Intelligence Artificielle en Tunisie : Un important potentiel qui reste inexploité !

15-11-2019

L’Université de Tunis-El Manar a organisé ce vendredi 15 novembre la 4ème journée scientifique ayant pour thème l’Intelligence Artificielle. Un évènement organisé en partenariat avec l’UTICA. L’occasion pour les jeunes chercheurs et les entreprises de se rencontrer afin de partager leurs expériences. L’objectif est de valoriser les résultats des recherches autour de l’IA afin de les adapter au contexte socio-économique.

L’intelligence artificielle ou plus communément appelée l’IA est devenue, au fil des années avec le développement de l’innovation, un phénomène social plus que technologique. En effet, elle prend de plus en plus de place dans nos vies et notre quotidien. On retrouve l’IA dans le secteur bancaire, la santé, l’agriculture, l’éducation, les transports ou encore la grande distribution.

l’Intelligence Artificielle se pose comme étant un éventuel levier de croissance et de développement pour la Tunisie.

«Développer l’IA peut apporter beaucoup à l’employabilité et à la création d’emplois et peut constituer une solution pour lutter contre la crise économique que subit notre pays », affirme Said Agrebi, CEO de la société tunisienne Yobitrust, spécialisée dans la création de solutions algorithmiques basées sur l’Intelligence artificielle et agissant notamment dans le secteur de la cybersécurité. Il ajoute par ailleurs « qu’il y a une demande de la part des entreprises tunisiennes ».

De nombreux ingénieurs et chercheurs tunisiens ont brillé à travers le monde dans le domaine de l’IA… tous ont été contraints de quitter la Tunisie pour développer leurs concepts dans des laboratoires étrangers, faute de d’opportunités et de moyens en Tunisie.

« Pour développer l’IA, encore faut-il avoir une vision nationale et globale », déplore le Professeur Jelel Ezzine, titulaire d’une chaire UNESCO sur les technologies et l’innovation, fustigeant l’inaction du gouvernement dans ce domaine. « Le potentiel humain est là mais il n’est pas exploité », ajoute-t-il. Il explique que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle essentiel dans la redynamisation de l’industrie tunisienne, en perte de vitesse depuis 2010.

L’universitaire a conclu en disant qu’un plan d’action avait été élaboré afin de développer l’IA en Tunisie. « Mais pour avancer nous avons besoin de financement ». Ce plan d’action mentionne notamment le partenariat indispensable, selon lui, entre l’Etat, les industriels et les universités.

Said Agrebi a de son côté affirmé que « l’Etat doit devenir le premier client de l’intelligence artificielle. Nous nous devons de créer un produit tunisien et nous avons les capacités». En effet, dans les pays du G7, où l’investissement dans l’IA est de plus en plus conséquent, les outils qu’offre cette technologie servent notamment dans le domaine militaire. Ainsi, des sous-marins ou encore des avions de chasse intelligents ont été pensés. Grâce à la technologie des algorithmes mathématiques, un Etat pourra aussi lutter contre les cyber-attaques.

Autre secteur dans lequel l’intelligence artificielle peut agir, celui des neurosciences. L’accroissement des maladies neurologiques telles que Alzheimer ou les dépressions peuvent être détectées plus tôt grâce à l’IA. Agrebi a fait également référence à une étude menée selon laquelle le recours à l’intelligence artificielle pourrait faire diminuer la facture du ministère de la santé de 30%.

La Tunisie  semble disposer de tous les atouts pour être le hub de l’Afrique et de la région MENA en matière d’IA. A cet égard, le dernier rapport sur le degré de maturité des gouvernements en matière d’IA le confirme. En effet, la fondation « Oxford Insights » et le Centre de recherches pour le développement international ont publié l’édition 2019 de « Government AI readiness Index « . Cet indice montre à quel point les gouvernements du monde entier sont prêts à tirer partie des avantages de l’IA. L’indice couvre 194 pays et territoires et les classe en fonction de leur état de préparation pour utiliser l’IA dans la prestation de services publics. La Tunisie y est présente à la 54ème place.

Wissal Ayadi