilitation des routes coûte cher à l’Etat. Le principal problème est lié au budget : 1.2 milliard en 2019, contre 1.6 milliards en 2018. Interrogé par GnetNews, Noureddine Selmi explique : « Il faut savoir que le budget alloué à la réfection des routes ne représente que 10% du budget total du ministère. C’est peu. L’entretien des routes doit se faire tous les deux ans, mais nous le faisons que tous les 10 ou 20 ans. Nous essayons alors de prioriser ».

Pont de Bizerte : 1000 millions de dinars pour transformer la région
Après de nombreux retards et de nombreuses annonces, l’appel d’offres pour le futur pont de Bizerte aura lieu en juin 2019. Le pont sera étendu sur une distance de 9,5KM dont un viaduc de 2km au-dessus du Lac de Bizerte. Il sera érigé sur environ 60m de hauteur au-dessus du canal. Il s’agit du premier pont de cette envergure en Afrique du Nord.

Ce mégaprojet est important à la fois pour le développement économique de la région mais également l’image du pays. D’après Noureddine Selmi, « le projet va coûter environ 1000 millions de dinars ». Le ministre a par ailleurs ajouté que « ce pont est important car il va permettre un grand projet de réaménagement du territoire aux alentours de la structure ».

Il a poursuivi : « Une grande partie des problèmes fonciers sont résolus. En effet, les retards ont été en partie causés par les soucis d’expropriation des terrains. Aujourd’hui 300 lots ont été négociés avec les particuliers. Dans les prochaines semaines, les textes réglementaires relatifs au foncier, seront publiés dans le JORT ».

Pour Selmi, « ce pont nous sera un signal fort à la population qui montre que nous n’avons pas arrêté les projets à l’échelle nationale ». Il a ainsi annoncé la fin des travaux, en 2020, d’un autre mégaprojet, celui de l’autoroute reliant Tunis à Jelma.

Beaucoup de projets et d’ambition, mais un budget loin d’être à la hauteur. De nombreux programmes sont financés par des bailleurs de fonds internationaux. La Tunisie continue de s’endetter, sans croissance économique franche. La dévaluation de plus en plus importante du dinars ne fait qu’enfoncer le clou. Pour se moderniser, la Tunisie a très clairement besoin d’un nouveau modèle économique.

Wissal Ayadi