Donald Trump menace de fermer « des réseaux sociaux », après le signalement de ses tweets

28-05-2020

AFP – Donald Trump a menacé mercredi de « fermer » des plateformes de réseaux sociaux après le signalement la veille par Twitter de certains de ses messages comme « trompeurs », une initiative inédite qui n’a pas empêché une nouvelle avalanche de tweets furieux du président américain, reprenant parfois des informations non vérifiées.

Le milliardaire républicain signera jeudi un décret « portant sur les réseaux sociaux », a déclaré à des journalistes, sans plus de précisions, une porte-parole de la Maison Blanche dans l’avion qui le ramenait de Floride, où il devait assister au lancement d’une fusée.

Donald Trump avait débuté sa journée par une série de tweets au ton vindicatif.

« Les républicains ont le sentiment que les plateformes de réseaux sociaux censurent totalement les voix conservatrices. Nous allons les réglementer sévèrement, ou les fermer, pour empêcher qu’une telle chose se produise », avait-il écrit au petit matin.

« Twitter a maintenant démontré que tout ce qu’on disait d’eux (et de leurs autres compatriotes) est correct. Une action de grande ampleur à venir », avait-il ajouté plus tard, sans en dévoiler davantage.

Souvent accusé de laxisme dans son traitement des propos tenus par des dirigeants, Twitter a signalé pour la première fois mardi des messages du président, en ajoutant la mention: « Vérifiez les faits ».

Il s’agissait de tweets du milliardaire affirmant que le vote par correspondance était forcément « frauduleux » car sujet aux manipulations. Une question ultra-sensible en pleine année électorale bouleversée par la pandémie de coronavirus, qui fait peser le doute sur les modalités de l’organisation de la présidentielle américaine du 3 novembre.

« Ces tweets contiennent des informations potentiellement trompeuses sur le processus de vote et ont été signalés pour fournir du contexte additionnel sur le vote par correspondance », a justifié un porte-parole de la plateforme interrogé par l’AFP.

« Twitter étouffe la LIBERTE D’EXPRESSION », avait accusé Donald Trump, dont le compte a plus de 80 millions d’abonnés, avant de revenir à l’attaque mercredi matin.

– « Mensonges éhontés » –

Si un débat lancinant dure depuis longtemps sur la responsabilité des réseaux sociaux face à leurs contenus, le président américain ne dispose pas des moyens de les fermer tout bonnement.

Le Premier amendement de la Constitution américaine, qui régit notamment la liberté d’expression, « limite considérablement toute action que le président puisse prendre pour réguler les réseaux sociaux », a réagi une avocate de la puissante association des droits civiques ACLU, Kate Ruane.

Il « interdit également clairement au président de prendre une quelconque mesure pour empêcher Twitter de signaler ses mensonges éhontés à propos du vote par correspondance », a-t-elle asséné.

Donald Trump a également accusé les réseaux sociaux d’avoir tenté d’influencer la campagne présidentielle de 2016. « Nous ne pouvons pas laisser qu’une version plus sophistiquée de ça se produise encore une fois », a-t-il tweeté.

Le renseignement américain a accusé la Russie de s’être ingérée dans l’élection qu’il a remportée en 2016.

La désinformation est justement considérée comme particulièrement cruciale par Facebook et les autres plateformes depuis les tentatives de manipulation de cette présidentielle américaine et du référendum sur le Brexit, en 2016.