Coronavirus : 475 décès en 24 heures en Italie, le plus grand défi depuis la 2ème guerre mondiale, selon Merkel

19-03-2020

L’Italie a enregistré mercredi un record quotidien absolu de décès dus au nouveau coronavirus, devenu plus meurtrier en Europe qu’en Asie, suscitant de nouvelles déclarations martiales à travers le monde à l’instar d’un Donald Trump mué en président de « temps de guerre ».

Qualifié d' »ennemi de l’humanité » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus a refait plonger les bourses en dépit des milliards d’aide économique annoncée.

Partie de Chine en décembre, la maladie Covid-19 a déjà tué plus de 8.700 personnes à travers le monde et plus de 209.500 cas ont été recensés dans 150 pays et territoires. Ce qui a incité plusieurs pays encore réticents à prendre des mesures draconiennes voire de confinement, qui concernent déjà plus d’un demi-milliard de personnes appelées à rester chez elles dans le monde.

Le Royaume-Uni, où le seuil des 100 morts a été franchi, a ainsi ordonné la fermeture des écoles à compter de vendredi. Selon l’Unesco, plus de 850 millions de jeunes dans le monde, soit près de la moitié des élèves et étudiants, doivent déjà rester chez eux.

La pandémie a en effet encore accéléré sa progression en Europe, avec 107 nouveaux décès en Espagne en un jour et 89 en France.

Mais c’est en Italie, désormais en toute première ligne, que la planète guette le « pic » de l’épidémie pour savoir à quoi s’attendre dans chaque pays. Et il ne semble pas encore atteint : une semaine après le début du confinement généralisé, la péninsule a enregistré 475 décès en 24 heures, le plus grave bilan quotidien dans un seul pays, dépassant même les données chinoises au plus fort de la maladie à Wuhan, son premier épicentre.

Mercredi à 18H30 GMT, au moins 8.784 décès ont été recensés dans le monde, la majorité en Europe (4.112) et en Asie (3.384).

Le coronavirus a aussi fait un premier mort en Afrique subsaharienne, au Burkina Faso.
L’Afrique doit « se réveiller » et se « préparer au pire », a prévenu le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Au-delà, il a appelé la planète à se « rassembler » contre cet « ennemi commun, un ennemi de l’humanité ».

Merkel dénonce les achats massifs de denrées alimentaires dans les supermarchés
La lutte contre le nouveau coronavirus constitue « le plus grand défi » qu’ait connu l’Allemagne depuis la Deuxième guerre mondiale, a estimé mercredi Angela Merkel.

« Depuis la Réunification allemande, non, depuis la Deuxième Guerre mondiale, il n’y a pas eu de défi pour notre pays qui dépende autant de notre solidarité commune », a déclaré la chancelière dans un discours à la Nation retransmis à la télévision.

La chancelière a rappelé les mesures imposées en Allemagne et en Europe, où la libre-circulation est interrompue pour endiguer la pandémie.

« Pour quelqu’un comme moi pour qui la liberté de voyager et de circulation a été un droit durement acquis, de telles restrictions ne peuvent être justifiées que par une nécessité absolue », a expliqué Mme Merkel, qui a grandi dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste.

« Dans une démocratie, elles ne devraient jamais être décidées à la légère et seulement de façon provisoire. Mais elles sont en ce moment indispensables pour sauver des vies », a fait valoir la dirigeante.

L’Allemagne a notamment mis en place des contrôles très stricts à ses frontières terrestres avec la France, l’Autriche, le Luxembourg, le Danemark et la Suisse, n’autorisant que le passage des poids lourds pour l’approvisionnement et des travailleurs transfrontaliers.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé mercredi soir étendre ces restrictions, avec effet immédiat, au trafic aérien et maritime.

Ceux qui doivent « voyager pour des raisons d’urgence ou les travailleurs transfrontaliers » devront montrer un document justifiant leur entrée dans le pays, a prévenu le ministère dans un communiqué.

Mme Merkel a lancé « un appel » au respect des règles de distanciation en Allemagne, où le confinement n’a pas été jusqu’à présent décidé, contrairement à des pays comme la France, l’Italie et l’Espagne.

« Plus de poignées de main, se laver les mains soigneusement et à au moins un mètre et demi de la personne suivante et, si possible, pratiquement aucun contact avec les personnes très âgées, car elles sont particulièrement exposées », a énuméré Mme Merkel.

« Ce n’est pas sans raison que les experts disent que grands-parents et petits-enfants ne devraient pas se réunir en ce moment », a-t-elle enchaîné, appelant à « skyper », à utiliser les « appels téléphoniques, courriels et peut-être écrire à nouveau des lettres ».

Enfin, Mme Merkel a dénoncé les achats massifs de certaines denrées dans les supermarchés.

« Le stockage a un sens (…) Mais avec modération. Accumuler comme s’il n’y allait bientôt plus rien avoir est inutile et manque complètement de solidarité », a-t-elle fait valoir.

L’épidémie a fait entre 12 et 16 morts en Allemagne jusqu’ici selon les comptages différents de l’institut Robert Koch et des Etats régionaux.