Environnement : 3,7 millions de personnes menacées par les changements climatiques en Tunisie

08-07-2020

Inondations, chaleurs extrêmes et érosion des littoraux… tous ces phénomènes ont poussé la Tunisie à être considérée comme étant un des pays de la Méditerranée les plus exposés aux changements climatiques. Ces risques devraient se traduire au fil des années par une forte vulnérabilité environnementale et socioéconomique.

A travers la signature de la Convention Cadre des Nations Unies relative au Changement Climatique et de l’Accord de Paris, la Tunisie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, le ministère de l’Environnement, en collaboration avec l’Agence Nationale de Maîtrise de l’Énergie, en partenariat avec l’Agence Allemande de Coopération Internationale GIZ, vient de mettre en œuvre un nouveau projet qui consiste à renforcer les capacité institutionnelles pour la mise en œuvre de la Contribution Déterminée Nationale (NDC) en Tunisie.

L’atelier de démarrage de ce projet a été organisé ce mercredi 8 juillet à Hammamet et s’étalera sur deux jours. Il a mobilisé 80 experts au niveau national et international impliqués dans la question des changements climatiques aussi bien du point de vue atténuation qu’adaptation.

L’objectif du projet est la mise en place et le suivi de la NDC Tunisienne en déterminant les engagements qui en découlent dans le cadre de l’Accord de Paris signé en décembre 2015.

Le projet contient 4 principales composantes:

  • Le Renforcement des capacités nationales pour les mise en œuvre de la NDC
  • L’établissement d’un système national de transparence et de suivi de la mise en œuvre des NDC
  • Le renforcement des capacités nationales en matière de financement en vue de la réduction des émissions de gaz à effet de serre
  • Le partage d’expérience

Ce projet sera financé par un don de 4 millions de dollars de la part du Ministère Fédéral Allemand de l’Environnement, de la protection de la nature et de la sureté nucléaire.

Présents lors de cet évènement, les ministres de l’Environnement, Chokri Ben Hassen et de l’Energie, Mongi Marzouk, ont indiqué que la Tunisie a pour objectif de baisser son intensité carbone de 41% d’ici à l’horizon 2030. « L’effort d’atténuation proviendra plus particulièrement du secteur de l’énergie, qui représente à lui seul 75% des réductions des émissions », a affirmé Marzouk.

Mais d’autres secteurs devront également contribuer à cet effort, comme ceux de l’industrie, de l’agriculture, des forêts ou encore des déchets.

Les changements climatiques qu’à connus la Tunisie ces dernières années montrent que ce sujet doit être pris au sérieux. D’après l’expert en climatologie Hamdi Hached, « la Tunisie est en danger face aux changements climatiques. Ils menacent 700.000 personnes de façon directs et 3 millions de personnes de façon indirecte».

Il évoque même le terme très grave de « terrorisme climatique ». Il explique que la Tunisie est sous le coup d’une deuxième révolution. « Si en 2011 c’était une révolution sociale et économique, la nouvelle révolution 2.0 sera d’ordre climatique ». Hached fait notamment référence aux petits agriculteurs qui n’ont pas les moyens de faire face aux changements climatiques. En effet, souvenez vous des inondations qui ont touché le pays ces dernières années où de nombreuse petites propriétés agricoles ont été confrontées à des pertes irréversibles.

L’expert évoque également la raréfaction des ressources hydriques avec une hausse toujours plus grande des températures. La Tunisie enregistre aujourd’hui plus de 35 jours par an à plus de 35 degrés, ce qui met la pression sur les ressources hydriques mais également énergétiques. « Le pays n’a pas les moyens ni les infrastructures adéquates pour affronter ces changements climatiques. D’où l’importance de ce genre de collaboration avec des institutions internationales qui permettront de récolter des financements ».

Autre phénomène inquiétant celui de l’érosion des littoraux tunisiens qui menace en premier le secteur du tourisme. A ce sujet, le ministre de l’Environnement a indiqué que son département est pleinement impliqué dans le sauvetage des côtes. « Aujourd’hui environ 200km de plages sont menacées en Tunisie. Pour l’instant, nous avons pu sauver 30km pour une enveloppe de 90 milliards de dinars », a-t-il souligné.

Il a également indiqué que dans les semaines à venir, le ministère de l’environnement en partenariat avec le ministère du Tourisme, allaient engager une grande campagne de nettoyage des plages en vue du début des vacances d’été.

Wissal Ayadi