Le marché à la 2ème semaine de Ramadan : Des prix fluctuants, le point d’équilibre non encore atteint

22-03-2024

Dans l’atmosphère paisible du célèbre marché de La Goulette dans la banlieue nord de Tunis, qui semblait moins fréquenté que d’habitude, les prix des denrées alimentaires en cette deuxième semaine du Ramadan ont suscité des murmures parmi les clients et les commerçants. Les étals, bien que non débordants d’activité, ont offert un aperçu de l’évolution des prix dans cette période particulière de l’année.

Parmi les articles en vente, les calamars ont retenu l’attention avec un prix atteignant les 54DT incitant certains clients à hésiter avant de faire leur achat. « Les calamars sont un incontournable pour beaucoup de familles pendant le Ramadan, mais à ce prix, beaucoup vont devoir reconsidérer leurs choix Â», a déclaré un commerçant de poisson, avec une pointe de regret dans sa voix.

Nous avons également pu observer que de nombreux marchands n’étaient même pas là malgré un temps propice à la pêche ces derniers jours. « De nos jours, ce n’est même plus rentable de vendre du poisson pendant le ramadan car il est d’abord moins consommé qu’en temps et normal et en plus c’est devenu un produit presque de luxe », nous dit un client.

La dorade d’élevage, une alternative appréciée pendant ce mois sacré, affichait un prix relativement stable à 20 dinars, ce qui a soulagé certains clients qui prévoyaient de la servir à leur table de rupture du jeûne. « C’est encore acceptable pour moi, mais je crains que les prix ne montent encore d’ici la fin du mois Â», a commenté une cliente habituelle du marché.

Les crevettes (petites), un mets de choix pour de nombreux Tunisiens pendant le Ramadan, étaient également à un prix élevé de 50 dinars, incitant certains acheteurs à réduire leurs portions ou à envisager des alternatives moins onéreuses.

Du côté des légumes, la laitue à 1DT, en baisse par rapport à la première semaine. Cependant, les prix des tomates à 2,5 dinars et des oranges à 1,8 dinar par kilogramme ont fait grimacer plus d’un client, reflétant une tendance à la hausse des prix des produits de base. « Les gens ne comprennent pas que ce n’est pas la saison des tomates, ni des piments, ni des aubergines et des courgettes. Arès ils râlent et nous demandent pourquoi c’est cher », proteste un primeur assis sur sa chaise attendant les clients, très peu nombreux ce matin-là.

« Les prix ont un peu baissé cette semaine mais je trouve que cela reste tout de même cher…. Ou c’est peut-être moi qui n’ait plus d’argent Â», ironise un client en examinant les étals. « Je sais que c’est le Ramadan, mais cela ne devrait pas signifier que nous devons nous résigner à payer des prix exorbitants pour les produits essentiels », poursuit-il.

Les commerçants, quant à eux, ont exprimé leurs propres préoccupations face à la réaction des clients. « Les gens sont de plus en plus réticents à acheter à cause des prix élevés. Nous sommes conscients de la pression sur le budget des familles en cette période, mais nous ne pouvons pas baisser nos prix en raison des coûts de production et de distribution », nous dit l’un d’entre eux.

Il explique dans ce sens que le problème demeure dans le nombre élevé d’intermédiaires entre l’agriculteur et le client. « Il y a l’agriculteur, l’intermédiaire, le mandataire, le commerçant et enfin le client…donc c’est normal que le prix soit élevé ! », rétorque-t-il.

Ce dernier exhorte les autorités à libéraliser le prix des fruits et légumes. « Si on arrête de fixer les prix vous verrez que le marché se régulera tout seul. Il y aura plus d’offre donc plus de concurrence et ainsi les prix baisseront… », nous dit-il.

Pour ce qui est des autres denrées, voici un aperçu de leur prix sur le marché :

Pomme de terre : 1.7DT/kg

Fèves 2.5DT/kg

Menthe : 500 millimes la botte

Oignon rebii : 1,5DT la botte

Piment : 3,7DT/kg

Carotte : 1,5DT/kg

Radis : 1DT la botte

Betterave : 2DT/kg

Petit-pois:  3DT/kg

Artichaut : 1,5DT/3p

Malgré une ambiance calme et des étals moins animés que d’habitude, l’agitation des discussions autour des prix reflétait l’impact tangible du Ramadan sur les marchés tunisiens, où les clients et les commerçants cherchaient un équilibre entre nécessité et budget serré.

Wissal Ayadi