La solidarité s’organise à travers toute la Tunisie, une action à Bizerte attire grand-monde

07-04-2022

En ce mois saint de Ramadan, les actions de solidarité s’enchaînent dans les quatre coins du pays afin de venir en aide aux plus démunis.

En effet, la pandémie de Covid-19 venue s’ajouter à une situation économique et sociale déjà compliquée a fait augmenter sensiblement la pauvreté en Tunisie.

C’est dans ce sens que de nombreuses associations œuvrent, chaque année, à fournir des repas afin que les plus fragiles puissent rompre le jeûne dignement.

Nous sommes allés à la rencontre des bénévoles de l’Association de sauvegarde de la Médina de Bizerte, qui depuis près d’une semaine ont entamé leur action, en distribuant plus de 300 repas par soir.

Bénévoles

C’est dans la cantine d’un groupe scolaire privé, gracieusement prêté à l’association, que des femmes bénévoles s’affairent dès 10 heures du matin afin de préparer les 300 repas qui seront distribués avant l’appel à la prière d’El Maghreb, marquant la rupture de jeûne. Elles élaborent une menu complet comprenant une entrée et un plat ainsi que le nécessaire pour le « S’hour ». Ce jour ce sera salade composée, tartelette salée, spaghettis bolognaise, pain, cake au chocolat et un paquet de lait.

Repas distribué

A partir de 15h30, d’autres bénévoles viennent remplir leurs voitures afin de commencer leur tournée de distribution. Mohsen Terzi est l’un d’entre eux. Il est salarié de l’école et n’a pas hésité à soutenir cette action… Selon lui, la situation est de plus plus difficile chaque année. « Cette année le nombre de demandes à doublé voire triplé. Avant ces personnes n’insistaient pas vraiment pour être aidées. Si on leur donnait c’était tant mieux, mais sans plus. Aujourd’hui, ils exigent d’avoir un repas chaque soir car ils ont faim. Ils n’ont plus les moyens de faire des provisions, même pour des repas simples, tellement le coût de la vie est devenu élevé », déplore-t-il.

Deux systèmes de distribution ont été mis en place. Certaines familles qui ne peuvent pas se déplacer, qui sont en mobilité réduite, ou malades sont livrées à domicile. Ils représentent la moitié des repas.

Pour les autres, un point fixe leur a été mis à disposition en plein cœur de la médina, dans les locaux de l’Aquarium de Sidi Henni. « Nous avons choisi cet endroit car il se situe dans un petite ruelle à l’écart pour plus de discrétion. Nous n’organisons pas de repas collectifs car nous insistons sur le fait que ces gens là puissent garder leur dignité en mangeant un repas complet, équilibré et dignement chez eux, à l’abri des regards », explique Sana Moknine, Vice-présidente de l’Association de sauvegarde de la Médina de Bizerte.

Bénéficiaires qui récupèrent leurs repas

Pour une meilleure efficacité de l’action, l’association dispose d’une liste de personnes bien identifiées comme étant en difficulté. « Cette liste est systématiquement remise à jour afin de recenser les personnes qui sont décédées par exemple ou dont la situation s’est améliorée. Nous demandons une preuve de leur identité afin qu’il n’y ait pas d’erreur », indique Mme Moknine.

Cette dernière fait également le constat affligeant du nombre croissant de demandeurs. « Cette année particulièrement nous avons été assaillis de demandes en raison de la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens », nous dit-elle.

Ce jour là, les bénévoles de l’Association ont du rajouter une dizaine de personnes supplémentaires sur la liste…et selon eux « c’est tous les jours comme cela ».

Liste des bénéficiaires

Afin de pouvoir venir en aide à un maximum de personnes, de nombreuses entreprises, hommes d’affaires et commerçants ont fait des dons. « Pour le pain, par exemple, c’est une boulangerie de la ville qui fait don chaque jour de centaines de baguettes », souligne Sana Maknine. Pour autant, l’ASMB appelle encore les Bizertins à faire preuve de générosité afin d’augmenter les aides.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus un reportage vidéo consacré à cette action.

Wissal Ayadi