El-Hiwar : Evoquer des poursuites contre un magistrat, un danger contre la liberté d’expression (ATM)

18-10-2019

L’association des magistrats tunisiens affirme que « les magistrats sont des citoyens qui exercent la liberté d’expression conformément aux garanties et dispositions constitutionnelles, légales, et aux traités internationaux ».

Le bureau exécutif de l’AMT réagit, dans un communiqué, à « l’avènement d’une campagne médiatique lancée par un avocat, avec le soutien de la chaîne el-Hiwar, pour des poursuites contre un magistrat suite à un statut facebook, où il a exprimé son opinion envers la chaîne en question au cours de la dernière période, dans le cadre du processus électoral et de la proclamation des résultats des élections ».

L’association précise que « l’opinion publiée par le magistrat sur sa page personnelle, au sujet de la prestation et du discours de la chaîne el-Hiwar, a été fondée sur des principes et des concepts, pratiqués dans le cadre de la liberté d’expression et de la communication audiovisuelle, et ce qui en résulte de leur transgression, dans l’Etat de droit, conformément aux décrets-lois n’o 115, et 116, s’agissant notamment de criminaliser le discours de haine, l’animosité, la violence, le fait de sortir de l’objectivité, le non-respect de la dignité humaine, et leurs conséquences sur la préservation de la sécurité nationale et l’ordre général ».

L’association affirme que « le magistrat n’est pas sorti de l’impartialité, et n’a pas incité à la violence contre la chaîne en question, mais a exprimé une opinion citoyenne envers l’action d’une chaîne privée, soumise à l’évaluation et au contrôle de l’opinion publique, conformément aux lois régissant la liberté de presse, et le paysage audio-visuel ».

L’ATM rappelle « la mise en garde lancée par le SNJT, à la date du 06 septembre, par l’entremise de son comité d’éthique, dans son évaluation de la prestation de certaines chaînes, d’après les interviews diffusées avec certains candidats à la présidentielle ». Le syndicat avait déploré que certains médias se soient départies de leur rôle d’éclairer la lanterne de l’opinion publique, « pour se transformer en tribunes de règlements de compte, ce qui est de nature à attenter à la crédibilité des médias, et à menacer la transparence de l’opération électorale. »

L’association considère que « le fait d’évoquer des poursuites contre un magistrat ayant exercé la liberté d’expression, dans le cadre de garanties constitutionnelles et légales, constitue un danger contre la liberté d’expression, étant donné que cette liberté est garantie non seulement pour les journalistes, mais aussi pour l’ensemble des citoyens, selon les mêmes règles ».

L’association des magistrats appelle « à ouvrir un dialogue sociétal entre les différentes composantes de la société civile et politique, et les structures représentant le secteur, autour de l’éthique journalistique, étant un dossier d’extrême importance en cette étape transitoire, en vue de parvenir à des issues consolidant la liberté de presse et d’expression, et prévenant les graves dérapages découlant de leur mauvais usage ».

Gnetnews