Grand-Tunis : Prix de l’immobilier à la vente et à la location selon les zones (Enquête)

10-06-2021

La question du logement est devenue un réel obstacle pour les jeunes, qui souhaitent se marier. Avec des prix en flambée que ce soit de la location ou de l’achat, plusieurs ont du mal à trouver des tarifs accessibles d’immobilier, notamment avec la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d’achat.

L’INS a révélé dernièrement que l’indice des prix de l’immobilier (IPIM année de base 2015) a enregistré une augmentation de 7% durant le premier trimestre 2021, par rapport à la même période de l’année précédente. Cette hausse rend l’accès à la propriété, quasiment impossible pour les jeunes, même si ce rêve n’est jamais abandonné.

Selon la même source, les prix des appartements ont enregistré une hausse de 6,7 % (+ 7,7 % comme moyenne enregistrée au cours des six dernières années 2015 – 2020), et ceux des villas 14,4 % (5,1 % en moyenne au cours de la période 2015 – 2020). Le prix des terrains constructibles ont augmenté également de 6,2 % (5,7 % en moyenne pour la période 2015 – 2020).

Afin de voir de près l’impact du prix de l’immobilier sur la demande, notamment celle exprimée par les jeunes, nous nous sommes dirigés vers une agence immobilière de la zone de Tunis, là où nous nous sommes informés sur les fourchettes de prix de location et de vente.

Les tarifs varient d’un quartier à un autre, nous dit d’emblée un commercial.

Des taxes à n’en plus finir

« Pour la location d’un appartement dans les zones d’El Menzeh, Ennasr, Manar, les prix dépendent de l’emplacement, la résidence, et le standing. Mais dans ces quartiers plutôt huppés de la capitale, les habitations sont généralement de haut standing et en flambée, notamment avec l’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ainsi que du droit de consommation sur le marbre et la céramique à 25%, et d’autres matériaux de construction », nous répond-t-il.

«  Il faut compter au minimum 1500 dinars, pour un appart S+3 (entre 120 et 150m²), haut Standing, dans les zones citées. A l’Ariana, les appartements sont moins chers (entre 900dt et 1300 dt). Pour les moyens Standings, un étage de villa ou un appart peuvent être loués à 450 dt en moyenne, dans la même zone ».

« En banlieue sud, les prix de location des appartements sont moins chers.

El Mourouj, Boumhel, Ezzahra, Borj Cedria, sont les zones les plus convoitées pour l’habitation vu le bas prix des appartements et étages de villas. D’autres quartiers du nord, comme la Soukra sont aussi demandés, à l’exemple d’Al Wahat, où l’offre est plutôt attrayante. Un s+3 est à louer dans cette région entre 900dt et 1200dt. Le centre-ville quant à lui, reste la dernière option pour les clients, vu l’étroitesse de ses habitations, l’encombrement, l’absence du chauffage central et d’entretien dans la plupart des vieux immeubles…La plupart fuit aussi les embouteillages de tout instant, ainsi que les bruits nocturnes des restaurants à proximité… ».

« En revanche, la banlieue sud demeure en tête de liste pour ceux qui veulent louer à bas prix, de petites habitations  correctes dans des quartiers résidentiels. L’inconvénient reste celui de la distance, et du transport. Pour les personnes non motorisées, elles seront dans l’obligation de faire plusieurs correspondances en bus pour arriver à leur destination. D’autres préfèrent être plus proches de leurs lieux de travail, qui se trouvent généralement au centre de Tunis et ses alentours, là où sont implantés les entreprises, les sociétés, les ministères, ainsi que toutes les commodités », nous informe-t-il.

Prix du m², variable d’une zone à une autre 

Qu’en est-il des prix des terrains sur le grand Tunis. A notre surprise, certains quartiers semblent inaccessibles, surtout avec la hausse du coût de la construction. S’y ajoute la hausse du taux d’intérêt des emprunts immobiliers variant entre 14 et 15% pour l’achat d’appartement, ce qui est trop cher pour un Tunisien moyen.

« Au gouvernorat de Tunis, le prix du m² varie entre 2000 et 5000dt. La zone la moins chère est La Goulette (2000-2300dt/m²), et la plus chère est Gammarth (4000-5000dt/m²). A la Marsa, le prix du m² va de 2800 à 3500dt, Sidi Bou Said (2800-3500dt), Les Berges du Lac (3000-3500dt), centre urbain nord et cité Mahrajane (2500dt-3000dt).

Au gouvernorat de l’Ariana, Borj Louzir et Ariana Soghra sont les moins chers, le m² y est à 1600/1800dt.

Les terrains les plus chers sont à El Menzeh, Ennasr, Soukra et Ariana Centre (de 2000 à 2500dt/m²).

A la banlieue sud, le prix du terrain à Mégrine est le plus cher (1900-2100dt). A Ben Arous, Boumhel, El Mourouj, Ezzahra, Hammam Lif, et Rades, les prix du m² restent moins chers, ils vont de 1400dt à 1600dt.

Sachant que les jeunes peinent déjà à trouver du travail, il serait évident pour eux de rencontrer des difficultés une fois ils s’engagent à se marier. Plusieurs sont en train d’opter pour d’autres alternatives, comme habiter chez leurs parents les premières années du mariage afin de faire des économies et pouvoir plus tard compter sur eux mêmes pour louer un appartement. D’autres plus chanceux, leurs parents ont pensé à cet avenir plein d’embûches. Ils leur offrent un étage de villa à habiter ou à construire. Car, avec ces temps difficiles, le soutien des proches est devenu indispensable…

C’est le cas de Zied, un jeune trentenaire fiancé depuis une année, qui se sent incapable de franchir le pas du mariage, à  cause d’un budget très limité. « Je gagne un salaire de 1400 dt et ma femme 900dt. Nous avons passé une année à économiser pour pouvoir nous marier. Mais une fois nous sommes arrivés à l’étape du logement, nous avons pris un peu de recul quant aux prix de location. Le problème c’est que nous cherchons un quartier sécurisé, qui ne soit pas loin de notre lieu de travail…Ces conditions se sont avérés trop demandées par rapport au budget de 500dt que nous avons consacré au logement… », nous confie-t-il.

Un autre couple plus aisé, nous a parlé également de sa difficulté de trouver un logement. « Avec la pandémie du Coronavirus, mes revenus ont baissé surtout que je gère un café, qui a été frappé de plein fouet pas mal de fois, à cause du couvre-feu et des confinement successifs », nous indique le mari.

« Je n’arrive plus donc à payer mon loyer de 900dt pour un S+1 à Gammarth, dans une résidence de haut standing. Heureusement que mes parents m’ont offert cet appartement à la Soukra, un héritage qui est arrivé au bon moment, juste quelques mois avant mon mariage ! Sans cela, je ne saurai pas comment j’aurais fait pour trouver un appartement à bas prix qui soit  à la hauteur de mes attentes « , nous dit-il reconnaissant.

Emna Bhira