De tout cœur avec la Palestine, des Tunisiens livrent leur analyse sur le règlement du conflit (Reportage)

18-05-2021

Londres, Paris, Rome, Berlin, Madrid, Brooklyn… Les frappes israéliennes sur Gaza ont provoqué durant le week-end, une vague de manifestations à travers le monde en soutien à la cause palestinienne.

En effet, depuis une semaine, l’escalade des violences de l’armée israélienne contre Gaza a fait près de de 200 morts et 1200 blessés côté palestinien ainsi que 40.000 déplacés. Des affrontements dans des proportions inédites depuis 2014.

A Tunis, ce samedi, il étaient des milliers de manifestants à s’être réunis afin de dénoncer les attaques perpétrées par les autorités sionistes.

Comment les Tunisiens analysent-ils ce conflit ? La Tunisie pourrait-elle avoir un poids sur la scène internationale dans la résolution de cette crise ? Nous nous sommes rendus sur l’Avenue Habib Bourguiba, à Tunis pour trouver des réponses à ces questions.

En évoquant la solidarité des pays arabes avec le peuple palestinien, un journaliste à la retraite a souligné que la position de la Tunisie était claire.

 « Les Tunisiens soutiennent depuis toujours la cause palestinienne. La manifestation de soutien, tenue samedi 15 mai, durant laquelle des manifestants ont scandé des slogans hostiles aux pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël, en est le meilleur exemple ».

« Dans ces pays, le discours officiel sur la normalisation avec l’Etat d’Israël ne traduit pas  l’avis de leurs peuples sur la question. Ces derniers devraient envahir les rues, pour s’indigner contre les bombardements perpétrés sur des citoyens innocents de la bande de Gaza…Si les leaders arabes sont restés les mains croisés, leurs peuples sont appelés à se réunir pour faire pression sur les décideurs, pour au moins faire cesser les frappes.»

Une enseignante à la retraite, spécialisée dans les sciences de la Charia, a affirmé que certains pays arabes ont contribué à la détérioration de la situation en Palestine, en rétablissant les relations diplomatiques avec Israël, au lieu de soutenir la cause palestinienne.

En analysant la situation, cette dame a souligné que, «  religieusement et historiquement parlant, Jérusalem est un lieu sacré pour les trois religions, puisqu’elle était témoin de la naissance de Jésus, de l’Israa et du Miraj (la nuit de l’ascension du prophète Mohamed), et abrite la tombe du prophète Moïse, ayant conduit les Hébreux vers la Terre Promise.

Cette dernière a rappelé également le fameux discours d’Ariha, prononcé par Habib Bourguiba en 1948. « Les pays arabes ont tourné le dos à cette cause depuis 1948, alors que cela aurait pu être une solution pour le règlement du conflit ».

La Tunisie qui a condamné les attaques israéliennes sur Gaza, demeure l’un des pays arabes à ne pas avoir normalisé ses relations avec l’Etat sioniste.

En parlant du poids de la position des pays arabes les plus puissants, au sein de l’ONU, un autre passant a rappelé que les pays du Golfe, ceux du pétrodollar, ont leurs intérêts avec l’Etat hébreu. « Ils ne peuvent pas intervenir clairement sur la question et mettre leur sécurité économique en péril ».

« Il s’agit aussi des pays les plus proches géographiquement de la Palestine, pourtant ils n’ont même pas proposé des aides ou encore des soins aux victimes des frappes contre Gaza »

« Il ne faut pas oublier non plus, que ces mêmes pays n’ont pas accueilli de réfugiés syriens durant la guerre, alors que dire des Palestiniens en ce moment… », a-t-il déploré.

Depuis les attaques de nombreux hashtags sont apparus sur les réseaux sociaux comme, ##انقذوا__حي__الشيخ__جراح, ou encore #freegaza.

A cet effet, un jeune homme croisé à la sortie de la rue de Marseille, a souligné que ce soutien virtuel sur les réseaux ne servira à rien, tant que ces mêmes internautes n’ont pas conquis les rues pour contester contre les crimes sionistes.

« Ceci ne sera pas suffisant tant que les leaders arabes n’interviennent pas sur la question. Cette cause est entre les mains des puissances mondiales, et l’enjeu est bien plus grand que quelques vidéos partagées sur les réseaux, ou encore des petits commentaires de soutien, qui n’ont aucun impact sur la situation », commente-t-il.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus notre micro-trottoir consacré à l’offensive israélienne contre les territoires occupés, en prime al-Aqsa et Gaza.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi 

Crédit photo: Yassine Gaidi