Impactées par la crise, les femmes chefs d’entreprise interpellent le gouvernement !

06-08-2020

La Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise, relevant de l’UTICA, a organisé ce jeudi à Tunis une conférence de presse afin de présenter les résultats d’une enquête sur l’impact du COVID-19 sur le tissu entrepreneurial féminin en Tunisie.

Si la crise sanitaire a nui à de nombreux secteurs de l’économie, les femmes qui dirigent des sociétés en Tunisie ont été encore plus touchées.

Cette enquête a été effectuée auprès de 170 entreprises gérées par des femmes. Celle-ci s’est adressée à tout type d’entreprises, petites et moyennes entreprises, micro entreprises ou encore start-up, mais aussi tous les secteurs, comme l’industrie, les services, l’artisanat, le commerce et l’agriculture.

Sous forme de questionnaire comportant 22 questions, cette enquête a porté sur cinq thèmes: l’impact immédiat lors de la crise, l’impact post-covid, l’avenir de l’activité si la crise se poursuit, le type de soutien et la coopération envisageable en femmes chefs d’entreprises.

Quelques chiffres

L’étude a montré que 1/3 des femmes chefs d’entreprises qui ont répondu, sont le seul soutien financier du foyer. Parmi elles, 70% disent avoir été fortement touchées par le COVID-19.

Les secteurs qui ont été les plus touchés par la crise sanitaire sont les services (52%), l’artisanat (22%) et le commerce (10%).

Plus de la moitié des entreprises qui ont répondu au questionnaire ont assuré avoir été très affectés par le Coronavirus. Ainsi 68% des femmes chefs d’entreprises interrogées ont constaté une baisse de leurs revenus et 30% ont été dans l’incapacité de payer les salaires des employés.

Pour certaines, elles ont du aller jusqu’à suspendre leur activité (44%) ou encore plus grave, la fermeture (50%).

Recommandations

Malgré des mesures économiques prises par l’Etat en faveur des entreprises, les femmes chefs d’entreprises ont répondu à 82% qu’elles n’étaient pas satisfaites de ces mesures.

A cet égard, lors de la conférence de presse, la CNFCE a émis plusieurs recommandations suite aux mesures sociales et fiscales prises par le gouvernement après la crise sanitaire. Voici les principales:

  • La parution d’un décret-loi afin d’intégrer le confinement total comme un cas de force majeure lors de la rupture ou de la suspension d’un contrat de travail ;

    Etendre le bénéfice de l’indemnité aux travailleurs indépendants soumis au régime réel ;

    La parution d’un décret-loi consistant à exonérer les salaires (Karama) et les primes (CIVP) de la contribution provisoire et exceptionnelle puisqu’ils sont exonérés de l’IRPP ;

    Le report du délai de déclaration définitive de l’impôt sur les sociétés.

« Nous voulons que la chambre nationale des femmes chefs d’entreprises jouent un rôle d’accompagnement et de soutien et non plus seulement fédérateur », nous explique Syrine Dimassi Darghouth, vice-présidente de la chambre. Ainsi, la CNFCE a pour ambition de mettre en place une cellule d’écoute pour les femmes qui gèrent des entreprises en Tunisie. « Pendant le confinement de nombreuses femmes en détresse nous ont appelés car leur sociétés étaient en péril ».

Ainsi cette cellule sera constituée d’experts en communication, en fiscalité des entreprises, en droit, de coachs de vie et de psychologue afin d’accompagner ces femmes dont la situation est devenue très difficile depuis la crise sanitaire. Ce projet sera financé par l’Organisation internationale du travail (OIT).

Wissal Ayadi