Ghannouchi évoque Sinan Pacha, Bourguiba et Atatürk pour justifier sa visite en Turquie

16-01-2020

Les députés étaient critiques, hier, envers la visite du président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, en Turquie, samedi dernier, au lendemain de l’échec du gouvernement de Habib Jemli à obtenir la confiance des députés, au cours d’une plénière qui s’est poursuivie vendredi 10 janvier jusqu’à tard dans la nuit.

Discutée l’après-midi après la modification, par le vote, de l’ordre du jour de la plénière, cette visite non annoncée au préalable, a valu une salve de critiques au chef du perchoir qui se serait écarté, selon les intervenants, des usages politiques, devant être respectés en pareilles circonstances.

De nombreux intervenants lui ont demandé de renoncer à l’une de ses deux qualités, soit le président de l’Assemblée, soit le président d’Ennahdha, pour éviter les amalgames.

Les députés du parti destourien libre (PDL) ont, eux, brandi des pancartes appelant à lui retirer la confiance, en sa qualité de président du parlement.

Pas de lien de causalité
Dans sa réponse, Rached Ghannouchi a exclu tout lien de cause à effet entre son déplacement en Turquie et l’issue de la plénière de vote de confiance, avec le rejet du gouvernement Jemli, ajoutant que la date de cette visite a été fixée à l’avance.

Il a souligné que sa visite s’inscrivait dans le cadre de « la diplomatie populaire », signalant en avoir informé le président de la république, Kaïs Saied, qui l’a chargé de transmettre ses salutations au président Recep Tayyip Erdogan.

« Les relations entre la Tunisie et la Turquie sont anciennes et ont pris de l’ampleur après la révolution, car la Turquie a salué la révolution, et ceux qui la gouvernent croient en ses valeurs : liberté, démocratie, multipartisme, et élections transparentes », a-t-il fait valoir.

« Il n’y a jamais eu de problèmes dans les relations tuniso-turques », a affirmé le chef du parlement, revenant à l’époque ottomane, et au rôle de Sinan Pacha, dont une Rue de la capitale porte le nom, « le chef ottoman qui a émancipé la Tunisie, lorsqu’elle était sous occupation espagnole ». Il a encore ajouté que les relations avec la Turquie étaient bonnes, à l’époque de la république, et leur nature était « connue entre Bourguiba et Atatürk ».

Ghannouchi a imputé les critiques qui lui sont adressées à ce sujet à des « considérations idéologiques », dont il faudrait se libérer.

Il a nié tout lien entre sa visite en Turquie et la non-participation de la Tunisie à la conférence de Berlin, qui traduit « la faiblesse de sa diplomatie ».

Il a affirmé qu’il s’était rendu en Turquie « pour inciter à la paix et non pour attiser la guerre, et pour preuve un accord de cessez-le-feu a été annoncé le lendemain sous coparrainage d’Erdgoan et de Poutine ».

Ghannouchi s’est prévalu de ses « fortes et vastes relations avec les protagonistes libyens », signalant que « tous les émissaires onusiens venaient le voir pour en profiter ». Il a affirmé que la Tunisie ne pouvait être « sûre et décoller économiquement », que si la Libye l’est aussi, et qu’il y ait « un fort partenariat » entre les deux pays.

Gnetnews