Débat télévisé de l’IACE : Deux économistes analysent les origines de la crise en Tunisie

25-12-2020

Le président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), Taieb Bayahi, a affirmé que les experts et économistes doivent trouver les solutions et sortir la Tunisie de cette situation extrêmement difficile, étant donné que les politiques n’ont pas réussi à le faire.

Intervenu jeudi soir, à un débat organisé à l’initiative de l’IACE et retransmis sur plusieurs chaînes nationales, publiques et privées, sous l’intitulé : « La sortie de crise, est-elle possible ? », Bayahi a fait constater que « les Tunisiens sont dans l’abattement, la crainte et l’incertitude quant à leur avenir ».

« Une année après les élections, on n’a pas avancé d’un iota, on a même reculé », a-t-il déploré, pressant les économistes à prendre la situation en main pour sortir le pays de l’ornière.

Bayahi a, par ailleurs, appelé « à dissocier la politique et l’économie ». « Il est temps que les économistes livrent leurs opinions et donnent des solutions, et que les politiques appuient de telles solutions avec sérieux », a-t-il dit.

Le président de l’IACE a regretté que « dix ans après la révolution, on n’a pas réussi à instaurer l’Etat de droit et des institutions », recommandant de se réconcilier avec la valeur travail.

Désinvestissement dans 13 gouvernorats de Tunisie (Karaouli)

Habib Karaouli a salué cette initiative, première du genre, qui s’affranchit de l’aspect politique et focalise sur les volets économique, financier, social et institutionnel.

Selon l’économiste, « l’ensemble des gouvernements qui se sont succédé après le 14 janvier, ont échoué à régler les deux principaux mobiles de la révolution : le chômage et les disparités régionales. Les politiques économiques doivent être évaluées sur la base de la réponse à donner à ces revendications », a-t-il estimé.

Karaouli a imputé cet échec à un manque de volonté politique, un problème de gouvernance et une absence quasi-totale de vision, « tout décideur doit avoir un cap et savoir où il va », a-t-il souligné.

Il a pointé les complexités administratives, la bureaucratie et les mesures abusives qui sont à l’origine du commerce parallèle et du recul de l’investissement, faisant état d’un désinvestissement dans 13 gouvernorats Ouest et Sud-Ouest de la Tunisie.

Habib Karaouli considère « la confiance et la stabilité (politique, sécuritaire, législative et réglementaire) comme étant les mots clefs pour la promotion de l’investissement ».

Dans tous les pays, « il y a le principe confiance à priori, et de contrôle a posteriori », a-t-il expliqué, déplorant que l’Etat complique la vie de l’investisseur dans tous les domaines.

« Avec un arsenal législatif et réglementaire complexe, qui change tous les ans, on ne peut relancer ni l’investissement privé, ni public, et encore moins le partenariat public et privé », a-t-il regretté.

Ce débat qui a fait intervenir plusieurs experts du monde de l’économie et des finances et des acteurs la société civile, a permis d’établir un diagnostic de la situation, et de formuler des propositions et des solutions permettant à la Tunisie de surmonter les difficultés et de remonter la pente.

Il devra déboucher sur un document de référence, voire un plan d’action de réformes socio-économiques dont la mise en œuvre sera du ressort du gouvernement. Etant apolitique, ce gouvernement est en mesure de traduire dans les faits les propositions qu’on lui fera parvenir, a indiqué en substance Taieb Bayahi.

Gnetnews