Tunisie : Ils passent le Ramadan loin de leur famille, des étudiants racontent ! (Reportage)

25-04-2022

Le Ramadan, est le mois de la piété,  la solidarité, et la réunion de la famille et les proches, autour du diner de  rupture du jeûne et lors des soirées…Mais ceci n’est pas le cas pour tout le monde. Les étudiants qui font un cursus universitaires dans des établissements loin de chez eux, sont souvent privés de cette ambiance, vu qu’ils logent dans des foyers. Distance oblige.

Comment ces étudiants passent-ils le mois saint avec leurs colocataires ? Se sont-ils habitués à passer le ramadan sans les parents ? Comment les établissements  universitaires,  gèrent-ils cette période, pour subvenir aux besoins alimentaires de ces jeunes ? Pour répondre à ces questions, nous avons contacté des étudiants de plusieurs régions de la Tunisie.

Arij, originaire du Kef, étudiante à la Faculté des sciences de la santé à Sousse, le début du Ramadan, était difficile à surmonter sans sa mère spécialement. « C’est la première année de ma vie, que je passe le ramadan loin de ma famille. Bien que je soi s entourée par mes amis, la place de mes parents et mes sœurs, a laissé un grand vide », nous dit-elle avec amertume.

Pour compenser ce vide, Arij a conservé un contact régulier notamment avec ses parents. Internet, téléphone et réseaux sociaux, cette jeune étudiante nous a raconté qu’elle a passé la première rupture du jeûne de ce ramadan, la caméra de son téléphone ouverte en dinant, comme si elle était à table avec sa famille. « J’ai pu échanger et regarder la télé avec mes sœurs également. Malgré la distance, c’était un moyen efficace pour réduire les distances, et ne pas rompre subitement avec mes habitudes ramadanesques», nous raconte-t-elle. 

En effet, ce sentiment de solitude, n’est pas propre aux filles seulement. Farouk, originaire de Kairouan, et étudiant au campus universitaire de Rejich (Mahdia), nous a confié que se retrouver sans sa famille au diner, durant le mois saint, était inconcevable pour lui après 25 ans. « Je suis très proche de ma mère, qui me cuisinait également mes plats préférés…Rien ne pourra remplacer l’ambiance familiale, même la présence des amis les plus proches ! », nous confirme Farouk.

En effet, le plus dur pour ces jeunes étudiants, c’est de savoir gérer leur temps, après les longues heures d’études passées à l’université ou dans des stages, tout en prenant aussi les transports communs pour regagner les foyers et cuisiner. Après tant d’efforts et de dépenses, il serait difficile pour eux de préparer à manger.

C’est le cas de Nessrine, étudiante à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, qui se dirige depuis le début du mois au restaurant universitaire pour emporter son diner. « Comme je me sens exténuée en fin de journée, je vais au restaurant quotidiennement…L’accueil y est chaleureux, le personnel n’hésite pas à marquer nos ruptures du jeûne par des petites attentions, histoire de nous faire oublier l’absence de la famille, qui pèse lourd sur nos psychologies…Certains chefs ont décoré la salle du restaurant, pour nous accueillir dans une ambiance différente. D’autres ont pensé à nos plats préférés, et aux pâtisseries dans le menu », nous raconte Nessrine.

Cette dernière a rappelé qu’à 200 millimes, tous les étudiants habitant dans des foyers, ont droit à un diner et à un shour. « Heureusement qu’il y a cette alternative sinon, les étudiants seront obligés de dépenser des centaines de dinars dans la préparation des plats, souvent couteux pour les petits budgets. Sans oublier, que plusieurs étudiants comptent uniquement sur la bourse universitaire, versée par tranches de 150 et 300 dinars trimestrielles, tout le long de l’année. Des sommes minimes qui sont supposées couvrir les transports, le logement et l’alimentation…D’où certaines familles, préparent à l’avance quelques plats traditionnels pour y remédier », nous informe l’étudiante.

Pour d’autres étudiants, le Ramadan est consacré pour le manger saint et la cuisine fait maison. Comme Adel, étudiant, habitant au foyer privé des garçons à El Manar. Il nous a informé que chaque année, sa mère lui prépare à l’avance des Bnédak (boules de viande), les feuilles de Brik artisanales, des légumes épluchés, Salade Mechouia…Histoire de lui faciliter la tâche en cuisinant.

« Vu que nous avons une cuisine au foyer, je partage avec mes amis mes plats spécial Ramadan. Quant aux recettes, je les obtient de Youtube, vu que je ne suis pas un professionnel, et que toute ma jeunesse, c’était ma mère qui cuisinait. Pour le menu de la soirée, ce sont mes amis qui préparent le café, et les desserts sucrés…C’est cette ambiance chatoyante qui nous a fait oublié un peu la distance durant le mois de Ramadan ».

Emna Bhira