La mauvaise gestion des affaires est à l’origine de la crise économique en Tunisie

04-11-2020

Avec un déficit budgétaire record de 14%, la Tunisie se retrouve dans une situation économique très difficile. Le gouvernement dirigé par Hichem Mechichi ne s’en cache pas « dans un souci de transparence et de vérité sur les chiffres réels. »

Cette profonde crise économique ne date pas d’hier… En effet, si la pandémie du Covid-19 n’a fait que l’accentuer, la dette et le déficit découlent d’une accumulation de plusieurs années de mauvaise gestion ou plutôt d’une cavalerie financière qui a plongé le pays dans l’abîme.

Le désaccord né entre le gouvernement et la Banque Centrale de Tunisie n’a fait que compliquer la situation davantage. Le gouverneur de la BCT n’a pas hésité à faire part de son refus quant au financement du PLF complémentaire, par le truchement des banques locales.

L’année 2021 s’annonce, elle, encore plus difficile avec des crédits qui arrivent à échéance et qui doivent donc être remboursés… Avec une assise économique fragile, les bailleurs de fonds seront-ils toujours aux côtés de la Tunisie ? A cet égard, seule la position du FMI pourra rassurer les autres bailleurs… Le FMI qui avait déjà demandé en 2015 à la Tunisie de baisser sa masse salariale, à l’époque de 14% afin de prouver sa bonne gouvernance…Celle-ci est passée, aujourd’hui, à 17%.

Les Tunisiens ont-ils conscience de la gravité de la situation ? Ont-ils confiance dans le gouvernement pour sortir de cette crise ? Afin de répondre à ces questions, nous nous sommes rendus sur l’Avenue Habib Bourguiba afin de recueillir l’avis de la population.

En effet, la plupart des Tunisiens rencontrés, reprochent au gouvernement  la mauvaise gestion de l’Etat, qui dure depuis la révolution. Selon eux, la crise économique en Tunisie, ne revient pas uniquement aux séquelles de la pandémie du Covid-19. Il s’agit d’un cumul de mauvaises décisions qui ont mené à cette situation économique déplorable.

« Avec une croissance négative de 14%, et une incapacité de financer le budget de l’Etat, et des mains qui tremblent durant les prises de décisions, le pays ne sera pas en mesure de surmonter cette crise économique aiguë », a analysé un passant.

Cet homme d’une cinquantaine d’années, est revenu sur le blocage de la production du pétrole d’El Kamour qui dure depuis des mois. Il a appelé le chef du gouvernement  à reprendre fermement le contrôle sur les richesses du pays.

« Il s’agit d’une source de revenu qui appartient à tous les Tunisiens. Il faudrait commencer par résoudre nos problèmes internes, au lieu de se diriger directement vers les emprunts, en causant un surendettement supplémentaire du pays », reproche-t-il. « Si ce laxisme continue, la Tunisie demeurera surendettée à cause de l’arrêt de ses productions locales, le déficit va augmenter et toute la situation économique se détériorera ».

Un autre passant rencontré près de la rue de Marseille, était du même avis. Pour lui, le gouvernement n’ose pas faire face à la corruption qui gangrène l’économie tunisienne. « Les dirigeants des grandes entreprises et les hommes d’affaire bénéficient largement de l’évasion fiscale en toute impunité. D’autre part, les barons de la contrebande font désormais partie de la classe politique tunisienne, ils sont des députés et des personnes qui détiennent le pouvoir dans le pays.  Cependant, la crise en Tunisie pour moi, n’est pas économique. Elle est plutôt politique ».

A cet effet, ce citoyen a expliqué qu’il serait inutile d’augmenter les impôts, et d’opter pour des solutions provisoires, à même de nuire aux fonctionnaires et petits commerçants. « La solution serait de traiter les problèmes de fond, comme le commerce parallèle, au lieu de compter aussi sur les financements de la BCT, en touchant ainsi son indépendance. »

Un autre jeune entrepreneur croisé sur l’Avenue de France, s’est penché aussi sur la question des richesses du pays. Pour lui, cette problématique est au cœur de la crise économique. « L’Etat ne doit pas garder les bras croisés face à ce fléau, et le financement du budget de l’Etat à travers la banque centrale ne résoudra pas la crise financière », confie-t-il à Gnetnews.

« Le pays est réellement au bord de la faillite. Les citoyens sont les premiers à en souffrir, et l’érosion de la classe moyenne en est le meilleur exemple. A cause de l’inflation, certains ont même tenté de vendre leurs organes pour payer leur dettes », déplore-t-il.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi