Depuis sa cellule à la prison de Mornaguia, Ahmed Souab dénonce une dérive autoritaire et réaffirme ses convictions

25-04-2025

Dans une lettre datée du 24 avril 2025, transmise depuis la prison de Mornaguia, l’ancien magistrat et avocat Ahmed Souab a tenu à livrer ses réflexions sur son incarcération, en réaffirmant avec force ses positions et ses engagements, tout en dénonçant ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice par le pouvoir.

« Ce ne sont ni des mots pour obtenir de la compassion, ni une tentative de reniement ou de justification », écrit-il en préambule. Souab, connu pour ses prises de position tranchées et son attachement aux valeurs démocratiques, affirme payer aujourd’hui sa liberté pour ses convictions : « J’ai toujours été constant dans mes positions, ferme dans mon attachement aux valeurs que j’ai vouées ma vie à défendre. »

Ahmed Souab critique vivement le système judiciaire, qu’il dit « gangrené par des pressions et des manipulations ». Il s’étonne d’avoir été la cible d’une campagne de diabolisation.

Souab s’interroge : « Le pouvoir, qui s’est accaparé le droit de tout contrôler, peut-il désormais choisir à notre place nos convictions, notre positionnement idéologique, culturel et politique ? » Avant de conclure, avec une formule tranchante : « Celui qui refuse de comprendre, aucun argument ne le convaincra. Celui qui veut exclure, trouvera toujours un prétexte. Et celui qui n’a pas la force de répondre à une idée, s’en prendra à celui qui l’exprime. »

Dans ce texte, Souab rappelle n’avoir jamais appelé à la violence ni justifié celle-ci, réitérant sa fidélité à une expression libre, responsable et non violente.

Il tient également à adresser ses remerciements à tous ceux qui lui ont exprimé leur solidarité : les dizaines d’avocats présents à son audience du mercredi, la section de Tunis de l’Ordre des avocats, l’Union générale tunisienne du travail, les organisations de la société civile et « les rares voix encore libres dans les médias », sans oublier les supporteurs de son club de cœur, le Stade Tunisien.

La lettre se termine par un sobre et solennel : « Tahya Tounes. »

Gnetnews