Conférence de l’ATUGE : La situation économique et financière sous la loupe des experts

23-08-2019

A la veille des élections présidentielles et législatives, le volet économique sera, sans nul doute, très présent dans les programmes des candidats. La faible la croissance économique, le déficit de la balance commerciale qui ne cesse de se creuser, un faible niveau d’investissement, le recul du secteur industriel, une dette publique galopante, des entreprises publiques en faillite et des caisse sociales vides… autant d’indicateurs qui inquiètent les économistes et qui impactent de plus en plus le portefeuille des tunisiens. C’est dans ce contexte que l’ATUGE (Association des tunisiens des grandes écoles) a organisé ce jeudi à Tunis, une conférence-débat sur le « Dosage des politiques monétaires et budgétaire et stabilité financière de la Tunisie ».

Explosion de la masse salariale
L’analyse de la situation actuelle requiert de revoir l’historique depuis la révolution de 2011… Présent à l’évènement, Hakim Ben Hammouda, ancien ministre de l’économie et des finances explique. « De 2011 à 2016, la préoccupation a été d’éviter une forte récession, comme celle connue au lendemain de la révolution ». En effet, les pressions en termes de revendications sociales ont été à l’origine de l’explosion de la masse salariale faisant littéralement exploser le budget de l’Etat, et donnant lieu à une croissance soutenue par la consommation.

Si jusqu’en 2018, la Tunisie a obtenu les bonnes grâces du Fond Monétaire International, le pays doit aujourd’hui commencer à faire des efforts. Le gouverneur de la banque Centrale de Tunisie, Marouane Abbassi, explique que « le programme du FMI est devenu plus restrictif »

Ainsi, au cours de ces deux dernières années, le gouvernement Chahed a mis en place une politique de rigueur budgétaire. L’objectif étant de réduire les déficits et d’assainir les finances publiques via la baisse des dépenses publiques, essentiellement de la masse salariale.
Si le gouvernement a réussi à maitriser le déficit budgétaire, ce n’est pas le cas du déficit de la balance commerciale, qui reste vertigineux, causé, essentiellement, du déficit énergétique.

Le verre à moitié plein
La situation pourrait sembler chaotique, pourtant certains indicateurs montrent une relative amélioration. D’après Hakim Ben Hammouda, «la Tunisie n’est pas au bord de la faillite, mais n’a pas non plus atteint le point d’inflexion ». Pour cela, l’économiste recommande une meilleure cohérence entre la politique monétaire, menée par la Banque Centrale, et la politique budgétaire dirigée par le gouvernement.

De son côté, Marouene El Abassi, préfère « voire le verre à moitié plein ». Il n’a pas manqué de rappeler la hausse des réserves en devises passant de 71 jours d’importation (11 milliards de dinars) à la même période en 2018, à 95 jours aujourd’hui, soit 17 milliards de dinars.

Le gouverneur de la Banque Centrale a aussi fait part des « bons résultats concernant la lutte contre l’évasion fiscale ». En effet, les recettes fiscales de l’Etat sont en hausse de 17.7%. C’est ce qu’indiquent les résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat à la fin du mois de mai 2019, rendus publics par le ministère des Finances. Les revenus de la fiscalité s’élèvent à 12 milliards de dinars, contre 10 milliards l’année dernière à la même période, ils proviennent des impôts directs et indirects.

D’après Hakim Ben Hammouda, afin de poursuivre sur cette lancée, « il faut une vision claire, courageuse, audacieuse et volontariste ». L’économiste insiste notamment sur « la modernisation du recouvrement et la suppression du régime forfaitaire ».

Secteurs de développement
Invité au panel de l’ATUGE pour donner son expérience en tant qu’investisseur issu de la diaspora, Sofiene Haj Taieb a appelé la Tunisie à faire plus d’efforts pour les Tunisiens de l’étranger afin de les inciter à investir dans leur pays d’origine. L’homme d’affaires a ainsi déploré les lourdeurs administratives et le manque de vision du modèle de développement pour la Tunisie. « En tant qu’investisseur, j’aimerai connaître les secteurs à fort potentiel. Mais aujourd’hui, personne n’est capable de les lister », ajoute-t-il.

Une idée partagée par Marouane Abassi qui espère que les prochains dirigeants tunisiens sauront « faire évoluer l’environnement des affaires », à travers notamment des politiques incitatives envers les entreprises. « La stabilité de l’économie repose, en grande partie, sur les grosses entreprises industrielles. Beaucoup d’entre elles sont en difficulté. Les banques doivent les aider ».

Dans ce contexte économique difficile, la Banque Centrale et l’Etat sont intervenus, dans l’urgence, à court terme, afin de limiter la casse… Depuis un an, la BCT a relevé à plusieurs reprises son taux d’intérêt directeur, le portant à 7.75% et a élargi la marge des taux d’intérêts. De son côté, le gouvernement continue à minimiser les subventions, notamment sur l’énergie et l’alimentaire, afin de réduire le déficit commercial du pays. Malgré tous ces efforts, cela semble encore insuffisant. Les réalités monétaires, économiques et sociétales sont encore loin des objectifs escomptés.

Wissal Ayadi

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Anonyme

Experts de merde. Ben Ali n’était pas un expert et aurait pu donner des leçons de finances et d’économie à ces experts de pacotille sous lesquels le pays fut ruiné.
Léon.