Tunisie/ Climat : Grands défis, maigre participation à la COP 25 ! (Vidéo)

30-12-2019

Le monde entier s’est accordé sur un mot pour qualifier la COP 25 qui s’est déroulé à Madrid au début du mois de décembre : décevante ! Malgré une mobilisation sans précédent de la société civile en 2019 en faveur du climat (7 millions de manifestants à travers le monde), la conférence des partis a été plus politique que climatique. Si les pays les plus riches de la planète n’ont pas réussi à trouver de réel consensus, que dire de ceux en développement comme la Tunisie. Une conférence a été organisée à Tunis ce lundi, réunissant plusieurs acteurs de la société civile, afin de faire le bilan de la COP 25.

En Tunisie, la question du climat prend de plus en plus d’ampleur. En effet, devant l’urgence à laquelle fait face le pays et plus largement le monde entier, un bon nombre de militants écologistes ont décidé de se lever afin de montrer leur mécontentement face à l’immobilité flagrante du gouvernement tunisien. Ainsi, plusieurs manifestations ont été organisées mais sans réel écho.

Lors de cette COP 25, la Tunisie a été classée à la 35e place des 183 pays les plus vulnérables aux phénomènes extrêmes en 2018. Froid extrême, pluies torrentielles, sécheresse et canicule…Depuis plusieurs années, la Tunisie doit faire face à des changements climatiques auxquels, pour l’instant, seul les pays du Nord y était habitués. 

Nidhal Attia, un des plus célèbres militants écologistes en Tunisie, a rappelé que « depuis les années 70, la Tunisie a vécu une augmentation inquiétante de ses températures mais également du niveau de la mer ». Il explique que malgré ces chiffres alarmants, « le gouvernements ne fait rien afin de lutter contre ces phénomènes extrêmes ». Il ajoute que « la Tunisie se contente de signer des accords internationaux, sans pour autant les appliquer ». 

Les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture, Mokhtar Hammami et Samir Taieb, ont été les deux seuls représentants du gouvernement à s’être rendus à Madrid. Pourtant, depuis la fin de la COP, aucune communication, ni aucun rapport n’a été rendu public afin de rendre compte des négociations. Alors qu’ont-ils fait, qu’ont- ils négocié ? Personne aujourd’hui ne peut répondre à cette question. 

Raoudha Gafrej, est experte dans le domaine de l’eau et elle a fait partie de la délégation tunisienne lors de cette COP 25 en tant que société civile. Elle déplore le manque de moyens alloués à la société civile tunisienne pour la lutte en faveur de la justice climatique. D’abord, elle explique qu’elle a du se rendre par ses propres moyens à Madrid, parce que l’Etat n’a pas prévu de budget pour la société civile. Elle ajoute que « la délégation tunisienne n’était pas assez nombreuse pour couvrir tous les évènements et toutes les négociations ». Une situation qui pourrait donc expliquer l’absence totale de bilan de la part des autorités compétentes.

Sur cette question , Nidhal Attia nous dit que « la Tunisie ne s’est pas intéressée aux sujets  importants ». Il parle notamment d’une réunion concernant le fameux article 8 qui correspond au mécanisme international de Varsovie. Cet article traite des dédommagements prévus pour les pays touchés par des catastrophes naturelles. « La Tunisie n’y était pas », déplore-t-il.

Par ailleurs, le militants écologistes nous a également dit que la société civile n’a été impliquée dans la préparation de cette COP seulement 1 mois avant l’ouverture. « Nous avons été conviés à une seule réunion qui s’est déroulée à la fin du mois d’octobre ». C’est dire l’implication du gouvernement tunisien dans cette question du climat.

Lors des négociations, les pays sont classés par région. Ainsi, la Tunisie s’est logiquement retrouvée dans le groupe réunissant les pays africains. « Il est difficile de négocier quand on se retrouve dans un groupe avec 54 pays et qui plus est, n’ont pas coordonné entre eux », nous dit Raoudha Gafrej.

En somme, comme pour le monde entier, pour la Tunisie cette COP 25 sonne comme un échec. Le manque de savoir, d’implication, de moyens financiers et humains n’ont pas laissé à la Tunisie l’occasion de trouver, ne serait-ce qu’un début de solution, à l’urgence climatique à laquelle elle fait face.

De son côté, la société civile peine à trouver sa place dans le débat. Malgré les difficultés, elle continue son combat en proposant encore et toujours des recommandations qui seront peut-être un jour ou l’autre entendues. La Tunisie devra remettre son rapport fin 2020 sur ses efforts à réduire ses gaz a effet de serre. « Il ne s’agira pas de changer un mot, une phrase ou un chiffre. Nous serons là pour veiller sur la véracité du contenu de ce rapport », nous dit Nidhal Attia.

Il ne faut pas oublier que quatre ans après la ratification des accords de Paris, la population de Gabès continue à subir les émanations toxiques du Groupe Chimique Tunisien, dans l’indifférence la plus totale.

Wissal Ayadi