Tunisie/ Pâtisseries traditionnelles : L’affluence moins importante que d’habitude, le fait-maison prend le dessus !

29-04-2022

A quelques jours de la fin du mois de Ramadan, le compte-à-rebours a démarré pour les préparations en vue de l’Aïd-el-Fitr. L’occasion pour les familles tunisiennes de déguster les pâtisseries traditionnelles, véritables symboles de cette fête.

Faits-maison, ou achetées en boutique, les variétés sont diverses et il y en a pour tous les goûts. Pourtant, en cette période de crise, où l’inflation ne cesse de fragiliser le pouvoir d’achat des Tunisiens, la frénésie acheteuse a nettement diminué.

C’est ce que nous confirme, la vendeuse d’une célèbre boutique de pâtisseries située à l’Ariana.

« D’habitude les carnets de commandes explosent dès la mi-ramadan…aujourd’hui ce n’est pas le cas », nous dit-elle.

Principale raison, les prix affichés. En effet, les tarifs présentés sont exorbitants. Pour un kilo de petites douceurs aux amandes, il faudra débourser 61,500DT et 30DT pour 500g (5 variétés de 5 pièces chacune, soit 25 petits gâteaux).

Pour plus de finesse et de goût il y a les packs qui combinent amandes et noisettes à 64DT le kilo ou 32DT les 500g. Pour un mix entre amandes, pistaches et noisettes, c’est encore plus cher, puisque le kilo est vendu à 72DT.

Mais ce qui coûte le plus cher, c’est bien sur les coffrets à la pistache. Le kilo pour 10 sortes différentes est proposé à plus de 100DT. Une cliente venue acheter ce coffret s’est insurgée de la cherté assurant que l’année passée elle avait acheté le même produit pour 80DT, soit une augmentation de 20DT. « C’est trop sincèrement. Au lieu d’acheter un kilo, je me contenterai de 500g. D’habitude j’envoie un mélange de 500g à mon fils qui vit à l’étranger, cette fois ce sera 250g », déplore-t-elle à la vendeuse.

Cette hausse des prix en boutique est surement due à celle des fruits-secs. A cet égard, nous nous sommes rendus dans une célèbre chaîne de magasins qui propose des fruits-secs en vrac pour les personnes qui souhaitent réaliser leurs pâtisseries à la maison. L’augmentation des prix et significative et rédhibitoire pour les clients, peu nombreux devant les cuves.

Les prix différent selon la qualité. Ainsi, les noisettes sont proposées entre 30 et 35 dinars le kilo, les amendes entre 30 et 50DT, les noix sont proposée à 45DT, les pistaches atteignent les 78DT pour la qualité supérieure et 69DT pour le bas de gamme. La cherté revient aux pignons qui sont vendus entre 125 et 160DT le kilo.

Il est facile de savoir ce qui se vend le plus, en regardant simplement le niveau de remplissage des cuves. Ce sont les fruits secs les moins chers qui sont le plus achetés par les clients.

La vendeuse nous indique que de plus en plus de personnes se rabattent également sur les cacahuètes pour réaliser des pâtisseries qui sont proposées à 12DT le kilo.

Dhouha est femme au foyer et maman de deux enfants. Malgré un salaire mensuel du ménage de 1300DT, elle a fait le choix cette année de diminuer les quantités de pâtisseries qu’elle fera. « A cause la cherté des fruits-secs, j’ai décidé de faire des petits gâteaux simples qui ne nécessitent pas beaucoup de fruits secs, comme la « ghrayba », le « makroudh » et les « griwich ». Pour ce qui est de la « baklawa », je ferai un mélange d’amendes et de cacahuètes, car les noisettes et les pistaches coûtent vraiment trop cher », nous dit-elle.

Encore faut-il trouver les ingrédients de base, qui sont la farine, la semoule et le sucre en pénurie depuis plusieurs semaines malgré les déclarations rassurantes du ministère du Commerce qui garantit un approvisionnement suffisant en vue de la fête de l’Aïd-El-Fitr.

Wissal Ayadi