Bizerte : La Kssiba fait peau neuve, avec des façades recolorées et réhabilitées (Reportage)

01-02-2021

Jaune, bleu, et même rose… Cela en a surpris plus d’un à Bizerte. Ce sont les couleurs qui ont été choisies pour la réfection des façades de la fameuse « Ksiba ». Il s’agit du célèbre quartier du Vieux Port situé en plein cœur de la ville. Avec ses canaux qui traverse la médina, elle a été baptisée la « Venise Africaine ».

Des maisons datant des années 1880 sont toujours érigées sur les quais millénaires de ce port de pêcheurs. Afin que la Ksiba retrouve sa splendeur d’antan, la société civile a décidé de prendre les choses en main. Ainsi, l’Association de sauvegarde de la médina et l’association « C’est à vous de changer Bizerte », ont entrepris un projet de restauration de ces façades de maison.

Un projet colossal mais tout à fait réalisable grâce à la détermination de ces Bizertins qui ont voulu redonner éclat à l’emblème de leur ville.

Nous avons rencontré Amine Ben Saïd. Ce jeune trentenaire originaire de la ville de Bizerte est un architecte, membre de l’Association de sauvegarde de la médina de Bizerte. « Cette idée a été lancée par l’association C’est à vous de changer Bizerte.

« Ce sont des jeunes, bien plus jeunes que nous qui ont proposé de mener la réfection des façades et de les colorer », nous dit-il.

C’est bien sûr sans hésitation que l’association qui tente de préserver le patrimoine architectural de la ville s’est lancée dans l’aventure. « Nous n’avons reçu aucun millime de la part des pouvoirs publics. Nous avons donc fait appel à la générosité des habitants ». Et les dons ne se sont pas fait attendre. Hommes d’affaires, médecins, ingénieurs, chefs d’entreprises ou simples citoyens ont participé… Deux cent mille dinars sont nécessaires à la réhabilitation d’une vingtaine de façades. Pour le moment, seules 7 d’entre elles sont terminées, d’autres sont en cours ou au programme. « Nous avançons au fur et à mesure de ce que nous avons », précise Ben Saïd.

Les travaux consistent à refaire les enduits, les peintures mais aussi les huisseries et autres éléments décoratifs en extérieur, comme les moulures et les faïences. « Derrière ces façades il y’a toute une histoire ». La première bâtisse à avoir subi des travaux est celle des locaux de l’ancienne Banque d’Algérie, et selon certains écrits, elle fut également le siège de l’ancien Consulat Italien. Tout a été refait à l’identique grâce à des recherches et également à des artisans céramistes ou plâtriers qui ont reconstitué à l’identique le bâtiment.

    

« Notre objectif est de pouvoir rendre la ville de Bizerte attractive pour les touristes mais aussi donner un carde de vie agréable aux habitants », nous explique Amine.

Autre défi, celui de convaincre les propriétaires de pouvoir toucher à leur bien. Amine Ben Saïd a appelé cela la médiation sociale. « Nous devions les convaincre que nous allions faire des travaux sur leurs propres maisons, et pour certains cela allait même modifier leur intérieur. Mais, heureusement, nous n’avons pas eu trop de blocages à ce niveau là ». Il explique également qu’avec l’achèvement des premières façades, d’autres propriétaires ont décidé de prendre les devants, en réhabilitant eux-mêmes leurs façades, alors qu’ils ne sont pas concernés par le projet.

En parlant avec les habitants du coin, ce nouveau paysage ne fait pas vraiment l’unanimité, notamment en ce qui concerne les couleurs. En effet, dans la plupart des médinas, nous sommes habitués au fameux blanc et bleu mais très rarement à du jaune ou du rose. « Ces couleurs rappellent certaines régions qui bordent le bassin méditerranéen, donc nous ne sommes pas hors sujet. Cela aura plus de sens quand toutes les façades seront terminées », souligne Amine.

En attendant la levée de nouveaux fonds, les associations collaborent également avec des associations étrangères, qui permettent de faire venir des bénévoles du monde entier, pendant les mois d’été, afin de participer au projet de réfection.

Néanmoins, le jeune Amine espère que l’Etat prendra un jour le relais, sur au moins certains aspects. Par exemple, une demande a été faite à la STEG afin de venir effectuer des travaux pour enfouir les câbles électriques qui longent les façades et qui esthétiquement gâchent le rendu final.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus notre reportage à la Ksiba de Bizerte.

Wissal Ayadi

3 Auteurs du commentaire
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Anonyme

Je pense que beaucoup de gens auraient préféré une couleur unique de façade blanche pour toutes les maisons avec les fenêtres et les portes bleues. D’ailleurs c’est comme cela que c’était quand j’étais jeune. Je me demande d’ailleurs comment la municipalité autorise en plein centre ville historique une maison jaune. La maison bleue de la chanson de Maxime Leforestier à San Francisco a été repeinte il y’a deux ou trois ans dans sa couleur d’origine pour respecter le patrimoine et l’histoire.

Anonyme

s’ils pouvaient nettoyer le port ; les eaux sont polluées et dégueulasses

Anonyme

Tant mieux! la beauté fait partie du bien-être et de la réputation.
Depuis quelques années les constructions sans aucune finition et parfois sauvages se multiplient en Tunisie.