Débat à Tunis : Adhoum, Boukhris, Sbabti…s’accordent sur le rôle du discours relgieux en matière de lutte contre la corruption

30-12-2020

« L’Islam fait la synthèse de toutes les religions monothéistes, et ces trois traditions religieuses sont unanimes à bannir la corruption, et à faire valoir la voie de la vertu et de la réforme ».

Intervenu ce mercredi 30 décembre 2020, lors d’un webinaire autour du rôle du discours religieux en matière de lutte contre la corruption, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Adhoum, a affirmé que les aspects chaarique et religieux ne s’opposent pas aux aspects légal et moral en matière de lutte contre la corruption.

La finalité ultime de l’Islam est de répandre le bien, de promouvoir tout ce qui rend service aux gens et de bannir le mal, a-t-il souligné.

Le Coran proscrit la corruption ; un mot qui a été évoqué 50 fois dans 21 sourates. Idem pour la Sunna (tradition prophétique) et de la conduite des compagnons du prophète qui ont dédié toute leur vie, à promouvoir la bonne conduite et à être au service de leur communauté.

Il a cité l’exemple de celui qu’on appelle le 5ème calife de l’Islam, Omar Ben Abdelaziz qui éteint la lanterne (achetée de l’argent des musulmans) et allume une bougie qu’il a achetée de son propre argent, quand on venait de lui parler d’affaires personnelles et familiales, autres que les affaires de la communauté dont il veille à la destinée.

Ce genre de comportement nous montre la voie, et nous enseigne sur la manière dont on doit utiliser, d’une manière judicieuse, les moyens de l’administration, a-t-il dit.

Rompre avec le discours religieux conventionnel

Le président de l’INLUCC, Imed Boukhris, a admis le rôle du discours religieux, pour répandre la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.

Selon sa perception, le discours religieux ne devra pas être conventionnel, il devra être en mesure de produire un effet positif sur la société pour promouvoir les bonnes pratiques, réformer et opérer le changement escompté.

Il a appelé à l’adhésion des forces vives à cet effort, de manière à interroger les consciences, en même temps que les esprits.

Boukhris considère que « personne n’est au-dessus de la loi, et personne n’a le droit d’être en dehors du système des valeurs morales et des bons comportements ».

Le président de l’INLUCC a plaidé pour « une conduite citoyenne » qui s’inspire de l’Islam, des religions monothéistes et de la Sira du prophète pour combattre ce fléau.

Il a appelé « à revoir le cadre réglementaire des lieux de culte, de manière à y introduire un climat sain pour la promotion d’un discours religieux, à même de prévenir et de réprouver la corruption ».

Il a suggéré de focaliser les prêches religieux, pendant le prochain ramadan, sur la thématique « non à la corruption, et ne laissons pas la corruption, détruire le pays. »

Le contrôle et le jugement divins

Lorsque le musulman se sent contrôlé par Dieu, responsable de ses actes et appelé à rendre des comptes, le jour du jugement dernier, il sera immunisé contre la corruption, a renchéri, pour sa part, Dr Afif Sbabti, théologien et imam à la mosquée de Carthage.

« La pensée est la locomotive du changement, et est la voie appropriée pour promouvoir les bonnes pratiques et immuniser le pays contre la corruption ».

Le prédicateur a défini la corruption, comme étant « un abus de pouvoir pour réaliser un intérêt personnel, récolter indûment de l’argent d’une manière illégale et illicite ». Elle est réprouvée par le Coran et la Sunna.

« Le prophète a maudit les corrupteurs et le corrompus, et considère la spéculation comme un péché et une désobéissance à Dieu », a-t-il expliqué.

« La Corruption fait courir au pays un risque de faillite, et rend le gouvernement incapable de jouer son rôle », a-t-il encore ajouté.

Ce professeur des sciences du Hadith (parole prophétique) a appelé à ce que tous les moyens du pays, ses institutions, et la société civile soient mis à contribution pour lutter contre la corruption et répandre la culture de bonne gouvernance ; « l’entraide étant une valeur islamique fondamentale ».

Il s’est fait l’écho de la position des érudits et savants, selon laquelle, « le message de l’Islam vise à promouvoir les réalités sociales ».

« L’islam est un facteur fondamental pour nous faire prendre conscience de cette problématique ; sa marginalisation entrave la concrétisation de ces objectifs généraux, et nous empêche de vaincre la corruption ».

Le théologien a insisté sur la nécessité de focaliser sur « la dimension religieuse et morale, de promouvoir le dispositif des valeurs islamiques pour préserver la société de toutes les formes de déviance, et la conduire sur la bonne voie », celle prônée par Dieu et son prophète.

Le Coran évoque trois valeurs fondamentales qui permettent d’extirper la corruption à la racine, le contrôle ٱلمراقبة, le jugement : المحاسبة, ainsi que la promotion de la vertu et la prévention du vice : الأمر بالمعروف والنهي عن المنكر.

Lorsque l’Homme prend conscience que tous ses actes sont sous le contrôle permanent du divin, il tentera de s’éloigner du mal et de promouvoir le bien, a-t-il expliqué. « Le fait qu’il soit conscient qu’il aura à répondre de ses actes, le jour du jugement dernier, il tâchera de bannir toute déviance et opter pour les bons comportements ».

« La troisième valeur est d’approfondir le devoir de l’individu envers la société, de manière à ce qu’il ne garde pas le silence face à la corruption », et c’est là tout le sens de la promotion de la vertu et de la prévention du vice ; une attitude que les musulmans sont amenés à adopter.

Gnetnews