Etude comparative sur les politiques alimentaires dans dix pays arabes

03-09-2019

Le réseau d’ONG arabes pour le développement a révélé lundi 2 septembre à Tunis, le rapport de l’observatoire arabe sur le droit à l’alimentation 2019.

Cette étude a pour objectif de réaliser une recherche comparative sur les politiques de l’économie alimentaire de la région et sur d’autres modèles de systèmes alimentaires, tels que le droit à l’alimentation, la justice alimentaire, la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et leurs applications potentielles.

Le rapport comprend 10 études de cas de la région et constitue une compilation de rapports nationaux couvrant la moitié des pays arabes : Mauritanie, Maroc, Algérie, Égypte, Soudan, Yémen, Jordanie, Palestine, Liban et Syrie.

Selon ses résultats, 51 pays dans le monde souffrent de malnutrition, dont 4 pays arabes actuellement en conflits armés : le Yémen, l’Iraq, la Syrie et la Palestine.

« Ce n’est pas uniquement les conflits armés qui ont aggravé la situation alimentaire de la région, a souligné le professeur en économie et développement, Azzam Mahjoub.

« Les politiques économiques et commerciales menées dans ces pays, représentent les premières causes de la détérioration de la situation alimentaire. S’y ajoutent les problèmes environnementaux, la pollution et les changements climatique, dont les conséquences sont lourdes notamment sur les petits producteurs agricoles des régions rurales ».

Par ailleurs, des ONG arabes ont exprimé leur inquiétude sur la souveraineté alimentaire dans la région, sachant que selon cette étude « un tiers des pays arabes importent les semences des marchés internationaux».

« Ces marchés sont dominés par 4 multinationales représentant 80% des marchés des insecticides et des produits alimentaires industriels également ».

Pour que l’alimentation dans les 10 pays étudiés ne demeure pas tributaire des productions étrangères et des marchés mondiaux, les ONG arabes ont appelé à adopter de nouveaux modes agricoles autres que le néolibéralisme.

Ils recommandent d’encourager l’agriculture rurale, en favorisant les petits agriculteurs locaux, et en accordant la priorité aux femmes et les jeunes, dans le but de diminuer la dépendance des marchés mondiaux.

Au sujet de la justice alimentaire, Souad Mahmoud, membre de l’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), s’est penchée sur la valorisation de la participation de la femme rurale dans le domaine agricole.

« 80% de la main d’œuvre agricole est composée de femmes, elles sont pourtant absentes dans les statistiques des rapports sur l’agriculture dans le monde arabe, déplore-t-elle.

« Cette stigmatisation des femmes actives dans l’agriculture rurale, révèle un ancrage profond de la mentalité patriarcale, qui ne rend pas facile le changement des modes agricoles. »

Souad Mahmoud a évoqué aussi la question de l’égalité successorale, en soulignant que 90% des terres agricoles en Tunisie sont héritées par des hommes.

Selon elle, « l’inégalité dans l’héritage empêche les femmes rurales, d’accéder à la propriété des terres agricoles, d’obtenir un financement, ou d’investir dans l’agriculture et créer leurs propres projets ».

Emna Bhira