Chahed revient sur ses rapports avec le défunt président et relate les faits du 25 Juillet

02-08-2019

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a affirmé avoir éprouvé « une grande tristesse, et une douleur à l’instar de tous les Tunisiens », suite à la disparition de feu Béji Caïd Essebsi, « un homme d’Etat et un fin-diplomate qui a passé plus de 50 ans de sa vie au service de l’Etat ». Il a ajouté avoir ressenti, en même temps « une fierté » envers ce qu’a vécu la Tunisie, en termes de transfert souple du pouvoir, où il n’y a pas eu de période de vacance, c’est l’image qui a été retenue, notamment par les dirigeants et chefs d’Etat qui étaient dans nos murs samedi dernier, a-t-il dit en substance.

Dans une interview retransmise la veille en début de soirée sur al-Wataniya, le locataire de la Kasbah a relaté les faits du 25 juillet, jour de la disparition du chef de l’Etat en exercice, où il s’est rendu à l’Assemblée et s’est entretenu avec Mohamed Ennaceur sur les modalités de la transition du pouvoir et du pourvoi de la vacance à la tête de l’Etat. Il a également évoqué la deuxième réunion qui a eu lieu dans la foulée, au palais du Bardo, sous la présidence de Mohamed Ennaceur, en sa présence, et celle des ministres de la Défenses nationale, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, et de la Justice pour préparer les funérailles nationales du défunt président.

Il a souligné que sa relation avec le disparu était bonne au cours des cinq derniers mois, signalant que « la page du différend qui les a opposés, était tournée depuis le discours du chef de l’Etat au peuple le 20 Mars dernier, et puis lors de son discours devant le congrès de Nidaa Tounes le 06 avril 2019 à Monastir, lorsqu’il a demandé aux congressistes de lever le gel sur lui », une décision prise par le bureau exécutif de Nidaa en septembre 2018.

« Je n’ai pas trahi le défunt président, ceux qui l’ont trahi, ce sont ceux qui ont volé son parti, qu’il a fondé pour réaliser l’équilibre dans le paysage politique, a-t-il lancé.

Au sujet de ses dernières rencontres avec Feu Béji Caïd Essebsi, il a exclu avoir évoqué avec le défunt président lors de son hospitalisation la question du transfert du pouvoir, contrairement à ce qu’a relayé Jeune Afrique. Le magazine panafricain édité à Paris, avait rapporté le 15 juillet dernier que « le chef du gouvernement souhaitait négocier avec président les conditions d’une vacance de pouvoir, après son hospitalisation fin juin, ce à quoi le défunt président aurait répondu  « Compromis, oui, mais compromission, jamais ».

« Il y a une vilenie politique, il y a des parties qui n’ont jamais voulu que ma relation soit bonne avec le défunt président », a déploré Youssef Chahed. « Celui qui voulait que je retourne au giron de Nidaa, et m’a laissé le choix en cela », a-t-il dit, signalant que le regretté chef de l’Etat avait une inquiétude sur l’absence d’unité au sein de la famille démocratique.

Au sujet des causes du décès du président, il a souligné qu’ »il était possible de demander au ministre de la Défense nationale de rendre public le dossier médical du défunt et les causes de son décès », signalant que sa mort était naturelle et appelant ceux qui font propager les rumeurs à présenter des preuves.

A propos de la loi portant amendement du code électoral, votée par l’Assemblée, validée par l’instance nationale de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, mais non promulguée par le défunt président, il a répliqué que c’en était fini avec cette loi, présentée « pour assainir le climat politique ». Il a exclu que la finalité de cette loi était de combattre les adversaires politiques. La vague de critique contre ces amendements était, à ses yeux, « injustifiée ». « Cette loi avait pour but d’empêcher les évadés fiscaux, ceux qui ont un casier judiciaire et les corrompus de participer à la vie politique et de se porter candidats aux élections ».

Concernant son parti, Tahya Tounes, il a estimé « n’eût été sa création, le paysage politique aurait été terrifiant ». Il a considéré « révolu » le sujet des accusations dirigées contre sa formation politique d’utiliser les appareils de l’Etat, « la Tunisie est dotée d’instances qui contrôlent une telle question, » a-t-il assuré.

Il a par ailleurs reconnu les démissions au sein de son parti, à l’instar du dirigeant Anis Ghdira, dont il a imputé la démission à la liste aux législatives, qualifiant de « difficile, » le choix des têtes de liste.

Youssef Chahed a par ailleurs défendu le bilan de son gouvernement au cours des trois dernières années, citant notamment le début du rétablissement du dinar, le recul du déficit du budget de 7% en 2016, à 3,9 % à la fin de l’année actuelle, ainsi que la réalisation d’un taux de croissance de 2,6 % en 2018…

Il a rappelé avoir été choisi par le défunt président, et avoir été chargé, avec son accession à la primature, d’appliquer le document de Carthage, et que ce n’était pas lui qui avait écrit ce document.

La Rédaction