Tunisie : Les hypermarchés se mettent à l’heure de la rentrée, sur fond d’un pouvoir d’achat en baisse (Reportage)

17-08-2022

A environ un mois de la rentrée scolaire c’est le moment pour les parents et enfants de se préparer à cette échéance. Qui dit rentrée, dit bien sur fournitures scolaires…

La plupart des établissements ont déjà donné aux parents les listes. Cahiers, stylos, cartables, trousses, livres… Elles sont souvent longues et très coûteuses pour des Tunisiens dont le pouvoir d’achat ne cesse de se détériorer.

Nous nous sommes rendus dans un hypermarché de Tunis. Les parasols et autres accessoires de plage ont laissé place à plusieurs mètres de rayons dédiés aux fournitures scolaires. « Pour le moment il n’y a pas encore beaucoup de monde qui viennent acheter car c’est encore les vacances. Mais à partir de la semaine prochaine ce sera le grand rush », nous indique une vendeuse en train de garnir les étals dédiés aux cartables.

Justement, le fameux cartable, la star des rayons. Pour de nombreux élèves, il s’agit là de l’achat le plus important à leurs yeux. Trolley ou sac à dos, il y’en a pour tous les goûts et toutes les bourses. C’est la qualité qui fera la différence.

Les prix oscillent entre 39DT pour le sac à dos basique de qualité médiocre à 300DT voire 350DT pour le cartable à roulette haut de gamme qui comprend un compartiment pour entreposer son déjeuner ou son goûter.

Contrairement à l’an dernier cet hypermarché n’a pas procédé à une campagne de promotion.  En effet, l’an passé l’enseigne avait pratiqué une réduction de 20% sur tous les articles qui concernent la rentrée ainsi que sur le mobilier de bureau. Pourtant ces soldes auraient pu contribuer à aider les ménages qui voient leur pouvoir d’achat diminuer de mois en mois.

A cet égard, il est à noter qu’une hausse sensible des prix des cahiers a été observé. Une situation qui est due à l’augmentation de 40% du papier sur les cours mondiaux, notamment en raison de de la guerre russo-ukrainienne.

Déjà au début du mois d’août, Faycal Abassi, le Président de la Chambre nationale des grossistes des fournitures bureautiques et scolaires relavant de l’UTICA avait déclaré à la presse qu’il fallait s’attendre à une hausse non négligeable. Pour exemple, dans l’hypermarché que nous avons visité, nous avons constaté que le prix du cahier grand format à spirale est au prix d’en moyenne 15DT, contre 13DT l’an dernier.

Nous nous sommes également rendus dans une librairie d’un quartier de l’Ariana afin de comparer les offres. Pas de grandes différences entre les deux établissements. Mais la gérante nous confirme que les prix des cahiers ont sensiblement augmenté. « L’année dernière les cahiers petits formats de milieu de gamme étaient à environ 1DT700, aujourd’hui il faut compter 3DT, soit le double », nous dit-elle.

Autre polémique qui revient à chaque rentrée scolaire, celle de l’approvisionnement suffisant en cahiers subventionnés. Il y a quelques semaines, une rumeur avait circulé selon laquelle ces derniers allaient également subir une hausse vertigineuse. Une information qui a été très vite démentie par les autorités compétentes.

« Les livraisons de cahiers subventionnés nous arrivent en très petite quantité et ils sont très vite pris d’assaut par les clients », nous dit la responsable de la librairie. Pour autant, si leurs tarifs sont nettement moins chers (400 millimes pour un petit format), la qualité laisse à désirer. En effet, en y regardant de plus près les lignes sont très peu lisibles et la qualité du papier très médiocre.

Contacté par téléphone, Ridha Zahrouni, président de l’Association Tunisienne des parents et élèves (ATUPE) a confirmé qu’ils ne subiraient pas de hausse. Mais il insiste sur le fait que l’Etat devra faire le nécessaire afin que les quantités soient suffisamment disponibles et ce sur l’ensemble du territoire, pointant quelques manquements dans certaines régions reculées.

Ridha Zahrouni / Président de l’Association tunisienne des parents et des élèves

Il ajoute également qu’il ne faut pas réduire les dépenses de la rentrée aux simples fournitures scolaires. « Il y a des dépenses autres qui interviennent tout au long de l’année comme le transport, le goûter, et surtout l’étude. Les cours particuliers restent la dépense la plus lourde pour les parents, quand on sait que les tarifs de l’électricité et de l’eau ont explosé ainsi que les produits de premières nécessité », nous dit Mr Zahrouni.

Ainsi, il souligne que le budget des ménages qui était alloué à l’éducation des enfants a été largement diminué à cause de la hausse du prix de la vie. Il affirme aussi que cela se ressent sur les résultats scolaires. « Nous avons constaté de grandes disparités de réussite entre les familles plus ou moins aisées alors que l’école doit normalement être l’endroit où l’égalité des chances doit primer », relève-t-il.

Wissal Ayadi