Des morts et 1000 hospitalisations dans une fuite de gaz dans une usine en Inde

07-05-2020

AFP – Une fuite de gaz dans une usine chimique du sud-est de l’Inde a tué jeudi au moins six personnes et entraîné l’hospitalisation d’un millier d’autres, selon un bilan officiel encore provisoire que les autorités redoutent de voir s’alourdir.

La fuite s’est produite au cÅ“ur de la nuit dans une usine opérée par LG Polymers, filiale indienne de l’entreprise sud-coréenne LG Chemicals, et implantée en bordure de la ville industrielle et portuaire de Visakhapatnam, dans l’État d’Andhra Pradesh.

Des images prises sur place montraient des corps inanimés, d’hommes ou d’animaux, allongés dans la rue ou sur un bord de trottoir. Dans la matinée, de la fumée s’élevait de l’usine.

En fin de matinée heure indienne, le situation était « sous contrôle », a affirmé la maison-mère sud-coréenne de l’usine dans un communiqué, indiquant enquêter pour « connaître l’étendue des dégâts et la cause exacte de la fuite et des décès ».

Le gaz s’est échappé de deux réservoirs d’une capacité de 5.000 tonnes qui avaient été laissés en l’état en raison du ralentissement de l’activité dû au confinement national, selon la police locale.

L’Inde est confinée à la maison depuis fin mars pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus et de larges pans de sont économie tournent au ralenti, voire sont complètement à l’arrêt.

Le gaz « avait été laissé là à cause du confinement. Cela a mené à une réaction chimique et de la chaleur est apparue dans les réservoirs, et le gaz a fui à cause de cela », a affirmé Swaroop Rani, une responsable de la police, sans préciser le type exact de ce gaz.

Quand les forces de l’ordre sont arrivées sur place, « on pouvait sentir le gaz dans l’air et il ne n’était possible à aucun d’entre nous de rester là plus de quelques minutes », a-t-elle décrit.

Appelées vers 03H30 locales (mercredi 22H00 GMT) par des résidents paniqués, les autorités ont évacué 3.000 à 4.000 personnes de villages situés dans un rayon de 1 à 1,5 kilomètre autour de l’usine.

« Nous pouvons confirmer six décès jusqu’ici », a déclaré à l’AFP RK Meena, haut responsable de la police de Visakhapatnam: « quatre personnes sont mortes à l’hôpital. Et deux autres personnes ont péri en essayant de fuir le village – l’une est tombée dans un puits et l’autre du quatrième étage d’un bâtiment ».

Les hôpitaux de la zone ont admis au moins 1.000 blessés, a indiqué le Dr B K Naik, coordinateur des hôpitaux du district, en disant craindre que le bilan humain ne s’aggrave fortement.

« Il est toujours tôt le matin et il y a des gens dormant dans leur maison et qui sont inconscients », a-t-il expliqué à l’AFP, ajoutant que les autorités menaient actuellement des recherches maison par maison.

Des images tweetées par un responsable de l’autorité nationale de gestion des catastrophes montraient des secouristes entrant dans des habitations équipés de masques à gaz et de bouteilles d’oxygène.

« Le bilan est susceptible de monter », a déclaré à l’AFP Gana Venkata Reddy Naidu, un élu de l’assemblée législative d’Andra Pradesh, estimant que le bilan pourrait s’établir vers « 25-30 morts ».

LG Polymers India se présente sur son site comme l’un des principaux producteurs de polystyrène et de polystyrène expansible du pays de 1,3 milliard d’habitants. La nature du gaz qui s’est échappé n’a pas été précisée dans l’immédiat.

« Je prie pour la sécurité et le bien-être de tous à Visakhapatnam », a tweeté le Premier ministre indien Narendra Modi.

Pour de nombreux Indiens, cette fuite réveille de sinistres souvenirs.

Le pays d’Asie du Sud a été le théâtre en décembre 1984 d’un des pires accidents industriels de l’Histoire, lorsque 40 tonnes de gaz s’étaient échappées d’une usine de pesticides de la ville de Bhopal (centre).

Quelque 3.500 personnes avaient péri en quelques jours, principalement dans des bidonvilles situés autour de cette usine d’Union Carbide, et des milliers d’autres dans les années qui ont suivi.